L’impuissance du mari, la frustration de l’épouse (une histoire de 1705)
Les tribulations de la vie conjugale du couple Audoin-Gibau vont tenir occupés les juges durant quelques années. Finalement, la sentence définitive ne sera prononcée que le 14 décembre 1705… (Le texte qui suit a été tiré du livre La Scandaleuse Nouvelle-France, histoires scabreuses et peu édifiantes de nos ancêtres, rédigé par Guy Giguère, un muséologue et écrivain québécois).
Le 18 janvier 1700, ils cessent de faire vie commune et le mari présente une requête à la cour pour qu’il soit « ordonné que ladite Gibau retourne avec lui qu’elle soit tenue de rapporter tout ce qu’elle a enlevé de chez lui dans sa fuite ». Pour calmer les esprits de son épouse, de bonne foi, il se dit toujours d’accord sur le « consentement qu’il a donné de se laisser visiter (examiner au sujet de l’impuissance dont il est accusé par Suzanne Gibau, sa femme ».
L’épouse semble très frustrée, mais, en contrepartie, elle ne collabore pas beaucoup avec la justice pour aider sa cause et on doit émettre, le 25 octobre 1700, une ordonnance contre elle l’enjoignant de revenir à Montréal. Le 14 novembre 1701, un document nous annonce que le désaccord porte sur « la validité ou l’invalidité » de ce mariage.
Le 17 août 1705, le problème persiste, car le mari obtient une ordonnance interdisant à l’épouse de « contracter aucun mariage avec autre personne » et on interdit à tous les prêtres de remarier Suzanne Gibau.
Un jugement du 14 septembre 1705 nous apprend qu’Audoin est furieux contre le curé de Lachine, Pierre Rémy, et il conteste la sentence ecclésiastique, demandée par Gibau, « par laquelle le mariage permet à « ladite Gibau de se pourvoir en mariage avec qui bon lui semblera et défense audit Audoin de contracter mariage » et de ne plus importuner Suzanne Gibau.
Le tribunal d’appel se prononce le 14 décembre 1705. On annule la décision du curé Rémy, la traitant d’action abusive. On ordonne « que ladite Gibau retournera habiter avec ledit Audoin avec lequel elle vivra comme une femme doit vivre avec son mari » et permet au mari « de reprendre et enlever tous les meubles et hardes (vêtements) que ladite Gibau a emportées ou fait emporter de chez lui. »
François Audoin dit Laverdure exerce le métier de maître tailleur. À Contrecouer, le 10 février 1687, il épouse Suzanne Gibau. Le couple n’aura pas d’enfants.
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