La présence humaine dans l’Abitibi-Témiscamingue

La présence humaine dans l’Abitibi-Témiscamingue et ses impacts

La présence humaine avant 1850

Présence humaine dans l’Abitibi-Témiscamingue : Les impacts sur le milieu naturel diffèrent selon le mode d’occupation du territoire. Ainsi, le nomadisme et l’occupation extensive n’auront pas les mêmes impacts que la sédentarité et l’occupation intensive. L’Abitibi-Témiscamingue a connu ces deux types d’occupation. De la fin de la dernière période glaciaire jusque vers 1850, les populations autochtones habitent le territoire de façon très extensive. Compte tenu de leur faible nombre et de la grande étendue de la région qu’ils occupent, la pression d’exploitation, sauf dans le cas des animaux à fourrure et des grands cervidés, y demeure généralement faible pendant cette période.

Mais même discrète, la présence humaine amérindienne entraine des perturbations dont il est difficile aujourd’hui de mesurer l’impact précis. Venus dans le sillage de la déglaciation, il est plus que probable que les Amérindiens aient contribué à la dissémination de beaucoup d’espèces sauvages. C’est le cas, entre autres, de l’aubépine qui, pour atteindre le Québec méridional, aurait suivi un corridor nord-sud passant par l’Abitibi-Témiscamingue en suivant les routes de traite des fourrures. « L’aubépine blanche, mentionne O’Sullivan, semble être originaire de la région du lac Abitibi, et dans une partie du bassin de la rivière Nottaway ou de la rivière Rupert, et de fait elle semble être exotique dans le bassin du Saint-Laurent, à l’est de Montréal. Le rosier sauvage est un autre exemple. Tout comme l’aubépine, il s’est répandu rapidement en suivant les principales routes de traite des fourrures.

À un degré plus important, la faune régionale sera affectée par l’occupation humaine du territoire de cette période. Pour assurer leur subsistance et aussi pour répondre à une demande toujours plus grandes des commerçants de fourrures, les populations amérindiennes d’abord et, plus tard, les populations blanches et amérindiennes feront une chasse sans merci aux animaux à fourrure et aux grands cervidés des forêts de l’Abitibi-Témiscamingue. Dans son rapport de 1906 sur l’arpentage d’une partie du canton de Guérin, Télesphore Simard témoigne de ce qui suit : « Dans tout l’hiver, je n’ai rencontré que deux traces de vison, une de loutre et trois ou quatre de loup-cervier, c’est-à-dire que pour la fourrure cette partie est complètement ruinée ».

La présence humaine dans l’Abitibi-Témiscamingue après 1850

Ce qui distingue le plus cette période de l’histoire de l’Abitibi-Témiscamingue, de celle qui précède, c’est le passage d’un mode de vie nomade à un mode de vie plus sédentaire, provoquant ainsi une transformation considérablement plus importante et rapide du milieu naturel.

C’est la période où se produisent les défrichements massifs de terres agricoles des petite et grande ceintures d’argile. C’est aussi à cette époque que naissent les entreprises minières et forestières de cette région, grandes consommatrices d’espaces de qualité, et qu’apparaissent les premières structures de l’espace régional avec l’ouverture des paroisses, des villages et des petites villes. L’Abitibi-Témiscamingue a toujours été considérée comme une région de ressources. Or, qui dit ressources dit également extraction et transformation importante du milieu naturel. Dans la région, cette transformation passe par l’exploitation de quatre grandes ressources naturelles : l’eau, la forêt, le sol et le sous-sol.

En fait, dans une région où les mines jouent un rôle capital, ce n’est pas toujours en surface que l’impact de l’exploitation des ressources sur le milieu naturel est le plus important. Le territoire, dans son ensemble, représente le plus énorme gruyère du Québec. Des milliers de kilomètres de galeries souterraines poussent de plus en plus loin et de plus en plus profond la recherche des riches gisements d’or, d’argent ou de métaux usuels. En surface, les nombreuses entreprises minières de la zone des hautes terres de l’Abitibi et, plus au nord, du secteur de Matagami-Chibougamau vomissent par millions de tonnes de résidus miniers que l’on stocke dans de vastes parcs qui, lorsque mal contrôlés, viennent à leur tour polluer les sols, la nappe phréatique, les lacs et les rivières.

À Rouyn-Noranda, la fonderie Horne fut pendant plusieurs dizaines d’années l’un des plus grands pollueurs atmosphériques de l’Amérique du Nord, sans compter les dommages causés à la flore, à la faune et aux sols environnantes.

L’homme et ses diverses formes d’exploitation des ressources a donc considérablement modifié le paysage naturel de l’Abitibi-Témiscamingue. Il lui a substitué un environnement naturel plus accessible certes, mais dans l’ensemble moins riche que celui décrit par les explorateurs du siècle dernier.

(Source : Histoire de l’Abitibi-Témiscamingue, sous la direction de Odette Vincent, Institut québécois de recherche sur la culture, les presses de l’Université Laval).

Voir aussi :

Amérindiens Abitibi
Amérindiens vus par le Musée Grévin de Montréal. Photo : Histoire-du-Quebec.ca.

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