FLQ : huit détentions et la saisie d’un arsenal
Le chef de police de Montréal, M. Adrien Robert, vient de confirmer aujourd’hui, le soir du 2 juin 1963, que huit membres du Front de libération québécois ont été arrêtés au cours des derniers jours.
Le directeur Robert a cependant refusé de communiquer toute autre information, malgré l’insistance des journalistes. La police s’est catégoriquement refusée à parler de l’affaire avant ce matin. Le directeur Robert doit en effet tenir une conférence de presse ce matin, à son bureau, et « révéler ce que l’on peut révéler ».
Sel des informateurs, le leader du groupe serait Georges Schoeters, étudiant à l’Université de Montréal, en Sciences sociales, département des sciences économiques, qui serait aussi directeur des Amis Québec – URSS. On croit que cet individu, belge, demeure au Canada depuis une quinzaine d’années. Il est âgé de 33 ans. Ce Belge aurait reçu une formation de saboteur à Cuba, d’où il serait revenu il y a huit mois. Il aurait prononcé depuis son retour de Cuba des conférences sur la réforme agraire.
Un autre suspect, selon les mêmes informateurs, aurait quitté le parti communiste, section de l’Université McGill, à cause de ses idées séparatistes.
*
La police refusait encore hier soir de confirmer que certains détenus avaient été arrêtés au cours de la semaine dernière, d’autres au cours de la fin de semaine qui vient de se terminer. On croit en effet que cinq des suspects ont été appréhendés mercredi dernier, sur la foi des renseignements communiqués la semaine dernière au procureur général, M. Georges-Émile Lapalme. Les trois autres arrestations auraient été effectuées au cours des jours suivants et en fin de semaine.
M. Lapalme n’a pas voulu, lui non plus, faire des déclarations « pour ne pas nuire au travail de la police ».
Au cours de sa conférence de presse, le chef Robert a déclaré que les huit détenus ne comparaîtraient pas ce matin devant les tribunaux. Il a expliqué que la police devait d’abord avoir des entretiens avec les procureurs de la Couronne. Il a signalé enfin qu’il devait d’abord se tenir une enquête du coroner pour éclaircir le meurtre de William O’Neil.
Comme on le sait, ce dernier est mort le 20 avril dernier, alors qu’une bombe attribuée au FLQ avait explosé à l’arrière de l’édifice du Centre de recrutement de l’Armée canadienne, rue Sherbrooke.
*
M. Robert a affirmé que l’enquête du coroner devait avoir lieu avant toute autre procédure. De son côté, le directeur de la Police provinciale, M. Josaphat Brunet, a confirmé que l’une des personnes appréhendées était d’origine belge. Il a ajouté que certaines des personnes appréhendées par la police de Montréal étaient déjà « sur notre liste ».
On croit enfin que l’un des détenues serait un mécanicien à l’emploi d’un grand garage de Montréal. Il serait de plus familier avec l’usage des explosifs. Les policiers auraient trouvé chez lui des bâtons de dynamite, des détonateurs et des mécanismes à l’horlogerie.
(C’est arrivé le 2 juin 1963).