Les guerres napoléoniennes (1805 – 1815)
Le nouvel Alexandre
Guerres napoléoniennes : Proclamé Empereur, Napoléon mène aussitôt une politique expansionniste qui provoque une alliance anglo-russe (avril 1805) à laquelle s’associent l’Autriche et la Suède.
Dès le début de 1805 Napoléon annexe la République Ligurienne, prend le titre de roi d’Italie et restaure une monarchie pro-française en Hollande. Cela conduit à une coalition contre la France.
Trafalgar et Austerlitz (guerres napoléoniennes)
L’ennemi principal aux yeux de l’Empereur est l’Angleterre, qu’il se propose d’envahir. Mais un tel débarquement implique l’éloignement de la flotte anglaise de la Manche que des escadres françaises tentent en vain de provoquer par des manœuvres de diversion. La flotte française étant bloquée dans Cadix par les Anglais, l’Empereur, voulant brusquer les choses, ordonne une sortie : elle se solde par la défaite au large de Trafalgar (21 octobre 1805), qui laisse à l’Angleterre le contrôle des mers et rend son invasion impossible.
Mais avant même cette défaite, Napoléon, craignant une attaque autrichienne à l’est, a levé le camp de Boulogne (où se concentraient des troupes qui devaient débarquer en Angleterre) pour se porter en toute hâte vers Mayence. In contraint l’armée autrichienne du général Mack à capituler (Ulm, 20 octobre 1805), puis entre dans Vienne le 14 novembre, avant de poursuivre les Autrichiens et les Russes en Moravie. Grâce à la rapidité de son mouvement et à des manœuvres habiles, Napoléon réussit à attirer les Austro-Russes sur le plateau de Pratzen, et remporte la bataille d’Austerlitz (2 décembre 1805), un an jour par jour après le sacre impérial.
Le « Grand Empire »
Napoléon commence alors l’organisation du « Grand Empire » : durant l’année 1806, ses frères Joseph et Louis deviennent respectivement roi de Naples et roi de Hollande; son autre frère Jérôme épouse une princesse de Wurtemberg et Eugène de Beauharnais, la fille du roi de Bavière, alors que Murat reçoit le grand-duché de Berg. D’autre part, seize États allemand constituent la Confédération du Rhin, dont Napoléon est le Protecteur; celle-ci doit à la France une aide militaire et financière.
Face à cette politique, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III négocie secrètement avec l’Angleterre et la Russie, et adresse un ultimatum à la France, la sommant de retirer ses troupes au-delà du Rhin (26 septembre 1806). La réponse de Napoléon est fulgurante : le 14 octobre, l’armée française écrase les Prussiens à Iéna et Auerstaedt, et le 27 octobre l’Empereur entre à Berlin; l’Électeur du Saxe est fait roi d’une Prusse qui entre dans la Confédération du Rhin.
Un mois plus tard, les Français sont à Varsovie (27 novembre) et menacent le nord-est de la Prusse. Attaqués par l’armée russe ils doivent livrer la terrible bataille d’Eylau, qui fait plus de 40 mille morts, et à l’issue de laquelle les Russes se replient sans avoir été véritablement défaits (9 février 1807). Après le siège et l’occupation de Dantzig (26 mai), la bataille de Friedland (14 juin) se termine par l’écrasement de l’armée russe, et oblige le tsar à traiter et à rompre avec l’Angleterre.
Après Austerlitz
L’Empereur d’Autriche François II doit signer le Traité de Presbourg (26 décembre 1805) pour lequel l’Autriche perd la Vénétie, l’Istrie, la Dalatie, alors que la Bavière et le Wutemberg deviennent des royaumes indépendants, reçoivent des territoires qui appartiennent à l’Autriche (dont le Tyrol et la Souabe); l’ancien Saint-Empire romain germanique se trouve disloqué et François II n’est plus que l’Empereur de la seule Autriche. D’autre part, la Prusse signe avec la France le traité de Schoenbrunn (15 décembre) le détournant de l’alliance avec l’Autriche. La Russie se retrouve isolée.
La guerre d’Espagne
Mais pour que l’isolement économique de l’Angleterre soit total, il reste à la France qui contrôle avec ses alliés tous les ports de la Baltique aux Pyrénées de s’implanter en Espagne et au Portugal.
Par le traité de Fontainbleu (27 octobre 1807), la France et l’Espagne s’entendent pour se partager le Portugal. Napoléon s’en profite pour s’immiscer dans les querelles monarchiques espagnoles et occuper une partie du pays. Le 2 mai 1808 éclate l’insurrection madrilène impitoyablement réprimée par Murat. Cela va déclencher un soulèvement général contre les Français, d’autant plus que Joseph Bonaparte est fait roi d’Espagne, Murat lui succédant sur le trône de Naples.
L’armée française a alors à faire face à une guérrilla totale à laquelle elle répond par une répression brutale mais inefficace. L’armée du général Dupont doit même capituler à Bailén le 21 juillet et celle de Junot à Cintra, au Portugal, face à une intervention anglaise de Wellington (20 août).
Napoléon décide d’intervenir lui-même en Espagne à la tête d’une armée de 200 mille hommes. Les Français réussiront, au prix de durs combats, à reprendre plusieurs grandes villes (Burgos, Valladolid, Saragosse) et à forcer les Anglais à quitter l’Espagne (début 1809). Napoléon prend alors des mesures visant à moderniser le système économique et juridique espagnol; mais elles ne sont pas acceptées par le peuple espagnol solidairement hostile à la présence française.
Le traité de Tilsit
Après la victoire de Friedland contre les Russes, Napoléon et Alexandre 1er ont une entrevue sue le Niémen, qui débouche sur le traité de Tilsit, signé le 7 juillet 1807 : la Prusse est dépecée et les terres à l’ouest forment le royaume de Westphalie attribué à Jérôme Bonaparte; la partie prussienne de la Pologne est transformée en Grand-duché de Varsovie. D’autre part, la Russie doit participer au Blocus continental contre l’Angleterre.
La révolte autrichienne
La résistance espagnole a pour conséquence de faire renaître les idées de révolte contre la France. Déjà le 27 septembre 1808, le tsar Alexandre Ier n’avait rien cédé à Napoléon lors de l’entrevue d’Erfurt; en avril 1809, l’Autriche, soutenue par les Anglais, envahit la Bavière et le grand-duché de Varsovie.
La riposte impériale va être immédiate : après la victoire d’Eckmuhl (23 avril 1809), Napoléon franchit le Danube, prend Ratisborne, et entre dans Vienne le 12 mai. Mais les Français sont arrêtés à Essling (21-22 mai).
Napoléon reprend l’offensive et remporte le 6 juillet la bataille de Wagram malgré des pertes élevées (20 mille hommes).
François II d’Autriche doit alors accepter le Traité de Vienne (14 octobre 1809) par lequel il perd des territoires à l’ouest (rattachés à la Bavière), au sud (formation des Provinces Illyriennes) et à l’est (au profit de la Russie et du duché de Varsovie). De plus, Napoléon (qui s’est séparé de Joséphine et n’a pu obtenir la main d’une sœur du Tsar) épouse Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche, en avril 1810. Ce second mariage coïncide avec une période de paix, qui dure jusqu’au milieu de 1812.
La Campagne de Russie
Mais les nouveaux empiétements territoriaux qu’impose Napoléon (annexion du Valais et du Tessin, du royaume de Hollande dont Louis Bonaparte est roi, d’une partie de la Wesphalie…), la séquestration du Pape Pie VII à Fointainbleu, la poursuite de la résistance espagnole, et les difficultés provoquées par le blocus continental ne peuvent que susciter une reprise générale des hostilités.
C’est la Russie, ne pouvant plus exporter son blé et son bois vers l’Angleterre et dont le tsar Alexandre 1er a épousé une Anglaise, qui prend l’initiative : elle exige que la France évacue la Pruse et la Poméranie. Saisissant ce prétexte, Napoléon entreprend, le 22 juin 1812, la campagne de Russie, avec 700 mille soldats, dont moins de la moitié sont Français.
Les armées russes de Bagration et Barclay de Tolly reculent devant l’avance française en Lituanie du Sud (été 1812). S’approchant de Moscou, les Français doivent livrer la terrible bataille de Borodino (7 septembre) contre Koutousov. Celui-ci finit par se retirer, préférant laisser Napoléon entrer dans Moscou à risquer de perdre la guerre en un seul combat.
De fait, Napoléon perd un mois dans Moscou à hésiter sur la marche à suivre. Quand il se décide à prendre la route du retour (le 19 octobre), la Grande Armée, déjà éprouvée, doit affronter des difficultés de ravitaillement, les premiers grands froids et le harcèlement des compagnies russes; menacée par les troupes de Koutousof, elle passe la Bérézina dans les conditions dramatiques (26-28 novembre 1812). Napoléon laisse alors le reste de l’armée au maréchal Ney, et rentre rapidement en France, où la conspiration du général Malet a échoué de peu (il avait annoncé la mort de l’Empereur et tenté de créer un gouvernement provisoire).
Vers l’abdication
Mais la présence de l’armée russe en Prusse provoque un soulèvement anti-français, une alliance russo-prussienne et la dissolution de la Confédération du Rhin.
Napoléon réussit à reformer une armée avec de jeunes conscrits, et bat les Russes et les Prussiens à Lutzen et Baurzen (2 et 20 mai 1815) avant de signer l’armistice de Plezwitz (4 juin). Mais cela permet aux vaincus de se ressaisir et de recevoir l’aide de l’Autriche.
Les coalisés remportent alors la bataille dite « des Nations », près de Leipzig (16-19 octobre 1813). Napoléon parvient néanmoins à se replier sur la rive gauche du Rhin, mais partout les troupes françaises reculent et les territoires de l’Empire retrouvent leur autonomie.
Durant l’hiver 1813-1814, la France doit faire face à une triple invasion (celles des armées de Bernadotte, Blücher et Schwarzenberg). Malgré les victoires de Napoléon à Champaubert Vauchamp et Montrmiail (10, 14 et 17 février 1814), les coalisés qui ont signé le pacte de Chaumont le 9 mars, poursuivent leur avance et menacent Paris.
Le 30 mars 1814, les armées de Mortier et Marmont capitulent, et le lendemain le tsar et le roi de Prusse entrent dans Paris. Le 3 avril, l’Empereur est déchu par le Sénat et le Corps législatif. Le 6 avril, Napoléon abdique au milieu de ses soldats à Fontainbleau. Il est exilé à l’Île d’Elbe, qu’il gagne dans des conditions difficiles, protégé par les Autrichiens de la vindicte de la population du sud de la France.
L’armée impériale
L’Empereur s’appuie sur une armée importante (près de 600 000 hommes en 1805), constituée d’un amalgame de vétérans des guerres de l’époque révolutionnaire, de conscrits sans expérience tirés au sort (les plus fortunés pouvant acheter un remplaçant), et de contingents envoyés par les pays alliés ou soumis. Si la garde impériale constitue un corps d’élite exceptionnel, qui compte jusqu’à 80 000 soldats, le reste de l’armée compense son immaturité par un enthousiasme alimenté par les victoires successives. Par la suite, les revers de 1812, la levée en masse de 1814 et les difficultés de cette période, augmentent le nombre de réfractaires de désertions, alors que disparaissent les régiments étrangers. Aussi l’armée de ces dernières années vaut surtout par l’ardeur des nouveaux conscrits qui croient encore au mythe impérial.
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