Sir Hiram Maxim et la locomotion aérienne : Une lettre de l’inventeur anglais
Le célèbre ingénieur anglais Maxim, l’inventeur des canons qui portent son nom, s’intéresse beaucoup aux questions de locomotive aérienne. L’un dernier, même, il a créé un prix de $250,000 qui sera attribué à l’inventeur qui, le premier, construira un engin dirigeable “plus lourd que l’air” pouvant emporter à son bord quatre personnes, et capable de fournir un parcours préalablement déterminé dans un temps donné.
Cet intérêt s’est accru encore chez lui, quand sir Hiram Maxim a su que les organisateurs de l’Exposition de Saint-Louis qui aura lieu l’an prochain, réserveraient une large place à l’aérostation et comptaient affecter une somme de $10,000 à l’organisation de plusieurs concours.
Le grand ingénieur avait même projeté de se rendre cet hiver, à Saint-Louis, pour étudier les dispositions du terrain et se renseigner plus complètement sur les bases et les conditions des concours. Une maladie de gorge l’a empêché de donner suite à son projet. Il vient donc d’écrire aux directeurs de la future Exposition américaine pour leur exposer longuement ses vues sur la question qui le captive.
Le fait que sir Hiram Maxim a déjà dépensé des sommes importantes en expériences aérostatiques donne une certaine autorité à ses avis.
Après avoir constaté l’excellente situation géographique de Saint-Louis sir Hiram Maxim écrit : « Quant à ce qui a rapport à la partie aérostatique de l’Exposition comme vous disposez de près de 500 hectares vous pourrez approprier, dans ce but, tout le terrain qui sera nécessaire. À Baldwyn’s Park, où je faisais mes expériences, j’avais une course libre de plus de 1,800 pieds, et malgré tout, l’espace n’était pas suffisant, de sorte que je me suis trouvé dans l’obligation de terminer mes expériences, quoique j’eusse à ma disposition plus de 16 hectares.
« Si vous avez l’intention de faire une exposition aéronautique, il sera nécessaire de faire élever un certain nombre de hangars. Ces bâtiments devraient avoir des dimensions suffisantes sans pouvoir servir à remiser soit des machines volantes, soit des ballons. » L’ingénieur anglais donne ensuite aux organisateurs quelques indications sur l’établissement même de ses hangars.
Puis, abordant l’étude des plus légers et des plus lourds que l’air, sir Hiram Maxim s’exprime ainsi :
« Une véritable machine volante, assez grande pour porter un homme, n’a pas encore été découverte, quoique de fortes sommes aient déjà été dépensées en expériences. » Un peu hardiment, peut-être, l’inventeur anglais continue :
Quant à ce qui concerne les ballons dirigeables, le gouvernement français a déjà dépensé une somme considérable et s’est rendu compte de l’impossibilité de faire un ballon qui puisse se diriger, même contre la plus petite brise.
Santos Dumont a peut-être fait mieux que tous les employés du gouvernement français qui avaient fait des expériences sur le même sujet, et je crois qu’il a été aussi loin qu’il est possible d’aller dans ce qui a rapport aux ballons dirigeables. Cependant, si nous voulons bien étudier les faits, nous pouvons, je crois, nous rendre compte que même le ballon de Santos-Dumont n’est pas capable de voyager assez vite dans l’air pour pouvoir lutter contre la plus petite brise.
En sorte que mon opinion est que, s’il y a une exposition de ballons dirigeables à l’exposition universelle de St-Louis, très peu de ceux-ci seront capables de retourner à leur point de départ. On se rendra compte que, dès que ces ballons commencent à s’élever, ils suivent la direction du vent, exactement comme tout autre ballon, quelle que soit la direction dans laquelle ils sont tournés, qu’ils atterrissent exactement comme tout autre ballon, et qu’ils devront être démontés et renvoyés à leur point de départ par des moyens de transport quelconques.
Parlant de ses projets personnels, sir Hiram Maxim écrit :
Pour moi, je ne sais pas encore si je m’attaquerai de nouveau à la question si importante de la direction des ballons. Quoi qu’il en soit, je serai très heureux d’envoyer à l’exposition universelle de Saint-Louis une de mes machines à vapeur qui est, je crois, considérant sa force, la plus légère qui ait jamais été produite.
Et très longuement, le célèbre Anglais parle des études qu’il a faites pour obtenir un moteur à vapeur en même temps très léger et très puissant. Puis il termine :
À l’époque où je faisais mes expériences, les machines à vapeur paraissaient être préférables aux autres. Depuis, cependant, je dois dire que plus de 25 millions de francs ont été dépensés dans les différents pays du monde en expérience avec des moteurs à pétrole, et que toutes ces expériences avaient pour but une grande force motrice jointe à une extrême légèreté.
Les personnes qui, maintenant, font des expériences avec les machines aéronautiques ont donc un avantage considérable sur celles qui expérimentaient il y a quelques années. Elles peuvent reprendre les machines où les inventeurs les ont laissées, et les perfectionner encore davantage sous le rapport de la légèreté et sans grande dépense. Il est évident que le moteur à pétrole est celui qui se prête le mieux maintenant aux expériences sur les machines aéronautiques.
Constatons que cette dernière opinion du célèbre ingénieur n’est pas celle du colonel Renard, dont on connaît la compétence en la mathématique de Chalais a renoncé, en effet, pour l’aérostat auquel il travaille et dont nous avons récemment parlé, à l’emploi d’un moteur à pétrole et a adopté un moteur électrique.
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