Les Grandes Invasions

Les Grandes Invasions en Europe : L’effondrement de l’ordre romain

Déjà ébranlé au IIIe siècle par les premières grandes invasions germaniques, l’Empire romain d’Occident ne saura pas résister à leur nouvelle offensive du Ve siècle et s’effondrera en 476.

Les « Barbares », c’est-à-dire les étrangers au monde romain, attirés par la prospérité régnant au sein de l’Empire, ou poussés par le manque de ressources, vont mener une succession d’incursions de plus en plus mal contenues par les légions romaines.

Elles commencent dès le IIe siècle, quand les Guades et les Marcomans franchissent le Danube en 166. Puis au milieu du IIIe siècle les Alamans et les Francs ravagent la Gaule, puis l’Espagne et l’Italie.

Face à cette menace, Maximien et Dioclétian réorganisent l’armée romaine et la défense des frontières. Au début du Ive siècle Constantin poursuit la réforme de l’armée et de l’administration. Seuls les Francs s’installent dans l’Empire. Ils garderont la frontière du Rhin en tant que fédérés de Rome.

À la fin du Ive siècle l’arrivée des Huns pousse les Goths d’Europe centrale vers l’Empire: Les Wisigoths passent le Danube en 376, pillent la Grèce et battent l’Empereur Valens à Andrinopole (378). En 382, ils sont installés en Thrace par Théodose.

En 406 se produit l’invasion massive des peuples germaniques : Vandales, Silinges, Hasdinges, Suèves. Alains franchissent le Rhin entre Mayence et Worms. Ils dévastent la Gaule, puis vont en Espagne sans rencontrer l’opposition, sérieuse. Cela provoque le réveil des Francs et l’arrivée des Burgondes en Savoie.

Bien que battus en 406 par le Vandale Stilicon, allié des Romains, les Wisigoths d’Alaric s’emparent de Rome en 410. Alaric meurt en allant vers l’Espagne, mais son successeur Athaulf épouse la sœur de l’Empereur et reçoit la Narbonnaise à titre de fédéré (413). Il combattra les Suèves et les Vandales, qui passeront en Afrique (429) et prendront Carthage (439). Pendant ce temps, les Angles et les Saxons occupent la Bretagne et les Francs s’étendent vers l’Île-de-France.

La fin de l’Empire Romain

Après l’incursion des Huns (451-452), les Ostrogoths s’installent en Italie. Odoacre, roi des Hérules, dépose le dernier Empereur romain d’Occident, Romulus Augustuse, en 476. D’abord soumis à l’empereur d’Orient Zénon, il sera battue par Théodoric, roi des Ostrogoths, envoyé par Zénon, inquiet de sa puissance (490-493).

En cette fin du Ve siècle, l’intégralité de l’ancien Empire d’Occident est désormais constituée d’une mosaïque de royaumes « barbares ». Certains restent cependant alliés à l’Empereur d’Orient, et la majorité d’entre eux laisse subsister l’ancien mode de vie. On peut ainsi parler d’une véritable fusion du monde romain et du monde germanique, surtout en Italie et dans le Sud de la France.

Les Huns dans l’Empire Romain

Incapable de résister militairement à la poussée « barbare » Rome paie un tribut aux Huns, installés depuis la fin du Ive siècle dans les plaines du Danube. Elle achète ainsi leur maintien hors de l’Empire. Mais en 451, Attila quitte son territoire (ring), traverse le Rhin, pille Strasbourg, Metz, Toul, Reims, évite Paris dont Sainte-Geneviève avait organisé la défense, par attaquer Orléans, avant d’être battu par Aetius aux Champs Catalauniques.

Attila se replie avec les restes de son armée, mais ravage le nord de l’Italie en 452, et menace Rome elle-même, qui ne doit son salut qu’à la révolte des peuples soumis au joug des Huns, et aux épidémies qui déciment les troupes d’Attila. Celui-ci se retire alors son ring et il meurt l’année suivante (en 453).

Attila, gravure ancienne
Attila, gravure ancienne. Image libre de droits.

Clovis et ses fils – Des Francs conquérants

Devenu roi des Francs en 481, Clovis entreprend la conquête d’un vaste territoire que ses descendants se partageront au mépris de l’unité du royaume.

 Francs et Romains

Après que Mérovée eut combattu aux côtés des autres peuples germains contre les Huns en 451, Childéric Ier, père de Clovis, se bat sous les ordres du général romain Aegidius contre les Wisigoths qui veulent s’étendre au Nord, et contre les Saxons qui menacent à l’est.

Il s’agit de défendre ce qui reste de Gaule proprement « romaine », se limitant maintenant aux régions comprises entre la Seine, la Loire et la côte normande. C’est sur ces territoire que s’étendit le royaume de Syagrius, fils d’Aegidius, qui constituait le dernier héritage du pouvoir romain, après la chute de l’empire en 476.

La conquête franque menée par Clovis à partir de la fin du Ve siècle va constituer une étape décisive de la formation de la France en tant qu’espace géographique et social aux traditions tendant à s’unifier.

Devenu roi des Francs Saliens en 481, Clovis soumet à son autorité les Francs Ripuaitre et engage une dynamique de conquête des terres situées au sud de celles que les uns et les autres occupaient jusqu’alors (Rhénanie, Belgique, Nord et Nord-Est de la France actuelle).

 La conversion

Clovis bat le romain Syagrius a Soissons en 486, étend ainsi sa domination jusqu’à la Loire, puis combat les Alamans, qu’il vainc à Tolbiac, en 496. C’est durant cette campagne que la légende dit qu’il accepte, sur l’insistance de sa femme Clotilde, de se convertir au christianisme, si le sort de la bataille lui est favorable. Il aurait, alors, ainsi que son armée, été baptisé par saint Rémi, à Reims.

Le baptême de Clovis. Ve siècle. Ayant – selon la légende – juré de se convertir à la foi chrétienne, si Dieu lui donnait la victoire contre les Alamans. Clovis tint sa promesse et renforça ainsi la christianisation. (Miniature pour Les Chroniques des Francs par Antoine Verard, 1493. Bibliothèque nationale, Paris.

L’adoption de la foi chrétienne est en tout cas un geste politique décisif, car il lui permet de rallier plus facilement la Gaule romanisée et de faire ensuite des Francs les champions de l’Église romaine. Mais Clovis et ses Francs n’en poursuivent pas moins leur expansion: vers le sud-est, ils défont les Burgondes près de Dijon, en 500, sans que cette victoire soit toutefois décisive. Clovis ménage d’ailleurs le roi de Burgondes, Gondébaud, qui est l’oncle de Clotilde, se contenant de demander un tribut annuel. Il peut ainsi obtenir son soutien lors de la conquête de l’Aquitaine, où la présence des Wisigoths ariens était mal acceptée; les Francs remportent ainsi la victoire décisive de Vouillé, près de Poitiers, en 507. Le roi Alaric II est tué, Bordeaux et Toulouse sont prises, et les Wisigoths passent en Espagne.

Le premier partage

Reconnu par l’Empereur d’Orient dont il reçoit des insignes honorifiques, Clovis meurt en 511 à Paris, ville dont le choix indique le déplacement du centre de gravité du royaume franc. Ses quatre fils (Clotaire, Thierry, Childebert et Clodomir) se partagent alors ce territoire, puis l’étendent en conquérant le royaume burgonde (534) et en prenant la Provence aux Ostrogoths d’Italie (537). En 558, grâce à la mort de ses frères, Clotaire, d’abord simple roi de Soissons, devient seul roi des Francs, sur un territoire qui comprend en plus de la France actuelle (moins le Languedoc) une partie de la Suisse, l’Allemagne rhénane, la Belgique et la Hollande.

Le temps de l’expansion et de l’unification franque est désormais terminé. Ce sera maintenant celui de l’émiettement et des conflits internes qui dureront plusieurs siècles.

Voir aussi :

Ve siècle. Ayant – selon la légende – juré de se convertir à la foi chrétienne, si Dieu lui donnait la victoire contre les Alamans. Clovis tint sa promesse et renforça ainsi la christianisation. (Miniature pour Les Chroniques des Francs par Antoine Verard, 1493. Bibliothèque nationale, Paris.
Ve siècle. Ayant – selon la légende – juré de se convertir à la foi chrétienne, si Dieu lui donnait la victoire contre les Alamans. Clovis tint sa promesse et renforça ainsi la christianisation. (Miniature pour Les Chroniques des Francs par Antoine Verard, 1493. Bibliothèque nationale, Paris.

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