Les roi Jean le Bon, Philippe VI et leur règnes
Jean le Bon (1350 – 1364) et son règne
Le roi Jean le Bon : L’épidémie de peste de 1348 va se charger de pacifier les esprits pour plusieurs années. Le conflit ne reprend qu’à l’automne 1355, avec l’arrivée à Bordeaux du fils d’Édouard III, surnommé le Prince Noir. Désireux d’affermir son pouvoir, il sème terreur dans les régions fidèles au roi de France : il prend villes et châteaux, pille, brûle, assassine en Armagnac, Comminges, Languedoc, évitant les longs sièges et les trop forts détachements français. La « chevauchée » ne dure que quelques semaines, mais elle suffit à laisser du Prince Noir une sinistre réputation. Dans le même temps, Édouard III attaque en Artois, mais se retire quand l’armée de Jean le Bon, qui a succédé à son père en 1350, arrive à Amiens. En juin 1356, une armée commandée par un autre fils d’Édouard III, le duc de Lancastre, débarque en Normandie alors que le Prince Noir entreprend une nouvelle chevauchée, à travers le Périgord, le Limousin et le Berry.
Les traités
Entre temps, de multiples accrochages ont pris le pas sur les batailles d’un jour, que le Dauphin Charles, le futur Charles V, évite délibérément. Les adversaires signent finalement les traités de Brétigny et de Calais (1er mai et 24 octobre 1360) : le roi d’Angleterre obtient en pleine souveraineté l’Aquitaine, le Ponthieu, Calais et une série de places fortes gageant les traités; la rançon de Jean le Bon est fixée à trois millions d’écus, et des otages sont remis aux Anglais. Mais Édouard III abandonne sa prétention sur le reste du royaume de France.
Bataille de Poitiers et ses conséquences (1356)
Après avoir vainement tenté d’établir tour à tour le contact avec les deux fils d’Édouard, Jean le Bon finit par rattraper les troupes du Prince Noir qui se repliait vers Bordeaux. La bataille a lieu le 19 septembre 1356, à Maupertuis, près de Poitiers, et, une nouvelle fois, les Français sont écrasés.
Sûrs de la victoire, car au moins trois fois plus nombreux, les Français attaquent le camp anglais fortifié sur une hauteur en lançant une charge de cavalerie, et en faisant gravir la colline à pied, par le reste de l’armée. Le résultat est aussi désastreux qu’à Crécy : les cavaliers français sont anéantis et les chevaliers transformés en fantassins, handicapés par leurs lourdes armures et par l’absence d’un armement adéquat, sont massacrés par la cavalerie et les spécialistes du combat à pied de l’armée anglaise. Les Anglais n’épargnent que ceux dont on peut attendre une bonne rançon, tels le roi de France lui-même et son fils, le futur Philippe de Bourgogne, faits prisonniers. La noblesse française apparaît donc, aux yeux de beaucoup, définitivement incapable de défendre le royaume.
Ce nouveau désastre militaire contribue à provoquer les troubles sociaux des années à venir (soulèvement parisien d’Étienne Marcel en 1358), les contribuables renâclent à payer des impôts pour financer une guerre si mal menée, ou la rançon du roi vaincu.
Celui-ci pousse le code de l’honneur féodal jusqu’à retourner dans la prison anglaise (d’ailleurs fort confortable) après avoir été libéré sur parole pour venir en France activer la signature d’une paix reconnaissant la victoire anglaise et collecter (sans succès) les fonds nécessaires à sa libération. Il meurt à Londres en 1364.
Philippe VI et son règne
Le temps des défaites françaises (1328 – 1364)
Le règne des deux premiers Valois est celui des désastres militaires sanctionnés par le traité de Brétigny (1360).
Crécy (1346)
Arrivée épuisée par la course poursuite, derrière l’armée anglaise, la chevalerie française charge sans stratégie et sans discipline le camp retranché des Anglais, reposés et organisés, bousculent au passage les « piétons » et mercenaires étrangers qui avancent trop lentement. Les haies défensives, les pieux et les terribles archers anglais brisent l’élan suicidaire de la cavalerie de Philippe VI, incapable de reprendre en mais ses troupes qui courent au désastre. Le roi de France se retire discrètement du champ de bataille, laissant les derniers irréductibles se faire massacrer par la « piétaille » anglaise.
Philippe VI (1328 – 1350)
De 1337 à 1340 n’ont cependant lieu que des escarmouches : les marins français s’attaquent aux navires de laines anglais ou se livrent à des raids sur les ports anglais; de son côté, Édouard III débarque au printemps 1339 à Anvers, attend en vain les renforts promis par son allié l’Empereur d’Allemagne et assiège Cambrai sas succès. Il provoque les Français en un « jour de bataille », mais ils ne se montrent pas.
La première vraie bataille n’a lieu que le 24 juin 1340, à l’Écluse, près de Bruges. La flotte française, voulant empêcher le débarquement de l’armée anglaise, est anéantie par la flotte ennemie, alors que les Flamands attaquent les Français par l’arrière : les amiraux français ont jugé bon d’enchaîner leurs navires pour constituer une barricade sur l’eau, qui est vite enfoncée et brûlée par les Anglais, portés par e vent et la marée. Les mercenaires génois alliés des Français, conscients de l’absurdité de cette stratégie, se sont vite éclipsés. Toute invasion de l’Angleterre est désormais inconcevable, alors qu’au contraire, Édouard III peut maintenant traverser la Manche à sa guise. Il n’en profite pas, cependant, pour améliorer ses positions continentales.
Les hostilités ne reprennent vraiment qu’en 1346, avec une offensive en Aquitaine du fils de Philippe VI, le futur Jean le bon. Mais son importante armée (d’environ dix mille hommes) est immobilisée devant Aiguillon, au confluent de la Garonne et du Lot, fortement défendue par les Anglais et les Gascons, que les abus de la fiscalité et de l’administration du roi de France ont poussés du côté anglais. C’est alors qu’Édouard III débarque le 12 juillet à Saint-Vaast-la-Hougue, dans le Contentin, d’où il gagne la Normandie où certains seigneurs se sont révoltés contre le roi de France. Édouard se livre alors à une campagne de terrorisation à l’encontre des fidèles de Philippe VI : pillage pour nourrir l’armée, sac de Saint-Lôm prise de Caen et incendie de la ville, prise de Louviers, puis marche rapide vers Paris, en suivant la Seine, et raids meurtriers sur les villages des alentours de la capitale.
Crécy et Calais
Mais Édouard III ne veut pas d’un combat frontal avec l’armée du roi de France bien supérieure en nombre et qui se rassemble à Saint-Denis. Délaissant Paris, il se replie vers le Nord. Après avoir franchi la Somme, et laissé à nouveau une traînée de cendres, il est rattrapé à Crécy par l’armée française qui le suit à marche forcée, et qu’il écrase.
Le prestige de Philippe VI est sérieusement atteint par cette déroute, d’autant plus qu’en 1347 l’armée de secours qu’il commande renonce à attaquer les Anglais assiégeant Calais. Après un an de siège, la ville se rend, et Édouard II n’accepte d’épargner ses habitants sur les conseils de ses barons et la supplique de sa femme Philippa de Hainaut, qui, enceinte, se jette publiquement à ses pieds pour solliciter la clémence royale (c’est l’épisode des « Bourgeois de Calais »). Malgré ces succès, Édouard III ne tente pas de conquérir des territoires qu’il sait difficile à prendre et à garder. Il se contente de laisser une garnison à Calais, qui devient en 1363 la ville étape pour les laines anglaises.
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