Immense incendie à Hull : 4 mille maisons détruites
Le 26 avril 1900, la ville de Hull (aujourd’hui, secteur de Gatineau) est presque entièrement détruite par l’un des pires incendies de l’histoire du Canada, qui fut si violent que les flammes poussées par le vent traversèrent la rivière des Outaouais pour atteindre un quartier d’Ottawa situé sur l’autre rive. Cependant, seulement quatre personnes ont perdu la vie au cours de cette catastrophe qui aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus graves.
Vers 11 heures du matin, le feu se déclare dans la rue Chaudière (dans la maison de M. Antoine Kirouac plus précisément), et se propage par les rues Philomène, Albert, Wright, Wellington et Main, dans les quartiers N° 2 et 3 de la ville de Hull.
L’incendie atteint l’autre côté du lac Minnow, et, par les rues Bridge et Church, les grandes scieries d’Eddy. Le vent soufflant avec violence de l’est active les flammes avec une telle rapidité que les efforts des brigades de pompiers d’Ottawa, d’Eddy et de Hull sont insuffisants pour les maîtriser.
Les scieries Eddy sont en grand danger, car elles se trouvent sur la marche de l’incendie. Pas de perte de vies encore connues.
Puis le feu traverse la rivière Ottawa et détruit les chantiers de Bronson. Les manufactures de carbure de calcium, les usines fournissant la Compagnie des tramways et l’éclairage de la ville sont elles aussi victimes de l’incendie qui s’est propagé avec une rapidité effrayante dans tout le quartier Victoria d’Ottawa. Le vent souffle avec une rapidité de 12 milles à l’heure.
À 13 h 20, le couvent des Sœurs Grises et la station de pompage de Hull sont la proie des flammes. Les communications téléphoniques entre Hull et Ottawa sont coupées. Le vent souffle maintenant du nord-ouest et ramène le feu vers la partie sud-est de Hull. Le palais de justice prend feu.
À 13 h 30, l’incendie fait rage dans les vastes cours de bois des moulins de Eddy et de la Hull Lumber Co. Le palais de justice est entouré par les flammes. Toutes les manufactures de l’île Victoria sont en feu et le pont des Chaudières commence à brûler.
Ce fut ainsi pendant des heures. La ville de Chaudière disparaît au moment où Hull allait célébrer le centenaire du premier transport de bois parti de ses rives. Le 27 avril, Hull n’est plus qu’un amas de cendres.
Le feu a détruit 4 000 bâtiments avant d’être maîtrisé, 4 personnes sont mortes.
La magnifique industrie des scieries érigée sur les bordes de la Chaudière disparaissait, au moment où Hull allait célébrer le centenaire du premier voyage de bois parti de ses rives, sous l’œil prévoyant de Wright, fondateur de la Dynastie de ses beaux chevaliers vrais, du travail réel, qu’on a appelé les trois de la Gatineau. À la veille de ce grand jour, toute cette belle et industrieuse cité est rayée de l’existence, effacée des cartes du pays.
Hull n’est plus, Hull n’est qu’un amas de cendres, un monceau de ruines, une plaine de douleurs et une vallée de larmes. Il faut avoir vu l’effrayant spectacle de cette calamité, le triomphe insolent de la destruction bête, idiote, impie, de cette place, de ce chancre rongeur, diabolique et envahissant, pour sentir toute l’entendue du désastre dont le spectacle hante tous les cœurs, en face des lueurs rouges qui, dans l’obscure clarté de cette nuit d’été, s’élèvent et colorent l’espace.
Le désastre qui vient d’affliger Hull et Ottawa prendra place, à côté des grandes calamités historiques qui s’appellent incendie de Moscou et incendie de Chicago. Plus de 4,000 maisons, avec tout leur contenu, sont détruites. Plus de vingt mille personnes sont sans abri. Près de dix millions de dollars de propriétés ont été la proie des flammes. Une industrie complète est rayée de l’existence. Une ville de moins. Voilà le bilan de la journée d’hier.
(Ce texte a été publié dans le journal La Presse le 27 avril 1900).
Note de GrandQuébec.com : Le bilan final de la catastrophe est le suivant : 2 500 maisons ont été détruites, causant des dommages évalués à 20 millions de dollars. En tout, près de 15 000 Hullois ont perdu leurs maisons, incitant le premier ministre Wilfrid Laurier à déclarer : «Hull n’est plus, Hull n’est qu’un amas de cendres, un morceau de ruines, une plaine de douleurs et une vallée de larmes.» À la fin de la catastrophe, c’est la moitié de Hull et un cinquième d’Ottawa qui sont réduits en cendres.
D’ailleurs, ce premier article sur la tragédie contient des erreurs concernant des noms. Pour en apprendre plus, on suggère l’ouvrage « Une ville en flammes » qui raconte l’histoire des incendies de l’ancienne ville de Hull, de l’historien Raymond Ouimet (consultez le site Web gatineaumonde.com/raymondouimet).
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