Les Indiens et les Européens
Pendant plus de deux siècles, on a vu des navires européens, armés par une poignée d’hommes, pénétrer dans des havres inconnus, razzier des indigènes en tant qu’otages ou interprètes, interroger des pilotes, remettre à la voile pour regagner l’Europe… Chargés de marchands, de soldats, de colons, des vaisseaux plus grands survenaient ensuite.
Jouissant d’une triple supériorité à leurs armes, à leurs navires, à leur astuce, les Européens, sillonnant les mers, soumirent un grand nombre de peuples qui ne souhaitaient nullement la colonisation, mais dont les connaissances techniques ou l’idéologie ne pouvaient leur permettre de résister. Partout, les vaisseaux venant des pays européens assuraient la maitrise des mers.
Dans tous les cas ou presque, tôt ou tard, les aborigènes s’apercevaient que les Européens étaient leurs ennemis et exploiteurs. Certes, la supériorité technique des Européens explique dans une certaine mesure la facilité des succès remportés, mais cette supériorité ne les justifie pas tous, et de loin.
En effet, la confrontation doit se juger en fonction des oppositions de la volonté et des caractères et non de la simple du canon sur la lance.
Par exemple, très peu évolués, les Tupinamba du Brésil ou les Arawak des Indes occidentales, deux de ces peuples pacifiques, offraient une résistance particulièrement faible. Les Iroquois des plaines, par contre, dont le domaine s’étendait entre les Grands Lacs et l’actuel état américain de la Caroline vivaient de la chasse et disposaient d’une organisation politique beaucoup plus poussée, qui leur permit de lutter farouchement contre les Européens (et comme les autres Amérindiens de l’Amérique du Nord : hurons, algonquins, etc.) Pour les Iroquois, s’étendre avec les nouveaux arrivés était difficile en raison de leur mode de pensée guerrier.
D’ailleurs, du point de vue « philosophique », ils raisonnaient à partir d’un univers plein d’objets magiques – pour eux, les plantes, les pierres, les animaux étaient étroitement liés aux esprits. À la différence des Arawak, un peuple peu nombreux qui vivait sur un territoire compact, il était impossible d’exterminer les Iroquois, mais dans la plupart des cas, les envahisseurs les refoulèrent hors des terres convoitées par les colons.
Les Aztèques et les Mayas de Yucatan et du Guatemala étaient plus avancés encore. Ces nations avaient une agriculture développée et bien organisée. Elles avaient des villes. Leurs dieux étaient hiérarchisés. Politiquement, une fédération aux liens assez lâches desservait leurs États. Ces peuples étaient plus instruits ; ils possédaient un système de numérotation dont le zéro, ce nombre qui découle d’un processus de pensée évolué, n’était pas absent.
Le destin favorisa les Espagnols : ces nations dont les grands travaux et l’art nous étonnent toujours, ignoraient la poudre.
Bref, il est heureux pour les conquistadors espagnols que les armes des Mayas n’aient pas à la hauteur de leur développement intellectuel et que des guerres intestines, la rivalité politique les avaient affaibli et aient amenuisé leur résistance.
En fait, par une des plus sombres ironies du destin et de l’histoire, les peuples les plus développés du continent américain, soit les Aztèques du Mexique central et l’État des Incas au Pérou, se révélèrent plus vulnérables aux conquérants espagnols que les peuplades plus primitives. Par exemple, dans leur lutte contre de véritables sauvages comme les Chichimèques, les Espagnols ne purent jamais remporter une bataille décisive que leur assurât la paix. En revanche, lorsqu’ils eurent vaincu sur le champs de bataille les Incas et les Aztèques, ils purent s’emparer des leviers de commande des systèmes d’administration complexes qui régissaient ces peuples disciplinés qui acceptèrent le joug de leurs nouveaux maîtres.
Mais les Espagnols et les Portugais durent leurs victoires en partie à leur volonté indéfectible de l’emporter, qui écrasait le caractère essentiellement fataliste de leurs adversaires, aussi sûrement que leurs balles fracassaient les légers boucliers des guerriers autochtones.
Les documents aztèques traduisent de cruelles déceptions
Les Aztèques de Mexique transcrivirent sur des manuscrits, sous forme de récits et de peintures très vivantes, leur lutte désespérée contre les conquistadores. Si l’on en croit ceux qui rédigèrent ces rouleaux, les Aztèques furent pris de panique dès l’instant où le roi Montezuma reçut un message l’informant que des hommes à la peau claire arrivaient à bord de « sortes de tours ou de montagnes flottant sur la mer ».
Ses sorciers lui avaient prédit des jours très néfastes et le roi Montezuma craignait que l’arrivée de ces étrangers n’annonçait l’accomplissement de leur oracle. Monarque d’un peuple très pieux, il tenta d’amadouer les étrangers en faisant arroser leurs mets de sang humain, fraîchement répandu, comme pour les sacrifices rituels.
À sa grande confusion et à l’étonnement de ses prêtres, les Espagnols « fermèrent les yeux et secouèrent la tête » à la vue d’un spectacle aussi horrible.
À peu de temps de là, les Aztèques apprirent à leur plus grande stupéfaction que les nouveaux venus, les hommes blancs, ne reculaient pas devant certaines effusions de sang tragiques. La conquête du pays par les Espagnols fut marquée par des massacres sans merci et les manuscrits aztèques décrivent de véritables tragédies.
D’après L’Âge des Découvertes par John R. Hale et les Rédacteurs des Collections Time-Life, 1967.
Les Mayas sont de grands mathématiciens
Les Mayas du Yucatan (Amérique centrale) sont à juste titre considérés comme ceux qui parmi les hommes ont atteint le plus haut degré de connaissance en cette science.
Les Mayas sont de grands mathématiciens. La science des nombres et des chiffres est une des plus grandes inventions de l’esprit humain. Les Mayas du Yucatan (Amérique centrale) sont à juste titre considérés comme ceux qui parmi les hommes ont atteint le plus haut degré de connaissance en cette science. Les Mayas ont inventé tout un système de barres et de points qui leur permettent d’écrire les chiffres de un jusqu’à vingt. Le système ne serait pas en lui-même une découverte vraiment extraordinaire puisque les Romains et les habitants de l’Inde ont depuis longtemps fait la même invention.
Ce qui donne au système Maya sa valeur c’est l’invention du zéro. Les Européens croyaient jusqu’ici que le zéro avait été inventé par les prêtres de l’Inde. On admet couramment de nos jours que les Mayas le possédaient bien avant eux. On dit même que les Mayas connaissaient le zéro au moins cinq cents ans avant les prêtres de l’Inde.
On comprendra l’importance de cette affirmation si l’on sait qu’au dire de tous les grands esprits, le zéro est la plus grande invention de l’intelligence humaine. Il existe deux différences fondamentales entre le système qui nous vient des Indes par les Arabes et le système Maya. Le système « arabe » compte par dix et s’écrit horizontalement.
Le système Maya compte par vingt et s’écrit verticalement.
L’écriture verticale des chiffres Mayas permet, grâce au zéro, les mêmes compositions de chiffres que l’écriture horizontale des chiffres arabes. Comme, dans les chiffres arabes, chaque unité qu’on ajoute à gauche d’un point hypothétique constitue une multiplication par dix, ainsi, dans les chiffres Mayas, chaque unité qu’on inscrit au-dessus d’une ligne hypothétique constitue une multiplication par vingt.
Les Mayas ont inventé un autre système de numération qui utilise des masques.