La grippe espagnole au Québec
En 1918, on a recensé environ un demi-million de Québécois atteints de la maladie; au moins 14 mille en sont morts.
Septembre 1918
La grippe espagnole au Québec : La Grande guerre s’achève enfin quand cette grippe mortelle débarque chez nous. C’est à tort qu’on la qualifie d’« espagnole », puisque, d’après les scientifiques, c’est plutôt en Russie qu’elle a pris naissance, au début de l’automne 1917, sur le front de l’Est. Puis la grippe espagnole se propage jusqu’en Espagne, où elle arrive en mai 1918. Quelques jours plus tard, les journaux de Boston et de New York en parlent à pleines pages.
Le 23 septembre 1918, on rapporte que les corps de soldats américains, morts dans le port de Québec de la terrible maladie, sont transportés sans précaution à la morgue. Les autorités de la vieille capitale refusent de déclarer l’état d’urgence. Aussi, d’autres villes québécoises sont-elles rapidement touchées : Victoriaville, Arthabaska, Trois-Rivières, Richmond.
Ce sont les soldats revenus des vieux pays qui propagent la maladie. Le 7 octobre 1918, on dénombre à Saint-Jean 622 cas dont 34 sont mortels. Puis c’est le tour de la métropole : 213 soldats y sont déclarés malades; plusieurs autres sèment sans le savoir la maladie autour d’eaux. On déconseille aux gens de fréquenter les endroits publics Même les temples religieux sont fermés et les cérémonies funéraires, reportées au printemps. La plupart des familles sont touchées. Le père de Marcel Tessier a connu une dont tous les membres sont morts de la grippe espagnole et ont été enterrés dans des fosses communes.
Les remèdes
Imaginez un instant la détresse de ces gens enracinés dans la foi catholique, privés de leurs églises, ces lieux bénits où ils se rassemblent pour prier aux moments les plus sombres et les plus difficiles de leur existence. Ils se laissent dire, par-ci par-là, que Dieu, le Dieu vengeur, punit par ce moyen ceux et celles qui ont été oubliés par la guerre. Alors ils redoublent de prières.
Et ils se soignent comme ils le peuvent, avec toutes sortes de remèdes maison : tisanes, onguents faits d’un mélange de soufre et de mélasse, pièce de flanelle rouge placées sur les poumons et sur le dos, morceaux de camphre ensachés dans du coton et accrochés au cou, mouches de moutarde et autres cataplasmes antiphlogistiques.
La fin de l’épidémie
Naturellement, et comme toujours, des compagnies vont tirer profit de la situation. Aussi voit-on apparaître une foule de produits miracles. Par exemple, l’eau Riga. On peut lire dans le journal La Presse du 31 octobre 1918 : « L’illustre Dr Metchinikoff a démontré que les maladies contagieuses attaquaient de préférence les constipés. Ce qu’il recommande en cas d’épidémie, c’est de libérer l’intestin, de le vider fréquemment en emзloyant un purgatif, l’eau purgative Riga. Suivez son conseil, vous vous en trouverez bien, »
L’épidémie finit par se résorber. Le 10 novembre, les églises sont rouvertes. Ce sont les jeunes et les personnes âgées qui ont le plus été touchés par la terrible maladie.
(Source : Marcel Tessier raconte, chroniques d’histoire, Éditions de l’homme, 2000. Tome 1).
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