La guerre d’Espagne et le Québec

La guerre d’Espagne et le Québec

La guerre d’Espagne et le Québec : Le 18 juillet 1936 éclate en Espagne une rébellion nationaliste-fasciste contre le gouvernement du Front populaire. Ainsi la guerre civile qui s’ensuit durera jusqu’au printemps 1939. Plusieurs pays et un grand nombre de mouvements et partis de gauche et de droite y seront impliqués d’une façon directe ou indirecte.

L`Italie de Mussolini envoie en Espagne une force expéditionnaire de cinquante mille hommes. L`Allemagne de Hitler déploie la légion d’aviation Condor, avec 100 avions et 5000 mille pilotes. De son côté, l’Union Soviétique envoie des milliers de conseillers militaires et de pilotes pour soutenir le gouvernement républicain. Parallèlement, des dizaines de milliers d’adversaires du fascisme intègrent les Brigades Internationales.

Le Canada n’est pas en reste. Mais au Québec, les opinions sont divisées.

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Après la crise économique de 1929, la doctrine du corporatisme fait de plus en plus d’adeptes, popularisant ainsi le fascisme au sein de la population de la province. En outre, dans une société très cléricale comme celle du Québec de l’époque, l’Église n’est pas sans éprouver certaines affinités avec les mouvements européens fascistes, catholiques et nationalistes.

En toute logique, des journaux comme L`Action catholique, La Nation, et l’Ordre, appuient ouvertement Benito Mussolini et Francisco Franco.

Le célèbre journaliste québécois Omer Héroux, du journal Le Devoir, s’oppose également vigoureusement à l’appui aux républicains d’Espagne. Et, s’il ne se joint pas ouvertement aux partisans des nationalistes espagnols, il invoque plutôt une certaine neutralité.

En tout cas, la majorité des québécois francophones ne sont pas opposés, voire sont carrément favorables aux armées franquistes qui se présentent comme les défenseurs de l’Église catholique, des valeurs nationalistes, de la famille et des traditions séculaires.

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Cependant, on trouve aussi plusieurs Canadiens français qui tentent de faire entendre une autre voix. Ainsi, dans les organes de presse tels que Le Canada, Le Jour et La Clarté, des intellectuels se rallient pour dénoncer le fascisme.

Le 1er juillet 1937, à Albacete, le bataillon des volontaires canadiens, partisans de la république espagnole, est formé. Ce bataillon porte le nom du bataillon Mackenzie-Papineau, soit les noms des leaders des rébellions contre la Grande-Bretagne en 1837-1938. Ces soldats seront connus comme les Mac-Paps.

Cependant, sur les 1300 hommes qui composent le bataillon, les Canadiens français ne comptent qu’une centaine d’hommes. On trouve également un petit nombre de Québécois qui servent dans d’autres unités des Brigades internationales ou dans l’Armée républicaine.

Hymne du Bataillon Abraham Lincoln (plus tard, Brigade Lincoln), dont les Mac-Paps faisaient partie

Rappelons, à titre d’exemple, le docteur Norman Bethune, le Canadien le plus célèbre parmi eux, fondateur du service de transfusion sanguine des forces républicaines qui a vécu au Québec pendant cinq ans.

Au Québec, on organise des assemblées et des conférences pour expliquer la cause républicaine. André Malraux, François Mauriac et d’autres écrivains et intellectuels français viennent donner des conférences à Montréal. Force est pourtant de constater la présence d’un auditoire majoritairement anglophone et allophone.

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Faut-il voir dans cette situation l’influence de l’Église catholique du Québec? Ou encore un nouvel effet du légendaire «pacifisme» québécois? Ou plus simplement le désintérêt d’une certaine partie de la population québécoise pour ce qui se passe à l’extérieur des frontières de sa charmante province ?

En Europe, sur près de 1500 Mac-Paps, la moitié perdra la vie au cours des combats.

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Logo de l’Association des vétérans du bataillon Mackenzie-Papineau.

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La guerre d’Espagne. Monument aux Mac-Paps à Ottawa. Au 100, Promenade Sussex. Photo : © Histoire-du-Québec.ca.

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