Les faiseurs de cartes aux temps des découvertes
Les épiques voyages du XVe et du XVIe siècles modifiant progressivement la conception que l’homme se faisait de la terre, un besoin se fit sentir ; on demandait des cartes plus précises. Les conceptions fantaisistes des géographes de l’Antiquité, qui pensaient que les continents formaient une masse unique, entourée d’océans, cédèrent le pas à des études qui s’appuyaient sur l’observation directe, rendue plus précise d’ailleurs grâce à de nouveaux instruments.
Les nations européennes étaient avides de faire valoir leurs droits sur les terres nouvellement découvertes, aussi l’établissement des cartes des terres et du ciel, déjà utiles aux navigateurs, devint-il un moyen indispensable à la fondation d’un empire. En conséquence, on effectua avec une précision croissante le levé des côtes, on détermina les routes maritimes à suivre, on sonda les mouillages, on nota la direction des ventes favorables.
Associant l’adresse de l’artiste et les connaissances en géométrie des mathématiciens, les premiers cartographes collationnèrent patiemment les observations des navigateurs jusqu’à ce que leur interprétation leur permît de donner à la terre sa véritable forme.
Les instruments du navigateur
Pour se diriger sur les océans, le navigateur de l’Âge des Découvertes avait besoin de connaître, comme le marin d’aujourd’hui, sa latitude et sa longitude. Sa latitude, autrement dit la distance de sa position à l’équateur, était en principe facile à déterminer, grâce à l’observation du soleil. Des disques de métal – des astrolabes – étaient utilisés depuis près de 2000 ans.
Mais ces instruments, fabriqués par les astronomes, n’étaient pas d’un emploi pratique sur mer. Il était presque impossible d’obtenir une bonne visée et une lecture correcte à partir du pont d’un bâtiment sans cesse en mouvement. Dans ces conditions, l’observation au moyen d’un astrolabe donnait une latitude souvent erronée de plusieurs centaines de milles. Cet inconvénient conduisit à la mise au point du bâton de Jacob, instrument plus maniable, permettant une rapide mesure de la hauteur du soleil. Le calcul de la longitude exige la possession d’un instrument permettant de conserver l’heure avec précision et, à bord des navires de l’époque, le matelot de quart oubliait souvent de retourner le sablier ou le renversait prématurément. Le navigateur n’avait guère d’autre recours que de se fier à son appréciation de la vitesse du navire, observée plusieurs fois par jour, et à son évaluation de la distance parcourue.
Le bâton de Jacob était constitué de quatre pièces mobiles, perpendiculaires à l’axe sur lequel elles se déplaçaient. Choisissant une de ces tiges, le navigateur la disposait de telle sorte qu’en visant il put apercevoir le soleil à l’extrémité supérieure de la tige, l’horizon à sa partie inférieure ; la distance de la tige à son œil lui donnait la hauteur de l’axe. La vitesse du navire. Le marin l’évaluait en appréciant le temps mis par un morceau de bois, jeté à hauteur de l’étrave, pour arriver à hauteur de l’étambot.
Par la suite, le marin amarrait le bout de bois à l’extrémité d’une ligne munie de nœuds à intervalles réguliers. Jetant le bout de bois par-dessus bord il lui suffisait de compter le nombre de nœuds qui lui filaient entre les doigts et d’établir une relation entre le temps écoulé et la longueur de la ligne filée pour pouvoir déterminer la vitesse en nœuds.
L’astrolabe portait une graduation en degrés sur son pourtour ; sa partie centrale mobile comportait un dispositif de visée. Tenant l’astrolabe verticalement, l’observateur faisait pivoter sa partie centrale jusqu’à amener l’axe de visée à passer par le soleil. L’angle ainsi déterminé donnait la latitude.
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