Justice en Nouvelle-France en 1669

La justice en Nouvelle-France en 1669 : le 21 janvier 1669 : Viol ou adultère?

Marie Chauvet est catégorique : elle se dit victime d’un viol et, avec son mari, Pierre Fayon, elle porte des accusations contre Pierre Vivier et Étienne Roy.

L’enquête menée conclut qu’il ne s’agit nullement d’un viol et la preuve est faite « qu’il n’a eu aucune violence de la part dudit Vivier ». Étienne Roy est aussi interrogé et c’est lui qui dévoile la vraie histoire : Chauvet a tout simplement essayé de faire porter tout le blâme contre ses deux amants pour se sortir de sa situation délicate.

On déclare « lesdits Pierre Vivier, Étienne Roy et Marie Chauvet dûment atteints et convaincus du crime d’adultère ». Chauvet est condamnée « à être rasée et battue de verges par les carrefours ordinaires de cette ville et ensuite enfermée dans un lieu sûr pour y demeurer ».

Vivier et Roy sont condamnés à « tenir pendant huit jours prison, les fers aux pieds, au pain et à l’eau ». Chacun doit payer quinze livres d’amende au mari cocu et dix livres à l’hôpital.

Chauvet épouse Pierre Fayon le 16 août 1668; au moment du procès, elle est donc une jeune mariée. Demeurant à Charlesbourg, ce couple aura neuf enfants. Arrivé en 1665, Fayon est un soldat du régiment de Carignan.

Natif de la Vendée, Pierre Vivier épouse Marguerite Roy à Québec, en février 1665; habitant Charlesbourg, ce couple aura onze enfants.

Résidant du même lieu et exerçant le métier de maçon, Étienne Roy est célibataire lors du procès ; le 26 août 1669, il épousera Marguerite Navarre.

Le 11 mars 1669 : Deux langues de vipère

Michel Riffaut n’aime pas qu’on raconte des insanités à propos de son épouse ni qu’on s’en prenne physiquement à elle. En conséquence, il demande que les deux sœurs Deschalets, Claude et Madelaine, soient jugées et condamnées.

Les faits reprochés aux jumelles sont arrivés à bord du navire les amenant en Nouvelle-France. La cour les juge coupables d’avoir colporté la rumeur que Françoise Leclerc, qualifiée de « putain », aurait accouché d’un enfant à bord du bateau et s’en serait débarrassé. Les Deschalets doivent se rendre au tribunal et, en présence de Riffaut, de Françoise Leclerc et de quelques témoins choisis par la victime, devront reconnaître « que témérairement, malicieusement et faussement, elles ont accusé la dite femme lui demander pardon et déclarer qu’elles la reconnaissent pour femme de bien et d’honneur ». L’amende est de deux minots de blé destinés à Riffaut et un autre minot aux pauvres de l’hôpital.

Né en Vendée, Michel Riffaut épouse Françoise Leclerc le 27 août 1668, à Québec; lors du procès, il a vingt-cinq ans.

Native aussi de Vendée, Madeleine Deschalets épouse Jean Giron à Québec, le 3 septembre 1668. Décédée en 1708, elle n’a que dix-huit ans lors du procès.

Sœur jumelle de Madeleine, Claude Deschalets épouse Simon Roy le 3 septembre 1668, à Québec. Elle aura neuf enfants et décédera à Charlesbourg en 1691.

Le 25 juin 1669 : Le beau-père est dans le pétrin

en 1669, Marie Bourgois vit une période vraiment pénible. Abandonnée, sans ressources, elle n’a pas d’autre issue que de poursuivre son beau-père, Robert Anet.

En juin 1669, Marie porte un enfant, mais sa vie conjugale ne fonctionne plus. Robert Anet, son beau-père, lui trouve une famille d’accueil et la place chez Jean Levasseur « afin d’y prendre ses nourritures ». Il serait « convenu avec ledit Levasseur pour la nourrir et alimenter autant que besoin jusqu’à ce qu’elle fût accouchée ». Menuisier et huissier du Conseil, Levasseur est marié avec Marguerite Richard; la famille compte dix enfants.

Marie veut rapidement de l’aide, car son beau-père n’aurait pas tenu sa promesse de payer à Levasseur tous les frais de subsistance de sa belle-fille. Elle plaide qu’elle est « une pauvre femme qui a quitté son père et ses parents pour venir en ce pays espérant d’y vivre selon Dieu et raison, ce qu’elle ne peut faire à cause de leurs mauvaises humeurs (du mari et du beau-père), déclarant qu’elle est prête d’accoucher et qu’elle n’a en ce pays aucun parent, ni ami, ni de quoi subsister ».

Le tribunal vient au secours de la future mère et condamne « ledit Anet à payer à Jean Levasseur la somme de 90 livres pour 5 mois de pension à Marie Bourgeois, sa bru, comme aussi de payer par provision audit Levasseur la pension de ladite Bourgeois à raison de 18 livres par mois jusqu’après son accouchement et qu’elle soit en état de retourner à son habitation ».

Le 8 septembre 1669, Marie accouche d’un fils Charles, qui décède le 12 décembre suivant.

Née en Seine-Maritime, Marie Bourgeois épouse Jacques Anet le 2 juin 1668. Ce mariage tourne rapidement à l’échec, car la séparation du couple est officiellement enregistrée le 26 octobre 1671.

Le 8 juillet 1669 : Victime d’un duel

Le drame se produit à Trois-Rivières. François Blanche dit Langevin et Daniel Lemaire dit Desroches sont deux soldats affectés à la garnison trifluvienne. Leur relation tourne au vinaigre et se termine dans un bain de sang. François Blanche est accusé « de s’être battu et d’avoir tué en duel Daniel Lemaire ». À l’époque, il n’est pas rare de provoquer un opposant en duel pour régler un conflit, ce qui constitue néanmoins un acte criminel grave.

Déclaré coupable, Blanche est condamné à « être pendu et étranglé jusqu’à ce que mort s’ensuive ». Après sa mort, « le poing droit lui sera coupé et attaché à un poteau sur le cap Diamant »; on confisque tous ses biens.

Le greffier du Conseil se rend à la prison du château Saint-Louis pour lire la sentence à François Blanche. La pendaison est faite par « l’exécuteur de la haute justice ledit jour (8 juillet), à trois heures après midi ».

22 juillet 1669 : Des injures atroces

Anne Tavernier considère que René Rhéaume a dépassé les bornes et elle le poursuit pour diffamation.

Ce Rhéaume est accusé « d’avoir dit des injures atroces contre l’honneur de ladite Tavernier »; le texte du jugement ne donne toutefois pas plus de détails. Déclaré coupable, l’accusé est obligé de comparaître « en la chambre du Conseil et, là, en présence de telles personnes que ladite Tavernier voudra choisir, reconnaître, à genoux, que témérairement et faussement il a proféré contre elle les injures, lui demander pardon, la reconnaissant pour femme de bien et d’honneur ». L’amende de trois livres ira garnir les coffres de l’hôpital.

Tavernier épouse Robert Mosion dit Larouche le 15 mai 1666; son mari est maître tailleur.

Natif de Charente-Maritime, René Rhéaume, charpentier, épouse Marie Chevreau à Sillery, le 29 octobre 1665; le couple aura treize enfants. Lors du procès, Rhéaume est âgé de 27 ans.

Le 19 août 1669 : Un violeur d’enfants

Une enquête criminelle a lieu quand Nicolas Leroy et Jeanne Lelièvre déposent une plainte contre un individu de la côte de Beaupré, Jacques Nourry. Il est accusé d’avoir violé « Marie Leroy, leur fille, âgée de quatre ans et demi ».

Daté du 9 août 1669, le rapport d’enquête, en plus de la plainte, contient la déposition de la victime. L’accusé est par la suite confronté aux révélations d’un médecin qui a rencontré et examiné la jeune victime. Une seconde fois, Nourry est invité à commenter les données d’un « autre rapport de deux chirurgiens qui auraient visité une seconde fois ladite fille ».

La cour conclut que Jacques Nourry est coupable d’avoir violé Marie Leroy. La sentence réservée à ce prédateur sexuel est celle-ci : « Être pendu et étranglé à une potence et ensuite son corps traîné à la voirie (dépotoir) après que la tête en aura été séparée pour être mise sur un poteau. »

Les biens de Nourry seront saisis en vendus; une somme de trois cents livres ira à la victime. Le 19 août 1669, vers trois heures de l’après-midi, le bourreau exécute Nourry.

En Normandie, en février 1658, Nicolas Roy épouse Jeann Lelièvre. Arrivé ici en 1662, le couple habite à L’Ange-Gardien au moment du crime. Troisième enfant de la famille, Marie-Jeanne naît 15 août 1664 et, en 1679, elle épousera Jean Gaudreau.

Originaire aussi de Normandie, Jacques Nourry est un célibataire, âgé de trente et un ans en 1669, qui habite la côte de Beaupré.

Le 2 décembre 1669 : Un vol chez l’employeur

Louis Sédillot se fait voler la rondelette somme de trois cents livres. Cet employeur soupçonne sérieusement « son serviteur domestique », Jean Comperon.

La cour déclare Comperon coupable d’avoir commis ce vol, et ce jeune délinquant « est battu de verges par les carrefours ordinaires de cette ville ». Pour rembourser son employeur, « il sera tenu de servir par force pendant cinq années ledit Sédillot ».

À Paris, vers 1633, Louis Sédillot épouse Marie Grimault; lors du vol, Sédillot a 69 ans.

Natif de Charente-Maritime, Jean Comperon épouse Marie Galbrun le 20 mai 1680, à Trois-Rivières. Au moment du procès, Comperon n’a que douze ans.

Tire du livre : Guy Giguère, La Scandaleuse Nouvelle-France, histoires scabreuses et peu édifiantes de nos ancêtres, 1958.

Voir aussi :

Justice en Nouvelle-France 1669 victime d'un viol
Route dans le rang. Photo: Histoire-du-Quebec.ca.

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