Mister Horace Beemer et son aqueduc
Le système d’aqueduc de Québec a suivi la loi générale du perfectionnement. En 1885, soit 31 ans après la construction du premier aqueduc, celui-ci ne suffit plus aux besoins des résidents. Alors le Conseil de Ville de Québec, sous l’administration du maire François Langelier, passe un contrat avec l’ingénieur Horace Jansen Beemer pour la pose d’un tuyau de 30 pouces de diamètre entre la prise d’eau et Québec. Ce contrat a suscité une longue polémique avec diverses accusations de malversations et autres scandales. Les journalistes n’eurent pas de scrupules à s’en faire l’écho, ce qui n’a pas empêché que le contrat soit accordé à M. Beemer, le gouvernement n’ayant pas donné suite à l’affaire.
M. Beemer mit deux ans pour mener à bien son entreprise. Pendant la durée des travaux, et encore cinq à six ans après, le nom de M. Beemer était dans toutes les bouches. Arrivait-il une rupture dans le tuyau de 30 pouces, chose inévitable, c’était la faute à Beemer.
L’eau devenait-elle moins bonne, comme cela pouvait arriver à certaines époques de l’année, ou encore à la suite de fortes pluies, les gens ne manquaient pas d’affirmer «Qu’elle a un petit goût de Beemer». Le lendemain d’une soirée arrosée, les ivrognes se remettaient avec l’eau que les gens baptisèrent «l’eau Beemer»… Bref, le nom de M. Beemer est devenu si populaire que tout le monde en parlait comme on parle aujourd’hui par exemple des Américains ou des Arabes (qui sont forcément responsables de tous les maux). Une conversation devait obligatoirement être assaisonnée d’un peu de Beemer.
Malgré tous ces événements, les services de l’aqueduc de Beemer s’avérèrent satisfaisants. La distribution d’eau dans les robinets des résidences est enfin devenu régulière et constante, 24 heures sur 24. Toute la ville est désormais desservie et des tuyaux et des canalisations d’égout sont posés dans les limites de la cité.
De cette façon, la protection contre les incendies est aussi plus efficace. Enfin, cet aqueduc marque la fin de l’époque des charroyeurs d’eau qui ne sont plus nécessaires.
Cependant, en 1899, suite à la rupture des conduites, un pâté de maisons est détruit par le feu dans les limites de la paroisse Jacques-Cartier. Par un hasard malheureux, au début de l’incendie la pression d’eau dans l’aqueduc était tellement basse que le jet d’eau ne montait plus qu’à 12 ou 15 pieds pendant plus d’une dizaine d’heures. Pendant tout ce temps-là, le feu faisait rage et les pompiers étaient impuissants. Alors, dans le pâté compris entre les rues St-Anselme, St-François, Boulevard Langelier et Richardson, une cinquantaine de maisons furent détruites. Enfin l’eau revint avec une pression suffisante et les pompiers eurent raison du feu. Sans cela, la moitié de la ville aurait pu être la proie des flammes.
Plus tard, sous l’administration du maire Napoléon Drouin, le Conseil de Ville de Québec décide de procéder à la construction d’une troisième conduite de 40 pouces de diamètre. Ce contrat est accordé à M. Connelly, qui termine les travaux en 1914.
Un grand réservoir d’une capacité de 33 millions de gallons est construit sous l’administration du maire Henri-Edgar Lavigueur, en 1933. Ce réservoir a été placé sur les plaines d’Abraham.
Aujourd’hui, la ville de Québec possède un réseau de distribution d’eau long de plus de 2450 kilomètres et prévoit d’investir des sommes importantes pour améliorer le service. Remarquons que le réseau d’égouts est d’environ 4125 kilomètres. La ville s’est dotée également de deux usines d’épuration d’eaux usées et de quatre usines de traitement d’eau.
Finalement, notons que la ville de Québec dispose de quatre sources d’approvisionnement d’eau, soit le lac Saint-Charles, la rivière Montmorency avec son bassin versant, le fleuve Saint-Laurent et des sources d’eau souterraines.
Des tests faits dans les différents arrondissements de Québec ont montré que l’eau de la ville est généralement de bonne qualité.
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