Jonquière, note historique
Le 18 avril 1685, Catherine de Bonnes, épouse de Jean de Taffanel de la Jonquière, mit au monde un garçon, baptisé Jacques-Pierre. Les auteurs ne s’entende toutefois pas sur le lieu de naissance de cet enfant. Certains le situent au château de Lasgraïsses, près d’Albi, ville dans laquelle s’établit la famille Taffanel vers la fin du XVIe siècle. Quoi qu’il en soit, la petite commune de Jonquières, qui aurait été intégrée au patrimoine foncier des Taffanel au XVIIe siècle, se trouve aujourd’hui dans le département du Tarn, à quelque 20 km au sud-est de Graulhet et à environ 25 km au sud-est de Lasgraïsses ; son nom désigne un lieu planté de jonc. Jacques-Pierre de Taffanel, marquis de la Jonquière, entreprit une brillante carrière dans la marine royale dès l’âge de 12 ans, participant à plusieurs campagnes, notamment en Méditerranée, au Brésil et sur la côte occidentale de l’Amérique espagnole.
Promu capitaine de vaisseau en 1731, puis chef d’escadre en 1746, il devint, la même année, gouverneur général de la Nouvelle-France. Il ne put cependant assumer cette fonction avant 1749, ayant été blessé et capturé par les Anglais lors d’une bataille navale à l’ouest de l’Espagne. Libéré à la signature du traité d’Aix-la-Chapelle, en 1748, il débarque à Québec le 14 août 1749, relevant par le fait même le gouverneur par intérim, Michel Barrin de La Galissonière.
La Jonquière tenta de poursuivre la politique de son prédécesseur, surtout celle concernant les nations amérindiennes et l’occupation du territoire, au moyen d’une chaîne de forts reliant le Canada à la Louisiane. Ainsi, au printemps de 1750, il envoya Pierre Robineau de Portneuf construire le poste de Toronto, sur la rive ouest du lac Ontario. La Jonquière s’associa avec l’intendant de la colonie, François Bigot, dans une série d’opérations commerciales. Toutefois, cela fut fatal à sa réputation puisque, plusieurs années après sa mort, survenue à Québec le 17 mars 1752, on lu reprochait son avarice, son avidité et d’avoir aidé, peut-être par négligence, à la mis en place d’un système de malversations au profit d’administrateurs proches de lui et au détriment de la Couronne.
Ces accusations, vraisemblablement excessives, n’ont cependant pas empêché que l’on donne le nom de ce gentilhomme du sud de la France à une ville du Saguenay-Lac-Saint-Jean, sise à une quarantaine de kilomètres à l’est du lac Saint-Jean et immédiatement à l’ouest de Chicoutimi. Les premiers colons à s’établir sur le territoire de ce qui deviendra la ville de Jonquière arrivèrent en 1847.
Le lieu choisi fut d’abord appelé Rivière-au-Sable, selon l’ancienne graphie du nom de la rivière aux Sables qui, aujourd’hui, traverse l’agglomération avant de se jeter dans le Saguenay. Puis, en 1866, naissait la municipalité de Jonquière, reprenant le nom du canton, érigé en 1850, dans laquelle elle se trouvait.
Devenue ville en 1912, Jonquière fusionna en 1975 avec Kénogami, Arvida et Saint-Dominique-de-Jonquières pour ne former qu’une seule ville, comptant de nos jours plus de 60 000 habitants et dont la vocation se veut surtout industrielle.
En 1939, Arvida, maintenant secteur de Jonquière, occupait d’ailleurs la première place mondiale dans la production d’aluminium. La ville se tient aujourd’hui au troisième rang et mérite toujours son titre de Capitale de l’aluminium. Les Jonquiérois et les visiteurs peuvent admirer et même emprunter un pont d’aluminium, unique structure du genre au monde, qui enjambe la rivière Saguenay depuis 1950 pour relier les villes de Jonquière et de Shipshaw. L’économie de Jonquière repose également sur l’industrie des pâtes et papiers, sur les services et le tourisme. Outre une ville et le canton dans lequel elle se trouve, le toponyme Jonquière désigne une circonscription électorale et des voies de communication dans les villes de Québec, Trois-Rivières, Sainte-Foy et Gatineau.
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Très intéressant.
J’ai adoré lire ce texte nous racontant les origines de la ville de Jonquière.
C’est apprécié.
Merci.