Les guerres entre les tribus amérindiennes
La guerre faisait partie intégrante de la structure sociale et politique des tribus indiennes. Ces dernières n’avaient pas pour habitude de la déclarer pour conquérir des territoires appartenant à autrui, mais de fréquentes razzias et de constantes incursions de nature belliqueuse provoquaient un état de guerre permanent entre les tribus.
Les anthropologues soulignent l’aspect ritualiste de la guerre entre les tribus indiennes et démontrent qu’elle participait du fonctionnement même de la société des Amérindiens. Selon Philippe Jacquin, la guerre remplit deux fonctions : d’un côté, elle apparaît comme un rituel nécessaire à la stabilité du groupe, en empêchant la formation de communautés trop vastes et l’émergence d’un seul état dominant. De l’autre, les tribus ont toujours des ennemis, non pas pour leur disputer des territoires ou des ressources naturelles, mais simplement pour accomplir des rites signifiants.
Les actes de guerre étaient, en effet, souvent un moyen pour les jeunes guerriers de prouver leur valeur aux autres guerriers de la tribu ou aux tribus voisines. Chez les Peaux-Rouges des Grandes Plaines, les plus belliqueux, guerroyer devint même obligatoire pour tous les jeunes hommes à la recherche de leur place au sein de la tribu. Leurs exploits étaient relatés et contribuaient nettement à accroître leur prestige.
Ce n’est donc pas un hasard si l’état de guerre et son cortège d’actions belliqueuses s’accompagnât de rites de nature religieuse complexes. Les guerriers se peignaient le visage et le corps, se réunissaient en groupe pour danser avec leurs armes et entonner des chants de guerre.
Parmi les causes à l’origine des guerres entre les tribus indiennes figurent principalement les querelles pour une femme ou pour défendre les terrains de chasse; les pillages, la vengeance, mais aussi la capture d’esclaves (bien que leur nombre dans les tribus ait toujours été très restreint). Le vol de chevaux constituait une autre source d’immense prestige au sein de la tribu : si l’on en croit les estimations de plusieurs spécialistes, le nombre de chevaux volés chez les Indiens des Grandes Plaines, était cent fois supérieur à celui des chevaux acquis à l’occasion d’échanges officiels et légitimes.
Dans la plupart des cas, la guerre était de courte durée, et les guerriers d’une tribu ne participaient pas forcément tous aux combats. Les vaincus n’étaient jamais exterminés, et la victoire des uns entraînait très rarement l’expropriation ou la prise de possession des territoires des autres.
Ce sont, en revanche, les colonisateurs qui introduisirent le concept de guerre de conquête territoriale et d’extermination des ennemies : lorsque la progression des Européens s’intensifia et que le continent américain devint le prolongement du conflit politique et militaire en cours dans l’Ancien Monde, les Blancs impliquèrent les Indiens dans leurs guerres, en concluant des alliances et en vendant des armes ou de l’alcool, et en apprenant aux Peaux-Rouges à combattre par esprit de conquête et pour anéantir l’ennemi.