La grippe espagnole de 1918
La grippe espagnole, c’est la pandémie la plus dévastatrice qui ait frappé le monde au XXe siècle. Elle a fait 100 millions de morts, soit plus que les deux guerres mondiales.
La première vague de la maladie fait son apparition en Chine au printemps 1918. La grippe est très contagieuse et se répand à une vitesse vertigineuse.
Ce nom de grippe espagnole lui est donné en France, où l’on croyait, à tort, qu’elle avait été ramenée dans des boîtes de conserves en provenance d’Espagne au cours de l’automne 1918, tuant des millions de personnes inexplicablement, parfois en quelques heures. Des gens apparemment en bonne santé vont se coucher le soir, pour ne plus jamais se réveiller.
Les Canadiens ne sont pas épargnés. C’est d’abord en France et en Belgique que des milliers de soldats canadiens sont infectés. De jeunes recrues en pleine forme se retrouvent cloués au lit et meurent dans les deux jours qui suivent.
Puis la grippe débarque sur le continent américain. On est d’avis que la calamité est arrivée en Amérique sur le navire médical Araguaya, qui est parti d’Angleterre le 26 juin 1918, et sur lequel un bon nombre de blessés étaient infectés par le virus.
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La maladie pénètre aux États-Unis avant de se répandre au Canada. Vers le début du mois d’octobre, la grippe espagnole envahit la ville de Montréal qui, suivant l’exemple des villes américaines où le fléau tue des dizaines de milliers de personnes par jour, décide de fermer tous les lieux de réunion publique.
La panique s’installe. Les services commencent à faire défaut lorsque que les employés succombent au virus, ou qu’ils refusent de se rendre au travail.
Le port d’un masque de gaze devient une vision familière.
En octobre 1918, dans les grandes villes américaines, on utilise une pelle à vapeur pour creuser des tranchées afin d’enterrer temporairement les corps des victimes.
Au Québec, à partir du 8 octobre 1918, les théâtres, écoles, cinémas, salles de danse et autres lieux publics sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Cette disposition est émise le matin du 8 octobre, et entre en vigueur immédiatement. Seules les églises restent ouvertes…
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L’archevêque de Montréal lance un appel aux citoyens: «Avant tout, recourons à la prière. Supplions le Seigneur d’épargner notre cité et notre pays. Recourons à la Vierge Marie, Notre-Dame-de-Bon-Secours, et disons fidèlement le chapelet à cette intention …».
Malgré toutes les tentatives pour faire front, la pandémie se répand, tuant de nouvelles victimes dans toutes les régions du Québec. Des camps de bûcherons du nord jusqu’aux villages miniers du sud, toutes les localités sont touchées et les autorités restent démunies face à ce terrible fléau. Il ne reste plus que la prière…
Et puis… plus rien! La grippe espagnole disparaît subitement. À la fin du printemps 1919, il ne reste plus que le souvenir d’un cauchemar qui a fait 50 000 morts au Canada, un million aux États-Unis et 100 millions dans le monde entier (on a parlé pendant des années de 20 à 50 millions de victimes, mais des études récentes ont confirmé ce nouveau chiffre de 100 millions de morts).
Personne ne sait au juste ce qui s’est passé et ce qui a fait disparaître la maladie. Les mesures de quarantaine ont-elles aidé ? Un des remèdes essayé s’est-il révélé efficace ? La prière collective a-t-elle décidé du sort de l’humanité ? On n’a pas de réponse. Mais pour cette fois, le monde se sauve…
D’autres pandémies de grippe ont eu lieu, mais elles furent beaucoup moins meurtrières. La plus grave, la grippe asiatique, a frappé en 1957 et a causé 4 millions de morts. La grippe de Hong-Kong de 1968 a fait quant à elle 2 millions de morts.
On sait aujourd’hui que c’est la souche H1N1 qui a provoqué la grippe espagnole. Cette souche est particulièrement virulente et contagieuse.