Les Jeux olympiques de Montréal sont sauvés
La fête sportive se sauve, mais les Chinois n’y seront pas
Les Jeux olympiques de Montréal sont sauvés! Ils débuteront à la date prévue, samedi le 17 juillet 1976, mais les athlètes de la République de Chine n’y participeront pas en signe de protestation contre l’attitude du Canada et de la commission exécutive du Comité international olympique qui a décidé, le 11 juillet 1976, de laisser les Jeux se dérouler.
Cette décision de la commission exécutive du CIO doit cependant attendre. Une majorité simple des membres du CIO la devra entériner lors de la 78e session mardi à Montréal.
« Nous avons décidé de ne pas annuler les Jeux de Montréal parce que trop de monde en aurait souffert ». Cela a indiqué le président du CIO, Lord Killanin. Il faisait référence aux athlètes de plus d’une centaine de pays qui se sont préparés, durant plusieurs années, à ce grand rassemblement de la jeunesse du monde ainsi qu’à la ville de Montréal et à l’Association olympique canadienne qui ont rempli leurs engagements.
*
La commission exécutive du CIO a néanmoins condamné l’attitude d’Ottawa qui aurait violé les accords donnés au Comité international olympique par lettre du 28 novembre 1969 et signée par M. Mitchell Sharp, ex-secrétaire d’État aux affaires extérieures.
Le maire Jean Drapeau est d’ailleurs venu témoigner samedi après-midi à la commission consultative à l’effet que les accords donnés par le Canada en 1969 ne comportaient aucune restriction envers la République de chine. L’Association olympique avait fait de même quelques jours auparavant.
Aussi, fort de ces appuis, la commission exécutive a lancé un dernier appel solennel au gouvernement canadien afin qu’il révise son attitude et lui fait endosser l’entière responsabilité pour toute atteinte dont le mouvement olympique pourrait avoir à souffrir.
*
Depuis son arrivée en terre canadienne le 5 juillet, Lord Killanin a consacré tout son temps à tenter e régler cette épineuse question de l’admission des athlètes de Taiwan. Devant l’échec de la médiation, il a eu hier soir cette réflexion : « Je pense que le monde entier en a assez de la politique ». Malgré cette situation, Lord Killanin n’a pas l’intention de démissionner, il va continuer à se battre pour le mouvement olympique, « même si je dois avoir un œil au beurre noir ».
Avec les huit autres membres de la commission exécutive, Lord Killanin avait pourtant présenté une formule de compromis qui se résumait aux points suivants : on désignerait la délégation de la République de Chine sous l’appellation de Taïwan, comme à Rome en 1960, les athlètes défileraient sous le drapeau olympique et participeraient à titre d’invités du CIO.
La délégation de Taïwan a rejeté toutes ces propositions au cours des négociations qui se sont déroulées au cours du week-end à l’Hôtel Reine-Élizabeth de Montréal.
« La décision canadienne de ne pas accepter le drapeau et l’hymne national de la délégation de Taïwan constitue un précédent dangereux car jamais auparavant un pays n’a remis en question de tels symboles qui relèvent ordinairement du Comité national olympique du pays représenté au CIO, a dit Lord Killanin.
(C’est arrivé le 11 juillet 1976).
Pour en apprendre plus :