La famille au Québec d’antan

La famille au Québec d’antan – comment on la voyait

À travers l’histoire, les parents n’ont pas toujours accueilli avec la même joie la naissance des filles et celle des garçons. Dans les sociétés traditionnelles où les naissances fréquentes menaçaient le niveau de vie familial, l’infanticide faisait plus de victime chez les filles que chez les garçons. On ignore ce que les parents canadiens souhaitaient avoir comme enfant. Un garçon portera le nom de la famille et pourra plus facilement assurer la sécurité matérielle de ses parents à leur vieillesse. Une fille devra se constituer très tôt une dot, ou du moins un trousseau, et passera inévitablement dans la famille de son futur mari. Quoi qu’il en soit, il n’y a aucun indice prouvant que les parents de cette époque aient moins bien accepté la naissance des filles que celle des garçons. De toute façon, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, l’immigration est toujours fortement masculine et on ne craint guère de rester avec des filles à marier.

Il est vrai que les parents n’ont que peu de raisons de redouter l’arrivée des enfants. À l’encontre de la situation qui prévaut souvent en Europe, l’abondance des terres cultivables, di gibier et du possion assure presque toujours de quoi nourrir sa famille. Au moment où, dans certains milieux, en Europe et en Amérique, on commence à s’enquérir plus ouvertement des moyens de contrôler la reproduction, rien ne nous indique que la limitation des naissances ait été pratiquée avec succès par les Canadiens. Certains moyens sont connus à cette époque, tels la continence et le coït interrompu, mais les statistiques démographiques laissent croire qu’ils ne sont pas utilisés au Canada, du moins chez la population francophone mariée.

Au XVIIIe et au XIXe siècles, l’infanticide constitue un autre des ,oyens connus pour contrôler sa descendance. Ou bien on tue le nouveau-né, ou bien on l’étouffe par « accident » pendant qu’il dort dans le lit de ses parents, ou bine on l’abandonne dans un lieu public. Abandonner son enfant semble être le recours des filles-mères surtout. L’étouffement aurait été pratiqueé plutôt par les épouses. On ignore si ce moyen de limiter le nombre de ses enfants a été mis en pratique au Canada. Mais on peut se demander si c’est à cause de ce danger ou pour des raisons de moralité que le haut clergé prèfère que les enfants ne dorment pas avec leurs mères :

Lettre circulaire aux curés de l’Acadie : … On m’ajoute que les mères couchent leurs enfants avec elles, sur prétexte qu’il ne leur est jamais arrivé d’accident, et qu’il y aurait plus à craindre pour la vie de l’enfant qui courrait le risque de mourir de froid. Je désire que chaque missionnaire me marque en particulier son avis sur cet article, afin de pouvoir dans la suite prendre un parti. On n’ignore point que dans plusieurs diocèse de France cela ne soit défendu. On pourrait suivre cette pratique au moins dans l’été, et attendre notre décision pour le temps de l’hiver (Mandements des évêques du diocèse de Québec, Tome I, 20 avril 1742, Québec, 1887).

De toute façon, à l’époque préindustrielle, au taux de naissance élevé correspond un taux de mortalité aussi élevé. Cette mortalité frappe surtout les enfants, de sorte qu’environ trois sur quatre d’entre eux peuvent espérer atteindre l’âge adulte. Avoir une nombreuse progéniture assure une main-d’œuvre à la ferme ou dans l’entreprise familiale et permet d’espérer que quelques enfants survivront à leurs parents et les aideront pendant leurs vieux jours.

(Tiré de L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. pp.84-85).

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