Les Jésuites en Nouvelle-France

Les Jésuites en Nouvelle-France

La Compagnie de Jésus a été fondée à Rome en 1540, par le Basque espagnol Ignace de Loyola, pour combattre « les hérésies protestantes » (doctrines condamnées par l’Église catholique).

Les premiers religieux à venir en Amérique française sont des Jésuites. C’est en 1625 qu’ils arrivent en Nouvelle-France, mais ils sont présents en Acadie depuis 1611, où ils s’installent et inaugurent leurs missions, sous la protection de Marie de Médicis, veuve de Henry IV.

Avec beaucoup d’abnégation, ces « soldats de Dieu », dan leur robe noire, parcourent le continent américain pour l’arracher au paganisme. Suivant l’exemple de leur patron, le saint Ignace, les Jésuites mettent l’accent sur la pédagogie, la transmission du savoir (hygiène, calcul, technologies européennes, etc.). Ils valorisent le théâtre. Leurs méthodes de conversion préconisées sont axés sur la peur de l’enfer.

À Québec, les Jésuites érigent en 1626 leur première résidence le long de la rivière Saint-Charles (certains historiens pensent que c’est à cet endroit que Jacques Cartier et ses compagnons avaient passé l’hiver 1535-36).

En 1637, les Jésuites établissent une mission à quelques kilomètres à l’ouest de la ville de Québec et ils érigent un mur de fortification avec trois tours.

En Nouvelle-France, les Jésuites desservent la paroisse de Notre–Dame-de-Québec jusqu’en 1664, celle de la Ville–Marie jusqu’en 1657, et enfin celle de Trois-Rivières jusqu’en 1760, c’est-à-dire jusqu’à la fin de la Nouvelle-France.

Les jésuites portèrent également la foi catholique au cœur des territoires autochtones, ce qui n’était pas sans provoquer des réactions variées et un certain mécontentement, bien compréhensible, de la part des Amérindiens.

Les Relations des Jésuites rappellent ainsi un épisode regrettable sur les rapports parfois conflictuels qu’entretiennent les indiens et les prêtres missionnaires:

«…Dans le plus fort de ces tourments, celui-ci levait les yeux au ciel, joignant les mains de fois à autres, et jetant des soupirs à Dieu qu’il évoquait à son secours.

Il avait reçu un coup de hache sur l’oreille gauche, qu’ils lui avoient enfoncé jusque dans le cerveau …. Nous ne vîmes aucune partie de son corps, depuis les pieds jusqu’à la tête qui n’eut été grillé, et dans laquelle il n’eut été brûlé tout vif, même les lieux où ces pieds avaient fourré des charbons ardents..

Certains jésuites préfèrent donc entreprendre des explorations de ces nouvelles terres. Ainsi le père Charles Albanel découvre la baie d’Hudson, le père Marquette, accompagné de Jolliet (Joliette), découvre le Mississippi et le père De Quen est le premier Européen à voir le lac Saint-Jean.

Fins observateurs et excellents voyageurs, les Jésuites nous ont laissé une documentation ethnologique de première main sur les us et coutumes des Amérindiens avant leur acculturation (c’est-à-dire avant la perte de leur véritable identité culturelle).

La source de renseignements la plus remarquable par sa richesse documentaire, sa continuité et son assiduité reste les Relations. En effet, entre 1632 et 1672, des Jésuites ont rédigé des rapports annuels décrivant les différents événements de la Nouvelle-France et les ont ensuite envoyés à leurs supérieurs.

Si la conversion des « Sauvages », longtemps exaltée par le Canada français, est un échec total, elle a des retombées ethnologiques inattendues et aujourd’hui encore les Relations des Jésuites retiennent notre attention.

Les Jésuites et les Récollets (Franciscaines réformés portant la bure grise) se font concurrence en Nouvelle-France. Les Jésuites ont plus d’influence surtout grâce aux Relations, ces publications qui ont permis à cet ordre religieux de mettre en perspective l’histoire du Canada. Conscients de cette compétition entre ordres rivaux, les relations passent sous silence l’œuvre missionnaire des Récollets (pourtant ces derniers se sont établis dans la vallée du Saint-Laurent dix années avant les Jésuites).

J.suites : mission jésuite
Mission jésuite de Sainte-Marie-au-Pays-des-Hurons, en Ontario. Photo : © Histoire du Québec.ca.

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