La fièvre des navires au Québec

La fièvre des navires

Le typhus de 1847 est entré dans l’histoire du Québec sous la désignation de Fièvre des navires, ou Ship Fever. On l’appelait également la fièvre de l’hôpital ou même la fièvre des prisons. Cette épidémie a causé la mort de milliers de personnes.

La maladie est apportée par des immigrants irlandais qui en sont les premières victimes. Ils ont quitté leur terre en raison de la famine qui sévit alors en Irlande. Ils embarquent sur des vaisseaux où ils se retrouvent misérablement entassés dans les cales. Comme sur la plupart des navires de l’époque, les mesures d’hygiène ne sont pas très développées. De nombreux voyageurs tombent malades et l’épidémie se propage rapidement au cours de la traversée de l’Atlantique.

Selon les témoignages, certains passagers présentaient déjà des symptômes de la maladie lors de l’embarquement. Cependant, les armateurs ordonnèrent aux capitaines des bateaux d’appareiller, en dépit de l’état inquiétant de la «cargaison».

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Une fois le bateau en mer, le mal se développe du fait de la promiscuité et de la malnutrition, qui favorisent la propagation de la maladie.

À Montréal, la première alarme retentit au printemps 1847, quand le Dr. Michael McCulloch, de la Faculté de médecine de l’Université McGill, remet un rapport inquiétant à la Commission de la Santé de la ville de Montréal. Le Dr. McCulloch signale qu’en visitant le port, il a remarqué plusieurs malades étendus sur le quai depuis des jours, et qu’il a cru observer au moins un cas de forte fièvre.

Ce qui n’est pas étonnant, puisque dès l’arrivée des bateaux à Québec on plaça une partie des passagers en quarantaine sur la Grosse-Île, surnommée depuis l’île de la Quarantaine, où ils furent nombreux à mourir du typhus. Pourtant, il n’est venu à l’idée de personne que les immigrants qui poursuivent leur route vers Montréal sont peut-être déjà contaminés, même si ils ne portent pas encore les signes évidents de la maladie.

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Il faut prendre des mesures d’urgence, mais personne ne réagit et les navires continuent à accoster, les passagers gagnant le rivage par milliers.

Les cas de typhus se multiplient. Finalement, les autorités décident de loger les nouveaux arrivants à proximité du port, afin d’éviter la propagation de l’infection. Le maire de Montréal, John Easton Mills qui est aussi président de la Commission de l’immigration, ordonne la construction de baraques en bois à Pointe-Saint-CharIes.

Trois baraques sont alors construites, mais les besoins grandissent. Finalement, vingt-deux abris sont mis en place, répartis sur un vaste territoire s’étendant depuis la rive du Saint-Laurent jusqu’à l’actuelle rue Bridge.

Les malades sont entassés par centaines et on ne sait pas comment traiter ce fléau de façon adéquate. Malades, mourants et cadavres gisent côte à côte et des cercueils de toutes tailles s’empilent aux portes.

De plus, au cours du mois de juin 1847, une chaleur tropicale s’abat sur Montréal, ce qui contribue à la propagation de la maladie.

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Le 17 juin 1847, les Sœurs Grises de Montréal, guidées par leur supérieure, la mère McMullen, entrent dans les baraques et commencent à prodiguer les premiers soins. La Mère supérieure rédige un rapport à l’intention des autorités, demandant que l’on permette aux Sœurs Grises de se charger des malades. Les autorités s’empressent d’y consentir.

La mère McMullen annonce que travailler dans les baraques, c’est signer son arrêt de mort. Aussi chaque sœur est-elle libre d’accepter ou de refuser la tâche. Les religieuses sont rejointes par les Sœurs de la Providence et par les Sœurs de l’Hôtel-Dieu (ces dernières avaient fait vœux d’isolement, il fallut donc l’autorisation de l’évêque de Montréal, Mgr Bourget, pour qu’elles puissent quitter leur cloître).

Malgré le sacrifice des sœurs et d’autres volontaires, de jour en jour, le nombre des victimes augmente. Sept Sœurs Grises succombent. Tout comme des prêtres venus entendre les confessions des agonisants dans ces abris encombrés, où plusieurs malades partagent un même lit.

Le nombre de prêtres anglophones de Montréal morts en exercice est si grand que l’on fait appel aux Jésuites de Fordham, à New York. Ceux-ci viennent alors au secours de leurs confrères.

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Les militaires de la garnison britannique de la Brigade des Fusiliers ont également aidé les malades. Plusieurs d’entre eux furent contaminés.

Le révérend de l’église anglicane de Montréal, Mark Willoughby, trouva la mort. Ainsi que le lieutenant Lloyd, lieutenant des fusiliers. (Le grade de capitaine lui fut octroyé comme honneur militaire après son décès).

Le maire de Montréal, John Easton Mills, compte parmi les victimes. Il se porta volontaire pour soigner les malades et mourut le 12 novembre 1847.

Parmi les victimes indirectes du typhus, on peut aussi compter les nombreux enfants. En effet, plusieurs survécurent à leurs parents. L’orphelinat Saint Patrick fut ouvert en 1847 pour les accueillir. D’autre part, plusieurs familles de la ville adoptèrent un ou deux enfants.

La fièvre des navires : immigration traversée de l'atlantique
L’`Intérieur d’une cabine pour les immigrants lors de la grande traversée de l’Atlantique en 1851. Source de l’illustration pour ce billet : The Illustrated London News/Bibliothèque et Archives Canada/c-006556. Aucune licence nécessaire, cette image fait partie du domaine public.

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