L’industrie du bois paralysée par des grèves
Répercussions économiques aux États-Unis et au Canada – Liaisons des questions sociales et des questions économiques
Portland, Oregon, 15 juin 1935. – Dans le nord-ouest des États-Unis, en particulier dans les États de Washington et de l’Oregon, l’industrie du bois est paralysée par les grèves très sérieuses. L’on commence à redouter les conséquences économiques de cette situation.
Trois cents usines d’importance variées sont fermées et 30000 ouvrières chôment volontairement. Cela provoque aussi des répercussions sur d’autres industries qui ont besoin du bois comme matière première pour alimenter leurs ateliers. La construction est pratiquement arrêtée dans cette zone.
Raisons de la grève
Il y a quelques mois, arrivait à Seattle le vice-président de le Fraternité des menuisiers et charpentiers, Abe W. Muir. Il était spécialement délégué par William Green, président de la Fédération américaine du Travail, pour fédérer les «associations des travailleurs du bois dans le nord-ouest américain. Il a réussi, et les grèves actuelles résultent évidemment de cette intervention.
Les ouvriers, dont le salaire était de 45 cents de !’heure en moyenne, réclamèrent 75 cents. Les patrons refusèrent de procéder soudainement à une augmentation si considérable. Et le 6 mai on lança et exécuta l’ordre de grève.
On suppose que ce conflit se terminera, comme beaucoup de conflits de ce genre, par une transaction. Les patrons offriront et les ouvriers accepteront 50 ou 55, ou 60 sous de l’heure. On cherche aussi à provoquer la méditation des autorités fédérales. Enfin l’on a pu éviter jusqu’ici les incidents violents, toujours à redouter en pareil cas.
Incidences économiques
De pareilles grèves ont des conséquences économiques diverses. Dans le cas précis qui nous occupe, il faut signaler le bénéfice des industries de la Colombie anglaise, qui exportent aux États-Unis sensiblement plus qu’avant la grève.
Une autre conséquence pourrait être l’appel à une main-d’œuvre meilleur marché, venue des états du sud voisins du Mexique, et du Mexique même. Enfin les répercussions les plus nettes sont celles que nous avons signalées au début de cet article sur des industries annexes. De nos jours, les questions sociales et les questions économiques sont étroitement liées. Toute mesure prise dans un le ces domaines affecte l’autre. Un économiste moderne doit être aussi un sociologue et réciproquement. Et l’on peut même tirer d’événement de ce genre une grande leçon. À savoir que les économistes et les financiers ne doivent pas traiter des problèmes économiques dans ‘abstrait. Il ne faut jamais oublier d’une part que les richesses se font pour le service des hommes. Et d’autre part que les réactions des hommes peuvent influencer une situation économique et déjouer les calculs arbitraires les plus impeccables en apparence.