L’île Bizard veut se séparer de la Communauté urbaine
de Montréal…
Île Bizard : On peut ne pas accorder d’importance à la chose. Ce n’est quand même pas une toute petite municipalité de 5, 800 habitants qui peut ébranler les fondements de la CUM. En fait, qu’elle se retire du tout ou qu’elle y demeure ne changera pas la vie de l’ensemble . Et ce n’est pas la plus petite partie de l’ensemble qui va pouvoir imposer ses volontés, brisant un pacte déjà vieux de dix ans et mettant en doute la valeur d u n e structure qu’on ne va sûrement pas abolir. Passe encore pour la réforme de la CUM, mais sûrement pas pour sa dislocation.
C’est sûrement le raisonnement que l’on se fait à Québec quand les élus de la petite communauté de l’île Bizard se présentent pour demander le retour à l’autonomie d’autrefois avec la pleine responsabilité de I administration municipale sur les services offerts aux administrés. Car c’est au chapitre des services que la population de l’île entretient des sujets de mécontentement.
L’île Bizard remet annuellement à la CUM un montant de taxes qu’elle évalue à $1,5 million. Ce qui représente une somme appréciable pour une aussi petite population. En retour, les contribuables attendent les mêmes services que tous ceux de la CUM : un service de police et un service de transport en commun équivalant à ceux dont bénéficient les autres partenaires de la CUM.
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Or, selon l’administration municipale, l’île ne compte même pas un poste de police. Et le service d’autobus serait extrêmement déficient. Les administrés se disent que le montant qu’ils versent à la CUM pourrait pourvoir à de meilleurs services et à meilleur prix. Ils en ont assez de se plaindre: ils demandent la séparation, ou, tout au moins, une certaine souveraineté-association. Le gouvernement de Québec est mal à l’aise, cela se comprend, de dire non à la proposition…
Regardons froidement la situation: est-il bien certain que l’île Bizard doive appartenir à la CUM ?
Il va de soi que I île Bizard ne se situe pas sur le territoire de l’île de Montréal. Elle est aussi près de l’île Jésus, au milieu de la rivière des Prairies, reliée à la rive nord de Montréal par un petit pont qui signifie autant son isolement que son rapprochement.
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Comme les autres municipalités de la CUM , l’île Bizard n’a pas choisi d’appartenir à la Communauté urbaine que le gouvernement de Québec a créée en 1970. Aussi comme les autres, elle a espéré y trouver, malgré tout, un certain profit qu’elle ne reconnaît pas aujourd’hui. Comme tous ceux qui se sentent lésés par une association défavorable, l’île Bizard , pouvant utiliser, plus que n’importe qui, l’avantage de sa situation géographique, demande de retrouver son autonomie d’antan.
Mais ce n’est pas une question de situation ou de territoire: il y a là une question de participation.
L’île Bizard n’est pas seule à se plaindre de la faible qualité des services offerts par la CUM en relation avec le prix qu’ils leur coûtent. Si la plus petite réussit à se séparer du tout, il ne faudrait pas être surpris que plusieurs autres la suivent. Et ce serait dommage. Car malgré ses faiblesses et ses déficiences, la CUM demeure encore le meilleur outil de partage de services pour les habitants de l’île de Montréal. On ne peut se permettre de s’en passer.
Mais il est urgent que les membres de la CUM, et non le ministère des Affaires municipales, s’occupent de répondre aux attentes de la plus petite qui , comme dans les familles, doit crier le plus fort pour se faire entendre.