Kuujjuaq

Village nordique de Kuujjuaq dans la région du Nunavik 

Le village nordique de Kuujjuaq, constitué civilement le 29 décembre 1979, regroupe plus de 2200 Kuujjuamiuq (ainsi nomme-t-on les résidents du village). Près de 90% des habitants sont des Inuits. Kuujjuaq se déploie le long de la majestueuse rivière Koksoak, à 50 kilomètres en amont de la Baie d’Ungava. Le nom du village se traduit d’ailleurs comme «la grande rivière».

Le village recouvre plus de 390 kilomètres carrés et fait partie du Nunavik, dont il est le centre administratif et le siège de l’Administration régionale Kativik, qui administre la vaste région du Nunavik.

Notons aussi qu’il existe une autre unité administrative, soit la Terre réservée inuit adjacente au village, mais dont la population est calculée avec celle du village.

Les premiers contacts des Inuits avec les Européens datent des débuts du XVIIIe siècle. C’est en août 1811 que le frère Benjamin Kohlmeister et le frère George Kmoch, représentants de l’Ordre Morave, arrivent dans un camp inuit sur la rive est de la rivière Koksoak, près du village actuel. Les religieux s’y établissent afin de convertir les Esquimaux, comme on les appelle à l’époque, au christianisme. Un petit village se développe et reçoit l’appellation de Fort Chimo après que la Compagnie de la Baie d’Hudson y ait construit un poste de traite en 1830. Le mot Chimo est une variante du mot inuktitut Saimuk, qui signifie en français «serrons-nous la main».

Le poste de traite des fourrures ferme ses portes en 1842, mais il est rouvert en 1866. Plusieurs Inuits, Montagnais et Naskapis venaient y échanger des fourrures contre diverses marchandises.

Les premiers résidents permanents s’établissent sur le territoire en 1942, quand les Américains y érigent une base militaire pour assurer la défense du nord du continent contre les éventuelles incursions des sous-marins allemands. La présence de cette base, connue sous le nom de Crystal-1, a pour effet d’accélérer le développement du village. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis cèdent la base au gouvernement canadien. Une mission catholique y est fondée en 1948, puis une école, un petit centre de soins et une station météorologique y sont construits. Comme Kuujjuaq dispose des deux pistes d’atterrissage et des installations de l’ancienne base aérienne, le village devient la plaque tournante du transport au Nunavik.

Aéroport de Kuujjuaq
Aéroport de Kuujjuaq, Copyright © Gilles Boutin, site Web banditdenuit.com.

Aujourd’hui, les résidents du village intègrent à leur quotidien deux modes de vie différents. Effectivement, tout en continuant de pratiquer les activités de subsistance traditionnelles comme la chasse et la pêche, ils subissent l’influence du monde moderne, avec ses avantages et ses inconvénients. Aujourd’hui, Kuujjuaq dispose d’un centre des congrès de 500 places, du Centre de santé Tulattavik de l’Ungava, d’hôtels, de restaurants, d’un bar pourvu d’une piste de danse, ainsi que de plusieurs magasins et d’une banque.

Les visiteurs peuvent donc découvrir un village bourdonnant d’activités. À Kuujjuaq siègent d’ailleurs de nombreux organismes régionaux, dont la Société Makivik (organisme représentant les intérêts des Inuits auprès des gouvernements québécois et canadien), l’Administration régionale Kativik, le Conseil régional de développement Kativik (connu sous le nom de Katutjiniq), la Régie régionale de la santé, les services sociaux du Nunavik et le Centre de recherche du Nunavik.

Pendant les mois d’août et de septembre, les visiteurs, accompagnés d’un guide, peuvent se rendre sur les vastes étendue fréquentées par d’immenses troupeaux de caribous lors de leurs migrations saisonnières vers la rivière George.

L’Aqapik Jam Festival, un rendez-vous annuel de musique, a lieu vers la mi-août. Cette fête attire de nombreux touristes provenant d’aussi loin que le Groenland. On peut y entendre des chants de gorge traditionnels, du tambour, du heavy métal, de la musique country et du gospel.

Au printemps est organisé un concours de pêche du poisson le plus gros et le plus lourd. Les participants doivent pêcher à la dandinette (pêche particulière au cours de laquelle un leurre, fixé au bout de la ligne et fortement lestés, est constamment remué pour attirer le poisson), sur la glace d’un lac. C’est une excellente occasion pour prendre un touladi, aussi appelé truite grise, truite de lac ou omble gris. Pendant le congé de Pâques, pour célébrer l’arrivée du printemps, on peut assister à une course de motoneiges qui remporte toujours un vif succès.

Les promenades en traîneau à chiens font partie des activités préférées des touristes en hiver. Pendant l’été, il est possible de faire des excursions en bateau. Le camping, la chasse et la pêche attirent également de plus en plus de vacanciers.

Inukshuk à Kuujjuaq
Inukshuk, Copyright © Gilles Boutin, site Web banditdenuit.com.

Une curieuse tradition s’est établie au village depuis les années 1970: le jour de Noël, une pluie de bonbons tombe sur Kuujjuaq. C’est Johnny May, un pilote de Kuujjuaq bien connu de tous, qui a largué pour la première fois une grande quantité de bonbons sur le centre-ville. Depuis, chaque année, les habitants se rassemblent et attendent l’avion qui survole la foule en larguant ses cadeaux.

Notons finalement que depuis 1980 on trouve dans les environs du village des troupeaux de bœufs musqués élevés et relâchés dans la région de la baie d’Ungava. Il est possible de faire une expédition en motoneige avec un guide de la région et de voir ces magnifiques animaux à environ une trentaine de milles de Kuujjuaq.

Le Plateau Akuliaq, répertorié sur les cartes géographiques depuis 1983, est une vaste pointe de terre aux versants raides qui précède immédiatement le point de confluence de la rivière Arnaud et de la rivière Lepellé, son affluent de la rive gauche, à quelques 150 km à l’ouest de la baie d’Ungava. Observé des airs, il rappelle la forme d’un triangle haut de 5 kilomètres et dont la base mesure le double. Il culmine à 264 mètres. Akuliaq est un nom inuit descriptif. Au sens propre, il signifie entre les deux yeux, ce qui, dans le contexte topographique, veut dire la terre entre les rivières ou encore la pointe entre les cours d’eau.

Lac Natuak

Ce lac d’Ungava, situé à quelque 225 km au sud-ouest de Kuujjuaq, représente en réalité un vaste élargissement de la rivière aux Mélèzes. Il est long de 25 km, large d’entre 400 m et 2 km et couvre 34 km carrés de superficie. À cet endroit la rivière, dont le cours est entrecoupé ailleurs d’une kyrielle de rapides, prend l’aspect d’une nappe d’eau tranquille. Cette apparence d’immobilité a été pour certains à l’origine du nom du lac de même que de celui du segment de la rivière aux Mélèzes en amont du lac Natuk. On a ainsi vu dans Natuacami, une variante graphique plus ancienne que Natuak, un terme algonquin signifiant “à l’eau morte”. Incidemment, il faut noter qu’au début du XXe siècle, l’hydronyme Stillwater River, la rivière à L’eau morte, désignait toute cette partie de la rivière aux Mélèzes comprise en amont du ;ac Natuak, comme l’illustre la carte du district d’Ungava contenue dans le neuvième rapport de la Commission de géographie préparé par James White (1911) À cette époque, le nom de Larch River, c’est-à-dire la rivière aux Mélèzes, ne s’appliquait qu’à la partie de la rivière située entre ses confluents avec les rivières Du Gué et Caniapiscau.

On connaît également les graphies Natuagan, Natuakam et Natuakami, cette dernière figurant dans le rapport de White. Plus récemment, une enquête menée auprès des Naskapis de Schefferville, en 1979, a révélé que ceux-ci appelaient ce lac Natwakami, qui veut dire grand lac riverain.. De leur côté, les Inuits d’aujourd’hui le nomment Kuujjuap Tasigulua, c’est-à-dire « le petit lac de la grande rivière ». Le nom Lac Natuacami a paru sur le feuillet nord-ouest de la carte de la province de Québec publiée en 1946 par le département des Terres et Forêts. C’est dix ans plus tard que la Commission de géographie du Québec a accepté le nom Lac Natuak, inchangé depuis.

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