Historique de la rivière Sainte-Anne
Issue du lac Sainte-Anne et de la réserve faunique des Laurentides, la rivière Sainte-Anne traverse en cascade une région forestière accidentée, qu’elle quitte ensuite pour arroser le territoire à vocation agricole de Saint-Alban et de Saint-Casimire. La descente vers le Saint-Laurent s’arrêtera, 120 kilomètres plus loin, en aval de Sainte-Anne-de-la-Pérade. Le bassin versant d’environ 2700 kilomètres carrés aura reçu en passant les eaux d’une dizaine d’affluents majeurs, dont la rivière Tourilli, la rivière Bras-du-Nord, la rivière Jacquot, la rivière Noire, la rivière Niagarette et la rivière Charest.
Les Amérindiens furent les premiers occupants de cette vallée giboyeuse et poissonneuse. Ils utilisaient son couleur naturel pour se rendre à leurs quartiers d’hiver dans la forêt laurentienne. Les Européens ne découvrirent la rivière qu’au début du XVIIe siècle. Le nom français qu’on lu donna fut « Rivière Sainte-Marie », et Samuel Champlain, en 1609, se contenta de l’employer sans dire pourquoi. Champlain conserva le nom de la rivière dans son ouvrage de 1632, Les Voyages de la Nouvelle France occidentale dite Canada, sans plus de détails. Le début de la colonisation du bassin versant s’amorce, en 1636, avec la concession d’un fief constitué par les terres comprises entre les rivières La Chevrotière et Saint-Maurice. Environ cinq ans plus tard, la carte de Jean Bourdon, qui fournit une description du fleuve entre Tadoussac et Montréal, introduit l’appellation « R. St. Anne ». Le nom restera mais on n’apprend rien de plus sur l’origine de la dénomination.
Nulle hypothèse n’ayant émergé à ce propos, permettons-nous de conclure que le nom de la patronne des voyageurs et du Bas-Canada aura fréquemment dépanné la toponymie au Québec. D’après le plan de 1829 du chef huron Nicolas Vincent, la Telahiar est, dans leur langue, la « grande vallée des ailes marquées » ou l’ « aile marquée sur la neige », que nous continuerons d’appeler la Sainte-Anne. Les Hurons-Wendat patrouillent toujours les environs de la rivière et ne se formalisent pas que la dernière municipalité qu’elle arrose se l’approprie sous son propre nom : Sainte-Anne-de-la-Pérade.
D’autant plus acceptable, cet ajout, qu’il profite de la réputation de La Pérade, siège de l’extraordinaire activité qui entoure le frai hivernal du poulamon atlantique. Le renom du petit poisson des chenaux, ne commande-t-il pas l’installation d’un deuxième village, temporaire celui-là, et l’érection de centaines de cabanes sur la rivière devenue l’un des hauts lieux de la pêche blanche au Québec !
Au début de la Nouvelle-France, la région de la Sainte-Anne fut visitée par les défricheurs à la recherche de terres cultivables. La composition sableuse et peu humique du sol, cause d’une grande pauvreté en matière organique, limita leur élan. Seuls quelques secteurs de qualité sont exploités aujourd’hui à des fins agricoles par des entreprises modernes. Par contre, le bois que l’on brûlait jadis pour en débarrasser la terre, a révélé le potentiel forestier de la la région. La communauté actuelle a diversifié ses activités, mais un certain nombre d’entreprises et plusieurs industries œuvrent encore en foresterie : une importante papetière, quelques scieries, des usines de traitement, de placage et de séchage du bois.
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