Images historiques de la Grande guerre (Première guerre mondiale)
Les chars d’assaut ont été utilisés pour la première fois à la bataille de Flers-Courcelette, en septembre 1916. Le gouvernement britannique a fait transporter ce blindé Mark IV baptisé « Britannia » au Canada en 1917 aux fins d’une campagne de souscription d’un emprunt de la Victoire. Les obligations de cet emprunt offraient un rendement de 5,5% sur 5,10 ou 20 ans. Une obligation d’aussi peu que 50 dollars a été émise pour susciter une large participation populaire. Le gouvernement espérait recueillir 150 millions de dollars; il en a obtenu 398 millions, le prêt ayant été sursouscrit. L’argent a servi à la production de guerre canadienne et a fourni des liquidités aux Alliés pour l’achat de blé et d’autres biens.
La décision d’instaurer la conscription a pris de court les chefs politiques. Henri Bourassa, directeur du Devoir et chef de file des nationalistes du Québec a attendu le 29 mai 1917 pour publier le premier article d’une série de neuf articles s’opposant à la conscription. Pendant plusieurs semaines, Wilfrid Laurier a semblé hésiter à poursuivre les pourparlers avec le premier ministre du Canada, Robert Borden, au sujet d’une possible coalition. Le flottement temporaire au niveau du pouvoir a invité de jeunes activistes rivaux à manifester, organiser des réunions nocturnes, voire commettre des actes de violence pour acquérir de l’influence. La Loi sur le service militaire est entrée en vigueur le 29 août, mais n’a été appliquée qu’après les élections fédérales de décembre.
L’histoire du 163e Bataillon, surnommé bataillon des Poils-aux-pattes, est indissociable de celle d’Olivar Asselin, qui s’est enrôlé et a levé un bataillon de jeunes Canadiens français pour combattre outre-Atlantique. Olivar Asselin, cofondateur du mouvement nationaliste, consacrait une énergie considérable à la défense des droits linguistiques des francophones en Ontario quand il a accepté de créer un bataillon canadien-français le 15 novembre 1915. Nationaliste, laïque et anticlérical, il éprouvait un amour profond pour la France. Il a déclaré, lors d’un rassemblement de masse au Monument national, qu’une défaite de la France « nous condamnerait, nous ses enfants d’Amérique, à traîner désormais des vies diminuées ». Le 163e s’est entraîné aux Bermudes avant de voyager vers l’Angleterre, où il a été démantelé, puis utilisé en renfort.
Au Québec, le recrutement militaire se déroulait surtout à Montréal. Dix-neuf bataillons d’infanterie, un bataillon de pionniers, des compagnies de renfort et des régiments d’artillerie, entre autres unités, cherchaient des volontaires. Or un homme sur trois était réformé pour des raisons de santé ou de condition physique. En 1916, peu d’hommes aptes à servir sous les drapeaux souhaitaient s’enrôler.
De nombreux catholiques irlandais du Québec se sont mariés avec des coreligionnaires francophones et se sont assimilés parmi ceux-ci. Une collectivité irlandaise catholique de 30 mille âmes prospérait néanmoins à Montréal. Ses membres de définissaient comme des Canadiens irlandais. Concentrée à Pointe-Saint-Charles et Griffintown, elle conservait ses propres paroisses, écoles et collèges. Quand la guerre a éclaté, un nouveau régiment de milice, les Rangers canadiens-anglais, a été constitué. Au début de 1916, il formait l’essentiel du 199e Bataillon outre-mer. Comme en témoignent les affiches de recrutement, la collectivité irlandaise de Montréal appuyait l’autonomie de son pays d’origine ainsi que l’effort de guerre. Après un long voyage en Irlande et une brève période avec la 5e Division du Canada en Angleterre, le 199e Bataillon a été dissous; ses officiers et ses hommes se sont joints aux troupes de renfort.
Le Champs de Mars était le lieu de défilé des bataillons de Montréal pendant la guerre. Ces photographies datées de 1915 illustrent probablement le 42e Bataillon, soit le Black Watch, qui a quitté la ville pour rallier la 3e Division du Canada en juin ou le 69e Bataillon, unité canadienne-française levée pendant l’été. Le 69e était commandé par Joseph-Adolphe Dansereau, jeune homme de 25 ans fraîchement diplômé du Collège militaire royal et fils d’Arthur Dansereau, rédacteur en chef du journal La Presse. Joseph-Adolphe a servi au sein des 48th Highlanders à Langemarck lors de la deuxième bataille d’Ypres et a été rapatrié au Canada pour diriger le 69e. Ce dernier a été rapidement doté en en hommes au maximum de sa capacité, mais une fois en Angleterre, il a été dissous et réaffecté aux renforts.