La guerre des Sept Ans et les dernières heures de la Nouvelle-France
1755 – 1763
Même si l’Amérique du Nord connaît une période de paix de 1713 à 1744, les autorités coloniales de chaque côté de l’immense frontière qui les sépare sont occupées à renforcer leurs positions.
À l’époque, les forts français protègent les Grands Lacs, mais la route reliant cette région à la Louisiane reste à la merci des colonies britanniques de la côte de l’Atlantique.
Lorsque les traiteurs de la Pennsylvanie et de la Virginie franchissent la barrière naturelle des Appalaches par la vallée de l’Ohio, les autorités françaises réagissent pour faire valoir leurs droits sur ce territoire découvert pour les Européens et exploré par Robert Cavelier de La Salle. Cette querelle de frontière déclenche les hostilités entre les deux empires en 1754, soit deux ans avant le début de la guerre de Sept Ans.
L’affrontement est devenu inévitable, mais avec une population qui dépasse le million d’habitants, les Treize colonies américaines se trouvent à l’endroit sur le littoral atlantique où elles sont restées cantonnées jusque-là. Par contre, les 55 mille colons d’origine française peuvent difficilement enrayer ce mouvement vers l’ouest.
Derrière cet enjeu territorial se profile aussi un affrontement entre deux civilisations. La longue rivalité entre la France et l’Angleterre pour la suprématie dans le monde occidental tournera finalement à l’avantage de la première, dont l’empire s’étendra à son apogée aux quatre coins de la planète.
La Conquête
La stratégie de la France consiste à contenir les envahisseurs le plus loin possible du cœur de la colonie. Les forces françaises parviennent à tenir les Britanniques en échec durant les trois premières années de la guerre. La bataille de Carillon sera la plus grande victoire française au Canada, mais déjà l’issue du conflit ne plus aucun doute. La progression des armées britanniques sur trois fronts, soit le lac Champlain, le fleuve Saint-Laurent et les Grands Lacs, force le repli des Français vers le corridor du Saint-Laurent.
La forteresse de Louisbourg est prise une seconde fois le 26 juillet 1758. La ville de Québec est assiégée l’été suivant et capitule peu après la bataille des plaines d’Abraham au mois de septembre 1759.
Les derniers éléments de l’armée française se regroupent alors à Montréal pour reprendre la capitale. En dépit de la victoire des troupes du chevalier de Lévis à Sainte-Foy, les Français renoncent à poursuivre le siège de la ville après que l’arrivée de vaisseaux anglais dans le port a anéanti tout espoir d’obtenir du renfort de la France.
Les troupes françaises reprennent donc le chemin de Montréal où le gouverneur Vaudreuil se résout à signer la capitulation du pays le 8 septembre 1760.
La population juge la capitulation avantageuse. En attendant l’issue de la guerre en Europe, la colonie est divisée en trois districts administrés par des militaires qui tiennent leurs instructions du commandant de l’armée britannique, Jeffrey Amherst.
Le général Amherst assume la responsabilité de gouverneur général depuis son quartier général de New York. Le district de Québec est dirigé par James Murray qui s’efforce de respecter les lois, institutions et coutumes françaises. Murray s’entoure d’un conseil, qui fait office de cour d’appel, conserve les lois civiles françaises et confie de nouvelles responsabilités aux officiers de milice.
Le traité de Paris, signé le 10 février 1763, met fin au régime militaire sur le territoire de l’ancienne Nouvelle-France qui est rayée de la carte. Le Canada sera désormais une colonie britannique.