Le roi Henri IV
La réconciliation nationale
Henri IV (1589-1610), qui doit conquérir son trône à rassembler catholiques et protestants; il mène une politique extérieure pacifique et favorise l’essor économique du royaume.
Henri IV, roi de Navarre et duc de Bourbon, pouvait légitimement prétendre à la succession d’Henri III. Mais le Navarrais et aussi le chef de l’Union protestante, l’allié des réformés anglais et allemands, et à combattu les Ligueurs. Ceux-ci ne peuvent accepter ce nouveau roi huguenot et lui opposent le cardinal de Bourbon, oncle d’Henri de Navarre, proclamé roi de France, sous le nom de Charles X, en 1589.
La conquête du trône
Le future Henri IV doit se replier d’abord sur Dieppe, puis vers la Normandie, après avoir repoussé les attaques du duc de Mayenne allié aux Espagnols (batailles d’Arques et de Dreux), et avoir tenté à plusieurs reprises de prendre Paris (1589-1590). Mayenne tente alors vainement de faire accepter par les États généraux, après la mort du cardinal de Bourbon (1590), l’infante d’Espagne Isabelle comme reine de France. Mais après l’abjuration d’Henri de Navarre à Saint-Denis, en juillet 1593, les grands reconnaissent enfin sa légitimité. Ce rapprochement de la noblesse peut s’expliquer par l’épuisement du royaume, mais aussi par les mouvements paysans auxquels la classe seigneuriale doit faire face et où disparaissent les motivations religieuses pour faire place aux revendications anti-féodales. Ce sera en particulier le cas durant la révolte des « croquants », en 1594, écrasée par le nouveau roi.
L’Édit de Nantes
Henri IV est sacré à Chartres en février 1594, et entre en grande pompe dans Paris (mars 1594), acclamé par une population épuisée par la guerre civile. Absolus par le Pape, vainqueur des Espagnols à Fontaine-Françoise (juin 1595), le nouveau roi finit par rallier les derniers ligueurs et signe la paix de Vervins avec les Espagnols (1598). Par l’édit de Nantes, promulgué la même année, il instaure la liberté du culte protestant partout où il était pratiqué depuis 1596 (sauf à Paris et dans les résidences royales), rend leurs droits civiques aux réformés et leur accorde pour huit ans une centaine de places de sûreté. Bien que mal acceptée par les catholiques, cette politique nouvelle et exceptionnelle en Europe permet de ramener la paix religieuse.
Le redressement
Les dernières années du XVIe siècle permettront enfin l’amorce d’un redressement dans tous les domaines : réconciliation nationale grâce à l’appel aux affaires de personnalités des deux confessions, affirmation de l’autorité centrale et réorganisation de l’administration du royaume par la soumission des gouvernements de province, l’institution de lieutenants généraux et l’envoi de commissaires royaux, redressement des finances et du commerce, de l’industrie et de l’agriculture, grâce à l’action de conseilleurs dévoués et efficaces comme Sully, Barthélémy de Laffémas, ou Olivier de Serres.
Sully et les Finances
C’est ainsi que Maximilian de Béthune, duc de Sully, surintendant des Finances s’efforce de faire verser au Trésor les sommes perçues par les officiers royaux, établit un impôt nouveau, la « paulette », mais allège la taille frappant les paysans, qui bénéficient par ailleurs de la restitution de terrains communaux. Il annule les anoblissements accordés depuis 1578, et parvient à rétablir l’équilibre du budget de l’État. Sully entreprend également la rénovation et l’extension des voies de communication intérieures (routes, rivières, ponts et canaux), développe l’armement (il est aussi Grand Maître de l’artillerie royale) et les fortifications aux frontières (dont il est le surintendant).
Laffémas et le Commerce
Son action est étroitement liée à celle de Barthélémy de Laffémas, d’abord conseiller, puis contrôleur général du Commerce (1602). Laffémas préconise l’exportation de produits de luxe, l’appel aux artisans qualifiés étrangers, l’interdiction des exportations de matières premières utiles pour l’industrie, et la limitation des importations; il inspire l’édit de 1597 qui impose la maîtrise aux marchands, crée un conseil du commerce, pousse à la culture des mûriers. Cette politique dirigiste et mercantiliste favorise l’essor de l’industrie textile (tapisserie des Gobelins, draperie à Provins, soierie à Dourdan, dentelle à Senlis…), de la production des armes, du verre ou du cuir.
Olivier de Serres et d’Agriculture
L’agriculture bénéficie également d’un intérêt particulier, et de recherches spécifiques comme celles que mène Olivier de Serres : il expérimente dans son propre domaine de nouvelles méthodes d’assolement en supprimant la jachère, importe de Flandre la garance, d’Angleterre le houblon, d’Italie le maïs et le mûrier, et publie plusieurs traités sur l’agronomie et la culture des vers à soie. In encourage l’élevage, source d’engrais, l’assèchement des marais (en Poitou et Saintonge en particulier), ainsi que le reboisement.
D’autre part plusieurs expéditions outre-mer sont entreprises, comme celles du sieur de Monts en Acadie ou de Champlain au Canada, où il fonde Québec en 1608. Il est même envisagé de créer une compagnie des Indes orientales, en association avec les Hollandais qui tiennent les mers.
Une paix fragile
Cet essor économique et cette relative prospérité intérieure ne sont possibles que grâce à la paix civile et extérieure, à peine compromise par la révolte des Croquants en 1594, dans le Limousin et Périgord, et par une action militaire en Savoie (1601). Mais en 1610 le danger d’une alliance offensive de l’Espagne et des Impériaux catholiques (qui prennent Clèves et Juliers) pousse Henri IV à s’allier aux protestants allemands et à préparer la guerre. C’est alors qu’il est assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610, sans doute manipulé par les ultra-catholiques.
La succession d’Henri III
Henri III n’avait pas d’enfants, et son dernier frère, François d’Alençon, duc d’Anjou, était mort avant lui. Henri de Navarre apparaît comme l’héritier le plus légitime: il descend de Saint Louis par son fils Robert de Clermont (marié à Béatrice de Bourbon), a épousé en 1572 Marguerite de Valois, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, et a été pressenti par Henri III pour lui succéder sur le trône de France.
Henry IV et Marie de Médicis
Henri IV épouse en 1600 Marie de Médicis après avoir obtenu l’annulation de son premier mariage avec la nymphomane et comploteuse Marguerite de Valois. Notons qu’Henri IV n’était pas pour autant un modèle de fidélité conjugale, puisqu’il eut pour le mois quatre maîtresses « officielles » (dont Gabrielle d’Estrées) lui laissant huit bâtards reconnus, sans compter ses nombreuses aventures. Mais bien que Marie de Médicis ait eut six enfants d’Henri IV, elle ne lui est proche ni par le cœur ni par les convictions. Liée aux catholiques intransigeants, elle mène après la mort de son époux une politique contraire à la sienne, éloigne ses conseillers, appelle l’intrigant Concini, et se rapproche de l’Espagne.
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