Le traité de 1701 – fin de la guerre qui a duré près d’un siècle
La Grande Paix de Montréal : Du 23 juillet au 8 août 1700, Montréal accueille 1300 chefs et ambassadeurs amérindiens, les émissaires de 40 nations autochtones couvrant un territoire s’étendant de l’Acadie jusqu’au Missouri. Parmi les groupes les plus importants, mentionnons les Huron-Wyandot, Abénaki, Crees, Amikoués, Ottawas, Saueux, Pétuns, Algonquings, Inuts, Ojibwa Miami, Saké, Renards, Folavoin, Poutamis, Sioux. Sans oublier les cinq-nations iroquoises.
La pointe à Callière
C’est d’abord au village iroquois de Kahnawake que se retrouvent les diverses délégations autochtones. Le lendemain de leur arrivée, les ambassadeurs traversent à Montréal, où 200 canons bien alignés s’approchent au son des salves de canons. Parmi ceux-ci, debout dans son canot, Texanco, âgé de quatre-vingts ans, le chef des Tsonotouans, « faisan cris de mort en criant Ha i! Hai ! Hai !, pleurant en même temps ceux qui avaient été tués pendant la guerre. En provenance d’Iroquoisie, les émissaires arrivaient au terme d’un voyage de plusieurs semaines depuis les Grands Lacs et la vallée de Mississippi.
Les arrivants «cabanèrent le long des palissades », c’est-à-dire à la pointe à Callière.
Dans les jours suivants, de nombreux conseils allaient se tenir en présence du gouverneur, de certains généraux, en plus d’autres particuliers dont l’identité devait demeurer secrète. Ces rencontres privées allaient alimenter le débat sur les problèmes courants : les excès entourant la chasse des animaux à fourrure, les prix trop élevés des marchandises françaises, le projet français de fonder Détroit, les tensions entre alliés, les meurtres et enfin, la vente de l’eau de vie, qui « trouble l’esprit ».
La question la plus délicate concernait les échanges de prisonniers. On lui consacrera une journée entière. Une fois qu’on consensus ce fut dégagé autour de ces grandes questions, la Grande Paix de Montréal pouvait dès lors être conclue le 4 août.
La cérémonie protocolaire fut empreinte de solennité et respectait les traditions diplomatiques des deux civilisations en présence. Pour les Amérindiens, l’échange de paroles et de wampums et la circulation du calumet scellaient le traité, tandis que pour les Français les marques faites au bas d’un document faisaient office de pacte.
Un sursis pour la Nouvelle-France
La paix était conclue. On avait métaphoriquement planté en grand pin sur la plus haute montagne et ses racines rejoindraient chacune des nations.
Ce traité mettait fin à près d’un siècle d’hostilités entre les Iroquois, les Français et leurs alliés. Désormais, la négociation allait devoir primer sur l’affrontement direct. Les Français reconnaissaient l’autonomie des nations autochtones et s’engageaient à arbitrer les différends susceptibles de survenir entre les nations signataires. De leur côté, les Iroquois promettaient la neutralité en cas de conflit entre les colonies françaises et anglaises. Cette bonne volonté de 1701 allait assurer un sursis de 60 ans à la Nouvelle-France.
Sur le plan diplomatique la paix de Montréal apparaît comme un fait unique dans l’histoire de l’Amérique. Elle allait aussi faire du français la langue commerciale avec les autochtones incluant les iroquois. Encore à 1836 on écrit que « le patois français brodé des phrases anglaises et des mots indiens demeure la langue de la traite des fourrures à l’ouest du lac Supérieur ».
Voir aussi :
(Source : Alexandre Belliard. Légendes d’un peuple. Récits et chansons sur l’histoire de la francophonie des Amériques. Tomes I-V. Éditions Éditiö, Québec, 2016).)