Glissement de terrain à Saint-Alban
Le segment de la rivière Sainte-Anne qui coule à Saint-Alban fut marqué par un événement historique remarquable. En effet, en avril 1894, on y assista à l’un des plus terribles glissements de terrain de l’histoire du Québec. En plus de causer la mort de quatre personnes, ce déplacement brusque de 600 hectares de sols entraîna la perte de ponts et de quais sur la rivière et des modifications majeures au régime du cours d’eau devenu plus large et moins profond.
Le dépôt de sédiments équivalait à plus de 5 000 ans de processus naturels; il affecta un tronçon de 14 kilomètres en amont de l’embouchure de la rivière. Les sédiments obstruèrent le chenal de la rivière Charest, qui redessina son lit sur 500 mètres jusqu’au ruisseau Gendron avant de se jeter dans la Sainte-Anne. Un ouvrage destiné au transport de la « pitoune » par-delà les rapides qui avait été érigé non loin de Saint-Alban, fut détruite.
Des îlots et des presqu’îles amoncelés par l’ensablement sont en évidence dans tout le secteur. Pour les régions en amont de La Pérade, la catastrophe sonna la fin de la navigation commerciale, le ralentissement de la drave et, en bout de ligne, le déclin des moulins à scie. Pour couronner le drame, ce fut aussi l’arrêt de la montaison du saumon. L’événement qui privait la rivière de Sainte-Anne du saumon a toutefois été bénéfiques pour d’autres populations car l’érosion des berges et l’accumulation de sable et de gravier dans la rivière créait une zone de frai extrêmement favorable pour le poulamon, qui s’empressa de l’utiliser.
Le glissement de terrain de 1894 n’arrêta pas l’industrialisation de la région. À l’aube du XXe siècle, l’une des plus anciennes centrales hydroélectriques de la province était située sur la rivière Sainte-Anne, à Saint-Alban. Détruite par une forte crue en 1924, on la reconstruisit; elle poursuivit ses activités jusqu’à sa désaffectation, en 1983.
En fait, la confluence des rivières Sainte-Anne et Bras-du-Nord à Saint-Raymond est à l’origine de débordements périodiques. Un débit de crue instantané de l’ordre de 890 mètres cubes par seconde survient tous les 20 ans à Chute-Panet, sous l’action combien des deux rivières. Après une longue liste d’inondations survenues au cours du XXe siècle, et afin de remédier le problème, le ministère des Richesses naturelles du Québec a procédé, en 1974, à des travaux de réaménagement de la rivière Sainte-Anne en amont de Saint-Raymond et à la construction d’une estacade. Ces travaux ont, entre autres effets, provoqué la disparition de deux îles.
(Source : Rivières du Québec, Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. Par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Les éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).
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