Histoire du Québec : Vers la fin du XXe siècle
Vers la fin du XXe siècle … C’est la crise économique qui secoue le monde au tournant de 1980 que met un frein aux visées expansionnistes de l’État providence au Québec. Cette crise impose un douloureux examen de conscience quant au rôle que l’État devrait jouer dans le développement économique. L’idéal social – démocratique se bat en brèche. Le vent de conservatisme venu des États-Unis alors dirigés par Ronald Reagan, et de l’Angleterre, sous Margaret Thatcher souffle sur le Québec.
L’ampleur de la crise provoque un taux record de faillites d’entreprises et de particuliers. Le chômage déclaré atteint les 14% en 1982. En 1983, la situation oblige le gouvernement de couper dans ses dépenses de façon draconienne. Par exemple, les employés de l’État, l’un des premiers groupes touchés, se voient privés de 20% de leurs salaires pour quelques semaines.
Le marché du travail se resserre. L’accès au marché de l’emploi devient difficile pour les jeunes, même pour les plus scolarisés.
Le rôle de l’État est remis donc en question et l’on s’interroge : doit-il participer directement au développement économique? Ne faut-il pas laisser plutôt les forces du marché interagir librement en leur fournissant un cadre d’opération plus souple par la déréglementation et par la privatisation de l’économie ?
* La fin du XXe siècle
L’idéologie néo-libérale gagne du terrain, minant tranquillement les fondements d’une société sociale-démocrate qui s’est construite au Québec en une vingtaine d’années.
Le secteur industriel et manufacturier se restructure et procède à une modernisation ; l’enjeu est de se tenir à la fine pointe de la technologie et de rester compétitif sur le marché international, mais plusieurs entreprises n’y sont pas prêtes (d’ailleurs, le développement entraîne des investissements d’envergure). Cette situation force nombre de personnes à créer leurs propres emplois.
En 1981, le premier ministre Lévesque refuse la proposition de texte sur la nouvelle constitution du Canada. En effet, le parti au pouvoir juge que des modifications apportées à la Constitution défavorisent le Québec. L’opposition officielle (le Parti libéral) refuse également d’endosser la constitution. Mais le Québec est seul. Le gouvernement central, ainsi que les neuf autres provinces entérinent donc l’accord.
Vers la fin des années 1980, le socialisme et le communisme en perte de vitesse, on n’endosse plus les grandes idéologies d’antan avec la même ferveur. On les remplace donc par un courant de pensée tourné vers la réalisation de l’individu.
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Cette fin apparente des idéologies touche tout l’Occident qui, u tournant de cette décennie 1980, vit d’ailleurs l’une de ses pires crises économiques.
Des engagements ponctuels et éclectiques sont désormais plus importants que des causes civiles et humanitaires. L’engagement ne se fait plus à l’intérieur de grands groupes, sur une grande échelle et cette baisse du militantisme touche toutes les grandes idéologies, en premier lieu, le nationalisme québécois depuis l’échec du référendum de 1980.
Sur fond de crise économique et constitutionnelle, le gouvernement du Parti québécois perde sa crédibilité, ce qui provoque la démission de René Lévesque en 1985. Les élections générales qui suivent portent au pouvoir les libéraux de Robert Bourassa qui maintiendra le pouvoir pour deux mandats (de 185 à 1994). En 1987, la mort subite de René Lévesque laisse les Québécois en état de choc. Elle marque la fin d’une époque politique qui a changé la face du Québec pour toujours.
* La fin du XXe siècle
La même année, une nouvelle entente constitutionnelle se conclut au lac Meech. Cependant on doit l’entériner par l’ensemble des gouvernements provinciaux. Le Québec propose cinq demandes, les voici : reconnaissance explicite du Québec conne société distincte; garantie de pouvoirs accrus en matière d’immigration; limitation du pouvoir fédéral de dépenser; reconnaissance du droit de véto du Québec; participation du Québec à la nomination des juges à la Cour Suprême du Canada.
Après de longues consultations, près de trois ans plus tard, Terre-Neuve et le Manitoba refusent les cinq demandes minimales du Québec. De nouvelles négociations constitutionnelles s’ensuivent et cette fois, elles aboutissent à l’accord de Charlottetown, en 1992. Mais l’ensemble de la population canadienne rejette les accords lors d’un référendum.
Après l’échec, un nouveau parti politique fédéral voit le jour. C’est le Bloc québécois, avec Lucien Bouchard à la tête. Ce parti a pour objectif la souveraineté du Québec. Lors de l’élection de 1993, le Bloc parvient à obtenir le statut de l’opposition officielle au Parlement canadien, en faisant élire une majorité de députés au Québec.
En 1994, le Parti québécois, avec Jacques Parizeau à sa tête, est réélu et tient un référendum sur la souveraineté du Québec à l’automne 1995. Le « non » l’emporte avec 50,6% du vote.