Portrait historique de la Jacques-Cartier

Portrait historique de la rivière Jacques-Cartier

Au hasard de ses mille et un caprices, la rivière Jacques-Cartier ne draine pourtant qu’un bassin versant relativement modeste de 2500 kilomètres carrés. Née au cœur de la réserve faunique des Laurentides, près du lac Jacques-Cartier, elle traverse le secteur en dents de scie de la vallée du même nom, se gonfle au passage des eaux des rivières Launière, Cavée et Rocheuse, avant de se faufiler dans une gorge spectaculaire de plus de 600 mètres. Émergeant ensuite du bouclier canadien, la Jacques-Cartier emprunte bientôt les terrasses des basses terres du Saint-Laurent, dans une région partiellement défrichée et peu urbanisée. La course de 177 kilomètres s’achève dans le fleuve Saint-Laurent à Donnacona, quelques kilomètres en amont de Québec.

Tour à tour évasée, étroite, calme, furieuse, rectiligne et sinueuse, la rivière Jacques-Cartier cache, ici ses secrets dans des fosses impénétrables, mais s’expose, là, claire et limpide, dans des zones franchissables à gué. D’où vient son nom ? La légende persiste à colporter que le découvreur du Canada fit un bref séjour à l’embouchure de la rivière qui porte son nom depuis le XVIe ou XVII siècle et à nous donner raison de la croire. Mais Samuel de Champlain al désignait encore Rivière des Esturgeons & Saumons, en 1632 et Sanson d’Abbeville inscrivait R. J. Quartier sur la carte de 1656. Le nom huron de la rivière s’écrit Lahawoeoole et signifie « venant de loin ».

La rivière jouit de la surveillance accordée aux territoires du domaine public auquel appartiennent plus de 80 pour cent de ses rives, y compris le secteur nord, fortement escarpé, qui traverse le parc national éponyme. Inscrite sur la liste des rivières du patrimoine canadien, elle se distingue par sa beauté, son immense potentiel récréatif et, naturellement, sa valeur patrimoniale.

Bien que la Jacques-Cartier n’ai joué qu’un rôle plutôt secondaire au siècle de la colonisation, la rivière participe aussi pleinement à l’histoire du pays qu’elle s’associe à la préhistoire du Québec et du Canada. Son extraordinaire passé plonge environ 7 000 ans en arrière, alors que la vallée servait de voie de communication et de terrain de chasse et de pêche pour les autochtones Plus près de nous, le développement riverain illustre à sa façon les grandes étapes de la colonisation du Québec. À l’embouchure de la rivière, les traces de las subdivision des terres en seigneuries et l’architecture typique soulignent l’influence du régime français. En amont, pour rappeler qu’après la Conquête de 1759, ce sont les Anglais qui ont organisé les lieux en townships on n’a qu’à visiter les cantons de Stoneham et de Tewkesbury, par exemple.

À partir du XIXe siècle, l’industrie du bois et l’agriculture se conjuguent dans le sillage de la Jacques Cartier : on construit plusieurs moulins à scie ou à farine. Parallèlement, la pêche au saumon gagne en popularité, de telle sorte qu’une loi pour la conservation de l’espèce est votée et adoptée en 1854.

Ce sont toutefois les barrages et l’utilisation intensive de la rivière à des fins industrielles qui provoqueront la fin de la montaison et la perte du saumon. On se rapproche à petits pas de la prise de conscience collective de la décennie 1980, qui amena la création du parc national de la Jacques-Cartier et l’application d’un programme de réintroduction du saumon qui rendront à la vallée une part de son intégrité et son patrimoine faunique. Aujourd’hui, la faune, la flore et la masse mouvante de la Jacques-Cartier bénéficient d’un regain de vitalité qu’une descente en rivière ou d’une partie de pêche, à l’abri du bruit et des contraintes de la vie urbaine.

Le berceau de la rivière Jacques-Cartier, connu comme la Réserve faunique des Laurentides, comprend 7861 kilomètres carrés de massifs montagneux et deux mille lacs et cours d’eau. Créée en 1895 et d’abord homologué comme Parc des Laurentides, ce territoire a obtenu le statut de réserve faunique en 1981. Il fallut d’urgence limiter l’accès aux activités de prélèvement, protéger l’environnement et réaliser des études scientifiques. L’initiative assura le maintien d’une enviable contribution à la faunistique par la connaissance de la truite mouchetée indigène, de l’orignal, de l’ours noir et d’une variété intéressante de petits gibiers. Réputée avant tout pour la qualité de la pêche, la réserve est un lieu privilégié pour les activités de découverte, telles que l’observation de la faune et l’ornithologie, ou sportives : canot, kayak, vélo, motoneige et ski.

Canards de la rivière Jacques-Cartier. Photo : Histoire du Quebec.ca
Canards de la rivière Jacques-Cartier. Photo : Histoire du Quebec.ca.

La Station touristique Duchesnay

La forêt qui entoure la Station touristique Duchesnay couvre un territoire de 89 kilomètres carrés en bordure du lac Saint-Joseph, l’un des principaux plans d’eau du bassin de la Jacques-Cartier. Une douzaine d’autres petits lacs et une tourbière agrémentent le secteur, qui abrite une faune et une flore très diversifiées.

Le nom de Duchesnay fut associé au territoire éponyme dès 1767, au moment où Antoine Juchereau – Duchesnay héritât de la seigneurie de Fossambault et y constituait le « domaine de Duchesnay ». On y exploite le bois dès la fin du XIXe siècle. La Couronne le récupère en 1932 pour y installer une école de gardes forestiers. Cédé par le gouvernement canadien à la Société des établissements de plein air (SEPAQ) en 1999, l’endroit devient la Station touristique Duchesnay, une attraction de premier plan pour la région de la Capitale-Nationale. Les activités offertes durant l’été incluent l’escalade, le tir à l’arc, la randonnée pédestre et le vélo. En hiver, le choix ne manque pas : ski de fond, pêche blanche, luge, traîneau à chiens, patinage… il y en a pour tous les goûts. Le célèbre Hôtel de Glace a hébergé un grand nombre de touristes pendant de longues années.(Source : Rivières du Québec, Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. Par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Les éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).

Pour en apprendre plus :

Mammouth de glace, une fête dans la station touristique Duchesny. . Photo : Histoire-du-Quebec.ca
Mammouth de glace, une fête dans la station touristique Duchesny. Photo : Histoire-du-Quebec.ca.

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