Les Grands auteurs classiques
Il faudra attendre le milieu du XVIIe siècle, et la fin des troubles politiques et des affrontements intérieurs, pour voir éclore une nouvelle génération d’auteurs classiques.
Les précurseurs
La « Farce de maître Pathelin », écrite vers 1465, annonce à la fois Molière et La Fontaine, montrant la rouerie des avocats et des marchands. Au siècle suivant, Étienne Jodelle (1532 – 1573) fait jouer sa tragédie « Cléopâtre captive » (1552) devant la cour, ce qui constitue la première rupture avec la tradition médiévale. Il crée aussi une comédie « Eugénie ». Robert Garnier (1544 – 1590) inspiré par Sénèque, annonce les tragédies bibliques de Racine avec « Les Juives » (1583). Pierre Larivey (1560 – 1611) écrit quelques comédies comme « Les Esprits » qui ont influencé Molière.
Un nouveau genre : le théâtre
Pierre Corneille (1606 – 1684). Natif de Rouen, il étudie chez les Jésuites, puis devient avocat comme son père. Mais sa vocation n’est pas là : attiré par le théâtre, il fait jouer plusieurs de ses pièces au Théâtre du Marais (de 1630 à 1633), et bénéficie de la protection de Richelieu.
Il obtient un grand succès auprès du public avec Le Cid (1636-1637), critiqué cependant par les milieux théâtraux.
Il produit alors à partir de 1640 ses grandes tragédies : « Horace » (1640), « Cinna » (1641), « Polyeucte » (1642), « Rodogune » (1644), « Andromède » (1650) et « Nico-Menteur) 1643…) Après l’échec de « Pertharite » (1651), Corneille, entré à l’Académie Française en 1647, observe un long silence dont il ne sort qu’en 1659, avec « Œdipe », suivi de « La Toison d’or (1661).
Après ses succès des années 1640, et son décline de la décennie suivante, Corneille doit alors faire face à la concurrence du jeune Racine. Il s’affronte même sans succès en faisant jouer « Tite et Bérénice » pendant que Racine présente sa « Bérénice » (1670). Après avoir collaboré à la « Psyché » de Molière, ses dernières pièces (« Pulchérie », 1672, et « Suréna », 1674) passent inaperçues. Corneille s’arrête alors d’écrire.
Surtout attiré par la comédie héroïque, à l’intrigue complexe et aux rebondissements parfois imprévus, Corneille accepte mal les règles strictes de la tragédie classique, qu’il contribue pourtant à formaliser. Inspiré par Rome, il met en scène des personnages confrontés à un choix entre le devoir dicté par les motivations supérieures et l’amour finalement soumis à l’accomplissement d’actes héroïques.
Jean Racine (1639 – 1699)
Fortement imprégné d’éducation religieuse dans son enfance, Racine va connaître un destin bien différent. Originaire de La Ferté-Milon, et orphelin à quatre ans, Racine est élevé par les religieuses de Port-Royal, puis étudie au collège janséniste de Beauavis. Bien que prêt à entrer dans l’Église, il écrit plusieurs tragédies dès 1660, dont une seule « Alexandre », est vraiment remarquée (1665). Côtoyant à Paris La Fontaine et Molière (auquel il s’oppose), Racine se lance alors pleinement dans la création théâtrale. De 1667 à 1677, il produit successivement « Andromaque », « Les Plaideurs », « Britannicus », « Bérénice », « Bajazet », « Mithridate », « Iphigénie » et « Phèdre ».
Durant cette période, il mène une vie agitée, combattant Port-Royal, se mêlant aux polémiques théâtrales et littéraires, ayant pour maîtresses les actrices Thérèse du Parc et la Champmeslé.
Protégé par Madame de Montespan, Racine est bien accueilli par la Cour, et est même nommé par Louis XIV historiographe du roi. Mais après la cabale de Phèdre et son mariage bourgeois avec Catherine de Romanet (1677), il doit attendre plus de dix ans pour produire « Esther » en 1689, puis « Athalie » en 1691, qui n’est pas jouée en raison de la pression des milieux dévots.
Réconcilié avec Port-Royal, et devenu dévot à son tour, Racine perd la faveur du roi, abandonne définitivement le théâtre et meurt en avril 1699. Il laisse une œuvre dominée par la description des passions humaines rongeant les individus jusqu’à la mort et par l’idée du destin tragique imposé par les forces divines.
Molière (1622-1673)
Jean-Baptiste Poquelin naît et meurt à Paris. Issu d’une famille de tapissiers, il étudie chez les Jésuites avant d’entreprendre des études de droit, qu’il abandonne pour le théâtre. Associé aux Béjart, il tente sans succès d’ouvrir un théâtre à Paris (1643 – 1645), puis sillonne avec la troupe les divers régions de France pendant plus de dix ans. Pourtant, ayant obtenu le privilège de jouer devant le roi, on lui attribue une salle du Palais-Royal (1660), où il connaît un vif succès, tout en continuant à se produire devant la Cour.
D’abord influencé par les comédies italiennes, Molière affirme un style original dans une succession de comédies qui ironisent sur les mœurs de son époque : « Les Précieuses ridicules » (1659), « Sganarelle » (1660), « L’École des maris » et « Les Fâcheux », qui choque les milieux bien pensants. Il s’essaie ensuite dans le genre des comédies-ballets ou musicales, tel « Le Mariage forcé » (1664), puis s’attaque à ses détracteurs avec « Tartuffe » (1664), joué devant le roi avant d’être interdit (jusqu’en 1669). Il continue pourtant à produire des œuvres satiriques comme « Le Misanthrope » et « Le Médecin malgré lui » (1666).
À l’occasion des fêtes organisées par le roi à Saint-Germain durant l’hiver 1666-1667, il crée plusieurs pièces, l’éloignant de la comédie de mœurs, qu’il retrouve avec l’« Avare » (1668), puis « Le Bourgeois gentilhomme », comédie-ballet (1670) et « Les Fourberies de Scapin » (1670). En 1672, « Les Femmes savantes » est un triomphe, en jouant « Le Malade imaginaire », le 17 février 1673. Il ne reçoit une inhumation chrétienne qu’en raison de l’intervention du roi.
Créateur, acteur et administrateur, Molière a su renouveler le théâtre moraliste et comique, en sachant inventer des personnages typiques dont il ridiculise la fausseté, la suffisance ou la bêtise.
La musique du XVIIe siècle
Colbert fonde en 1669 une Académie de Musique et de poésie et fait construire un théâtre où le public est assis. Il crée également un privilège royal des spectacles, racheté par Jean-Baptiste Lully (1632-1687), compositeur, violoniste et chorégraphe. Auteur de ballets et de pastorales, de comédies-ballets en collaboration avec Molière (comme le Bourgeois gentilhomme, en 1670), il donne ensuite de nombreux opéras, dont les plus importants sont sans doute Alceste (1674), Atys (1676), Armide (1686).
Marc-Antoine Charpentier (1634 – 1704) est son rival malheureux. Fuyant les mondanités de la Cour, il se consacre à la musique religieuse jouant à la Sainte-Chapelle ou dans des églises parisiennes.
La peinture au XVIIe siècle
Jean de Boullogne, dit Le Valentin (1594 – 1632) et Nicolas Poussin (1594 – 1665) font leur carrière en Italie. On doit au Valentin « Le Jugement de Salomon », « La Diseuse de bonne aventure », « Les Quatre Évangélistes », et à Poussin « La Mort de Germanicus », la série des « Sacrements », « Les Quatre Saisons »…
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