Nouvelles pas fraîches : Grande bataille dans les îles Salomon
Les Japonais contre-attaquent vigoureusement les forces alliées lancées à l’assaut des îles Salomon, mais les troupes débarquées tiennent bon annonce aujourd’hui le premier ministre des l’Australie. John Curtin. Les gains réalisés par les Alliés sont de beaucoup supérieurs à leurs pertes.
Par Martin Spencer de la Presse Associée.
Au G.Q.G. des Alliés en Australie. 11 août 1942. Le premier ministre John Curtin a annoncé aujourd’hui que les Japonais contre-attaquaient vigoureusement les forces alliées lancées à l’assaut des îles Salomon, mais que les troupes débarquées dans les îles tenaient bon.
Monsieur Curtin a dit que le communiqué publié hier par l’amiral Ernest J. King, commandant en chef de la flotte des États-Unis, indiquait que les gains réalisé jusqu’ici par les Alliés étaient de beaucoup supérieurs à leurs pertes, qui comprennent un croiseur coulé et deux croiseurs, deux contre-torpilleurs et un transport avariée.
L’amiral King parle dans ce communiqué d’un grand nombre d’avions ennemis détruits et d’unités de surface mises hors de combat et ajoute : C’est la première fois que nous prenons l’initiative et l’offensive.
Avant la brève déclaration du premier ministre, rien d’officiel n’avait encore été annoncé en Australie concernant les principales opérations en cours dans les îles Salomon. Les communiqués du général Douglas MacArthur, commandant des forces alliées dans le sud-ouest du Pacifique, n’ont parlé que du soutien donné dans l’air à l’offensive dirigée par le vice-amiral Robert Chormley, commandant des forces navales des Alliés dans le sud du Pacifique.
Le communiqué d’aujourd’hui mentionne une troisième attaque aérienne en autant de jours sur Raboul, en Nouvelle-Bretagne, d’où l’ennemi pourrait envoyer des renforts d’avions aux îles Salomon, et des attaques sur des navires japonais au sud de Timor, plus de 2,000 milles à l’ouest, où un grand contre-torpilleur et deux cargos ont été atteints.
Dans le secteur de Kokoda en Nouvelle-Guinée, dit le communiqué, les forces alliées ont attaqué l’ennemi hier et l’ont forcé de reculer sur de nouvelles positions.
Les communiqués précédents n’avaient mentionné que des sorties de patrouilles dans cette zone de la presqu’île papoue, 60 mille à l’est de la base des Alliés à Port Moresby.
Dans les îles Salomon
Washington, 11 août. Les combats sur la terre ferme dans les îles Salomon semblent aujourd’hui se livrer surtout sur les îles Toulagi et Guadalcanal, dans le sud-est de l’archipel, qui est à 900 milles au nord-est de l’Australie.
Le communiqué publié hier soir par le ministère de la Marine disait que la bataille se continuait.
On se bat aussi en Nouvelle-Guinée, à l’ouest des îles Salomon, et les Alliés ont refoulé les Japonais dans la région de Kokoda, 60 milles à l’est de Port Moresby.
On sait que les Japonais ont concentré des forces considérables dans le sud-est des îles Salomon, et malgré l’avantage initial de la surprise qu’ont eu les troupes débarquées, l’amiral Ernest-J. King, commandant en chef de la flotte des États-Unis, a annoncé que l’ennemi avait contre-attaqué avec rapidité et vigueur.
Des unités australiennes ainsi que l’escadre américaine du sud-ouest du Pacifique, qui opère de la Nouvelle-Zélande, ont pris part à l’assault sur les îles Salomon, qui, aux mains de l’ennemi, constituent un danger pour l’Australie.
Les forces nippones doivent être délogées des îles Aléoutiennes
Le sénateur Chandler déclare que les Japonais qui sont actuellement dans ces îles sont « une menace pour ce continent » et doivent en être expulsés immédiatement – Un voyage d’inspection – La route de l’Alaska
Edmonton. Le sénateur démocrate du Kentucky, M. A.-B.Chandler, président du sous-comité sénatorial des affaires militaires, a déclaré au cours d’une entrevue, ici, hier soir, que les forces japonaises qui se trouvent actuellement aux îles Aléoutiennes sont « une menace pour ce continent et doivent en être chassées. »
Le sénateur Chandler et trois autres membres du comité, les sénateurs M.-C. Wallgren (dém. Washington), H.-H. Burton (rép. Oregon), sont arrivés ici de Spokane, en avion, et ils s’en vont inspecter les défenses de l’Alaska et du nord du Pacifique.
Le groupe est parti aujourd’hui pour le nord et il projette de se rendre compte des progrès de la route de l’Alaska. Il n’y a pas d’itinéraire fix3, car c’est l’intention de ces messieurs de recueillir le plus d’informations possibles concernant les progrès des travaux de défense dans les différentes parties du pays.
Le colonel Carl.-A. Russel, officier supérieur des quartiers généraux à Washingont, accompagne le groupe, de même que George-W.Malone, de Washington, conseiller spécial du comité des affaires militaires.
Les membres du groupe ont laissé entendre qu’ils étaient particulièrement intéressés à recueillir des informations générales quant aux ressources naturelles non développées de ce pays nordique.
Le sénateur Chandler a déclaré : « Le groupe forme un sous-comité des affaires militaires et il a été nommé par le président du comité, le sénateur R. Reynolds, de la Caroline du Nord. »
« Le but du voyage est de faire enquête et de faire rapport sur la situation en Alaska et aux îles Aléoutiennes », a dit le sénateur.
À Washington
Le délégué Anthony Dimond, de l’Alaska, dans un discours à la Chambre des représentants des États-Unis, hier, a réclamé un « premier front » dans les îles Aléotiennes et l’expulsion immédiate des Japonais du territoire de l’Alaska.
« je suis d’avis », a déclaré Dimond », qu’il serait sage d’envoyer sur ce front suffisamment de troupes de façon à remporter la victoire, avant que nous entreprenions la formidable tâche qui sera nécessaire pour organiser et établir un second front de bataille à des milliers de milles de nos rives, sur un autre continent. Le premier front sur le territoire de l’Alaska nécessite une attention immédiate. »
Intéressantes révélations de quatre journalistes rapatriés
Quatre correspondants de la Presse Associée qui étaient en Extrême-Orient depuis plusieurs années et qui furent internés par les Japonais au début de la guerre dans le Pacifique, sont parmi les rapatriés que porte le paquebot suédois « Gripsholm ». Tous quatre ont envoyé aujourd’hui de Rio de Janeiro, où le « Gripsholm » fait escale actuellement, les intéressantes dépêches qu’on pourra lire ci-dessous.
Morris J. Harris est l’ancien chef du bureau de la Presse Associée à Shanghaï. J.D. White était à Péping. Max Hill dirigeait le bureau de la Presse Associée à Tokio, et Jospeh Dynan était également À Toko.
L’apparition des premiers bombardiers américains en Chine a donné une nouvelle confiance au peuple chinois dans la sixième année d’une guerre qu’il avait livrée seul jusqu’ici et qu’il continue de livrer avec un héroïsme et une volonté de survivance admirables.
Les notables chinois entrés au service de l’envahisseur dans les régions occupées commencent eux-mêmes à hésiter. Ils ont dit aux missionnaires américains qu’eux et leurs administrés ne faisaient que jouer à la collaboration avec l’ennemi, parce que la non-collaboration signifierait la mort pour eux-mêmes et pour tous les Chinois autour d’eau, mais que le moment de frappe viendrait.
Pour échapper aux bombardements, les usines de guerre chinoises ne sont fractionnées et dispersées. Elles donnent du travail et un certain degré d’aisance aux classes les plus pauvres. Quand la guerre sera finie, elles cesseront de fabriquer des armes pour produire des charrues.
Au front, les immenses armées chinoises subissent d’énormes pertes en hommes à cause de l’infériorité de leur armement, mais leurs réserves sont inépuisables, et de nouvelles légions se dressent constamment devant les Japonais.
Il y a aussi les guérillas, qui harcèlent les lignes de communication de l’envahisseur, tendent des embuscades à ses convois, massacrent les garnisons isolées et sabotent toutes les entreprises de l’ennemi dans les régions occupées.
La marine japonaise
Le Japon n’est pas près de pouvoir importer des objets de luxe et du superflu des territoire occupés par ses troupes.
La marine marchande japonaise, qui jaugeait 6 millions de tonnes avant la guerre et qui a subi des pertes considérables depuis, a trop de travail à faire pour transporter des choses comme du sucre et des épices.
Le Japon étant le seul grand pays industriel dans son empire, il lui faut importer du caoutchouc brut, du minerai de fer, du minerai de chrome, du pétrole et de l’étain, puis expédier ensuite du matériel de guerre et des munitions à des milliers de milles de distance.
Or, la marine marchande du Japon était déjà surchargée avant le 7 décembre 1941 et, maintenant, elle affronte les sous-marins alliés, qui vont opérer jusqu’à à l’entrée de ports comme Yokohama.
Des rumeurs persistantes ont couru à Tokyo que les paquebots « Yawata Maru » et « Nitta Maru :, de 16500 tonnes chacun, avaient été torpillés.
Les Japonais ont reconnu la perte du paquebot « Taiyo Maru », coulé au large du Japon. Ce navire portait environ 600 techniciens en route pour es Indes néerlandaises.
Russie et Japon
Bien que nos contacts avec l’extérieur fussent restreints après que les Japonais eurent attaqué Pearl Harbor le 7 décembre 1941, nous pûmes apprendre que les relations entre la Russie et le Japon auraient une influence formidable sur le cours de la guerre.
Des membres de l’entourage du ministère des Affaires étrangères nous confièrent que des négociations étaient en cours, négociations où, d’après ce qu’ils nous dirent, le Japon, se livrait à du véritable chantage.
Ces informateurs nous dirent qu’en avril ou en mai dernier les Japonais avaient informé la Russie qu’elle ferait bien de conserver son pacte de neutralité de 1941 avec le Japon en cédant à celui-ci toute la presqu’île de Kamtchatka, la partie nord de l’île de Sakhaline avec ses puits de pétrole et ses mines de charbon, et la province maritime qui comprend Vladivostok.
Suivant eux, les Russes consentirent à ceci, s’objectèrent à cela et, dans l’ensemble, déclarèrent qu’aucun territoire cédé ne devrait changer de mains avant la fin de la guerre.