Faillite de la banque de Saint-Jean
Arrestation de l’honorable L. P. Roy
Une triple arrestation d’hommes éminents vient de créer une commotion terrible à Saint-Jean et dans le district. Pour être moins répandue, la sensation n’en est pas moins forte que lorsqu’il s’agit, il y a quelques années, de la banqueroute de la Banque Ville-Marie.
La fermeture de la Banque de Saint-Jean a donné lieu, dernièrement, à une infinité de commentaires, et la rumeur voulait que tous ces potins de la finance fussent couronnés par une action d’éclat. Cette prévision a été confirmée hier après midi, le 11 juin 1908, par l’appréhension (ce terme a été utilisé à l’époque au sens d’arrestation) de l’honorable L. P. Roy, président de la banque défunte, de maître P.L. L’Heureux, gérant général de la banque et Philibert Beaudoin, son assistent. C’est à l’intervention du ministre de la Justice de la province du Québec lui-même que cette arrestation est due.
La plainte avait été faite au ministre par l’Association des banques, par l’entremise de Monsieur Knight. L’ex-président de l’Assemblée législative et ses deux collègues ont reçu signification des mandats d’arrestation à leurs domiciles respectifs. Malgré le mandat d’amener, ils ne furent pas conduits en prison, mais simplement gardés à vue jusqu’à ce matin, alors qu’ils ont comparu devant le magistrat. Comme, naturellement, tous ces événements de haute finance font un bruit énorme dans toute la province de Québec, on assure que le procès des trois prévenus mettra en lumière des faits jusqu’ici imprévus et inattendus.
L’acte d’accusation
L’acte d’accusation comporte que les trois officiers de la banque ont sciemment fourni de faux rapports au gouvernement sur l’état d’affaires de l’institution qu’ils dirigeaient. La faillite, il y a quelque temps, avait profondément affecté l’honorable M. Roy, qui dut garder la chambre tant d’affaissement nerveux l’avait épuisé à la suite de ces revers et d’une possible liquidation judiciaire.
Il savait cependant que l’Association des Banques et le gouvernement avaient fait une enquête minutieuse sur les transactions de l’institution en faillite. La signification du mandat ne lui causa pas beaucoup d’étonnement.
Il reçut le terrible coup avec froideur, apparemment, comprenant bien que la commission de révision devait nécessairement poursuivre si elle le croyait urgent, après avoir soigneusement examiné les affaires de l’établissement. On se rappelle que M. Tancrède Bienvenu, gérant de la Banque Provinciale, avait été nommé liquidateur de la Faillite. Il fit rapport de la faillite en temps opportun à l’Association des Banquiers. La corporation soumit la question au ministre de la Justice.
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