Historique des relations entre le Canada et les États-Unis
Relations entre le Canada et les États-Unis : Historiquement, c’est en 1911 que le président William Howard Taft met fin à des décennies de protectionnisme américain en signant avec sir Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada, un accord de libre-échange restreint concernant les tarifs appliqués à une importante liste de produits manufacturiers.
Une loi habilitant l’accord est adoptée immédiatement par le Congrès américain, mais une loi analogue reste bloquée par le Parti conservateur canadien, alors dans l’opposition.
La question du libre-échange se trouve donc au cœur des élections générales organisées la même année. Wilfrid Laurier est défait et sa défaite s’explique en partie par la peur de plusieurs Canadiens de voir le libre-échange constituer un premier pas vers l’annexion politique. Cependant, le processus d’industrialisation s’accélère et pour répondre aux besoins des marchés britannique et canadien les Américains investissent au Canada des centaines de millions de dollars permettant la création d’un nombre accru de filiales ou de succursales et la prise de contrôle d’un grand nombre de sociétés canadiennes.
En 1930, toutefois, en pleine crise économique, le Congrès américain adopte le tarif Hawley-Smoot qui hausse les droits relatifs aux importations américaines à un niveau jamais atteint dans l’histoire. À son tour, le Canada met en place un régime de tarifs douaniers draconiens et le premier ministre R.B. Bennett s’engage à percer les marchés internationaux et à réduire la dépendance du Canada vis-à-vis de l’économie américaine.
Dès 1932, les deux pays amorcent des négociations visant à réduire les tarifs douaniers et à accroître les échanges commerciaux. En 1935, Mackenzie King, premier ministre, signe l’Accord commercial entamé par le gouvernement de Bennett, suivi en 1938 d’un deuxième accord, prévoyant une réduction sensible des tarifs. En 1940, au début de la Seconde guerre mondiale, on crée la Commission permanente mixte de défense Canada – États-Unis (CPMD), chargée, entre autres, du renforcement des relations économiques entre les deux pays.
À l’entrée en guerre des États-Unis, la cette commission met sur pied au Canada de nombreux projets financés par les États-Unis, en particulier la Route d’Alaska et Canol, qui stimulent la production pétrolière à Norman Wells (Territoires du Nord-Ouest). Après la guerre, la demande de biens de consommation, l’afflux massif d’immigrants et la reconversion civile de l’industrie de l’armement font monter en flèche les importations canadiennes de biens de consommation et d’équipements industriels en provenance des États-Unis. Le processus d’intégration économique à l’échelle du continent ne s’arrête pas pour autant.
En 1957, le gouvernement conservateur de John Diefenbaker promet de réduire la dépendance économique du Canada vis-à-vis des États-Unis. Dans son rapport déposé en 1957, la Commission royale d’enquête sur les perspectives économiques du Canada souligne que les Canadiens perdent la maîtrise de leur destin. Plusieurs experts s’alarment du caractère déformé du développement économique du Canada, réduit à n’être qu’une source de matières premières pour la méga industrie américaine.
En 1965, le Canada et les États-Unis signent le Pacte de l’automobile offrant aux fabricants de véhicules et de pièces d’automobiles une zone de libre-échange conditionnelle, mais de nombreux Canadiens expriment déjà la volonté de voir réduire la mainmise ou l’influence étrangère sur l’économie.
En 1968, le gouvernement américain impose des directives obligatoires aux entreprises multinationales américaines: les filiales américaines doivent désormais accroître les profits rapatriés du Canada, investir plus aux États-Unis qu’ailleurs et augmenter les exportations à partir des usines implantées aux États-Unis plutôt que de leurs filiales au Canada ou ailleurs.
En 1971, le président Nixon adopte une série de mesures qui visent la modification de la balance des paiements. Il impose une surtaxe de 10 pour 100 sur toutes les importations américaines sujettes aux tarifs douaniers. Même si le Canada réussit à obtenir des exemptions, ces incidents soulignent la vulnérabilité du Canada à l’égard des politiques américaines…
L’histoire des relations économiques entre les deux pays ne s’arrête pas là, mais en tout cas, la dépendance du Canada de son voisin du sud n’est pas le fruit de la nécessité. Effectivement, à deux reprises, au cours du XXe siècle, le gouvernement fédéral canadien a confié la tâche de définir les paramètres du développement socioéconomique du pays à des commissions d’enquête dont les recommandations ont eu des retombées importantes sur la gouverne économique et politique et qui ont conclu que ces relations pouvaient être modifiées, mais ça, c’est toute une autre histoire.
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