Guerre canado-américaine

Guerre canado-américaine de 1812-1815

Les petites causes produisent parfois de grands effets. Ce fut un peu le cas pour la guerre canado-américaine de 1812.

Le gouverneur Craig, en 1809, avait confié à un nommé John Henry, commerçant de Montréal, une mission secrète aux Etats-Unis. Henry devait se renseigner là-bas sur les courants d’opinion, hostiles à l’Angleterre, et sur la politique étrangère du gouvernement américain.

Trois ans plus tard, Henry vendit au président Madison la correspondance échangée entre lui-même et le gouverneur du Canada. Il en fut payé $50,000 (Au dire du lieutenant-gouverneur Frs. Gore, John Henry était un aventurier irlandais, auquel on avait refusé une place juge dans le Haut-Canada).

Quand on apprit à Londres la trahison de l’espion, lord Castlereah se hâta de déclarer au prince régent que le gouvernement de sa majesté, dont il était alors secrétaire pour les colonies, avait ignoré dans le temps le vrai caractère de la mission confiée à John Henry. Il assurait aussi au gouvernement américain que la métropole n’avait donné ni pouvoirs ni instructions à Craig pour l’envoi d’aucune miss on de ce genre aux États-Unis. Castlereah avouait cependant avoir été avisé des démarches secrètes de Henry; mais il le croyait envoyé en territoire américain en quête de renseignements sur les préparatifs militaires qui pouvaient s’y faire, en vue d’une invasion projetée du Canada. De fait la mission secrète avait duré du 6 février au 22 mai 1809 et toute la correspondance se rattachant à cette affaire avait été envoyée à Londres le 9 juin suivant ainsi que le rapport de l’espion. On ne sache pas que le ministre, mis au courant du caractère réel de l’aventure, l’ait alors désapprouvée, ou qu’il en ait blâmé sir James Craig. (On trouvera les pièces justificatives de cette affaire dans le Rapport sur les Archives Canadiennes, par D. Brymner, 1893).

Le président Madison, plutôt sympathique à Napoléon dans sa lutte contre l’empire britannique, ne demandait qu’un prétexte pour chercher noise à l’Angleterre. Il fit lire les petits papiers Craig-Henry devant les membres du Congrès et la guerre fut déclarée le 18 juin 1812.

Il n’entre pas dans le cadre de cet ouvrage de faire le récit du conflit canado-américain. Nous devons toutefois en rapporter les épisodes qui se rattachent à l’histoire de Montréal.

Si les Américains avaient compté sur les luttes politiques et les divisions de races pour gagner à leur cause la population du Canada, comme au temps de la guerre de l’Indépendance, ils furent bientôt désabusés. Jamais Canadiens et Anglais ne furent aussi unis pour la défense de leur patrie commune.

Le grand-vicaire de Montréal, M. Roux, supérieur du Séminaire, publia à cette occasion un mandement sur les devoirs des citoyens en cette occurrence, (3 juillet 1812).

Au mois d’octobre, Mgr Plessis, de son côté, faisait con naître au peuple la « parfaite satisfaction du gouverneurPrévost au sujet de la levée des bataillons de la milice volontaire, surtout recrutés dans le district de Montréal.

Le peuple voulait défendre son bien contre les entreprises américaines, mais allait-il jusqu’à souhaiter l’écrasement de la France par l’Angleterre ? Il est possible qu’à la fin de la guerre, le haut clergé ait dépassé les véritables sentiments du peuple en ces jours d’inquiétudes et de troubles. Quoi qu’il en soit, le 31 mars 1814, Mgr Plessis ordonna des prières publiques pour remercier Dieu des revers éprouvés par l’empereur des Français; Mgr Panet, à son tour, demandait d’autres prières publiques pour la victoire des Anglais à Waterloo et l’abdication de Napoléon.

Le parlement bas-canadien avait passé une loi pour verser dans la force permanente une partie de la milice sédentaire. Dès le mois d’avril, le général Prévost avait accepté l’offre de service de cinq cents Canadiens, qui devaient former un corps de voltigeurs sous les ordres du lieutenant-colonel de Salaberry. Mais les autorités mili taires réduisirent ce chiffre à trois cents unités pour les voltigeurs. Dans la suite, trois bataillons d’élite furent aussi recrutés parmi les Canadiens et les Anglais. En un rien de temps, voltigeurs et bataillons d’élite remplirent leurs cadres de volontaires recrutés à Montréal et dans les paroisses environnantes.

Le général Prévost établit les quartiers de l’armée de l’Est à Montréal pour s’opposer à toute tentative d’invasion américaine de ce côté.

On sait que la guerre commença dans le Haut-Canada et que les débuts n’en furent pas brillants pour les Améri cains. Le général Hull, quoique solidement retranché dans la ville de Détroit, à la tête de 2,500 hommes, se rendit tout de suite aux sommations du général anglais

Isaac Brock, qui avait pu rassembler à la hâte 700 réguliers et miliciens et 600 sauvages. Hull n’opposa aucune résistance à Brock et se rendit prisonnier sans conditions avec tous ses soldats, le 16 août 1812 (Dans son histoire des États-Unis, Adams rapporte que Hull, prenant connaissance de l’audacieuse sommation de Brock, s’emplit inconsciemment la bouche de tabac, au point que la salive jaune se répandait sur sa barbe, sa cravate et son veston).

Un immense butin s’ajoutait à cette capture importante et inattendue: un brick armé, vingt-cinq pièces d’artillerie, d’abondantes munitions et provisions de bouche.

Le général Hull, vingt-deux officiers et 343 soldats furent aussitôt dirigés sur Montréal sous escorte. Le « Herald » commentait ainsi l’arrivée des prisonniers de guerre: On ne s’attendait pas à ce que le général Hull, à la tête de son armée, dût entrer si tôt dans nos murs; cela dépasse vraiment notre attente. Nous sommes ce pendant heureux de le recevoir avec tous les honneurs dûs à son rang.

Hull, présenté au gouverneur anglais, demeura à l’hôtel du gouvernement, tandis que les officiers furent logés à l’hôtel Holmes, et les soldats envoyés dans les casernes. Le général, hôte obligé du gouverneur, fut bientôt échangé contre trente soldats anglais, prisonniers des Américains. Le malheureux général passa en cour martiale et fut condamné à mort; mais le président Madison le gracia à cause de ses bons états de service antérieurs.

Pour en apprendre plus :

blanches
Fleurs blanches. Photo d’Histoire du Québec.ca.

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