Terrible explosion aux poudrières de Belœil
Explosion à Beloeil : Un bassin rempli de nitroglycérine prend feu. – Le bruit de l’explosion se répercute à plusieurs milles à la ronde
Explosion à Beloeil. Samedi dernier, le 17 janvier 1903, vers onze heures et demi de l’avant-midi, l’un des bâtiments agglomérés sur la rive nord du Richelieu et que l’on appelle communément les « poudrières de Longueuil », fut détruit par une formidable explosion dont la répercussion s’étendit à plusieurs milles à la ronde et qui fut perçue par les habitants des localités voisines, telles que St-Hilaire, St-Basile, St-Jean-Baptiste, St-Marc, etc. À Saint-Hilaire, de l’autre côté du Richelieu, les maisons furent ébranlées sur leur base, différents objets précipités des meubles sur le sol, les carreaux brisés, etc.
À quelques arpents des poudrières, un cultivateur de Belœil vit tous les carreaux de son habitation voler en éclats. La construction détruite, dont il ne reste plus qu’un tas de cendres et de débris informes mesurait quarante pieds de largeur par quarante pieds de longueur et avait été construite tout récemment. Elle servait à la fabrication de la nitroglycérine, un explosif des plus violents. Le préposé à cette fabrication, M. Sydney Donais, Canadien français d’origine, surveillait l’arrivée, dans un grand bassin « ad hoc », des matériaux qui entrent dans la composition de la nitroglycérine, lorsqu’il s’aperçut que la « charge », comme on dit là-bas, menaçait d’être trop forte, c’est-à-dire que le contenu allait dépasser la capacité du contenant.
Il savait ce que cela voulait dire : c’était le débordement des acides corrosifs contenus dans le bassin, le feu et l’explosion finale à bref délai. Il était trop tard pour arrêter le flot des ingrédients qu’une conduite quelconque déversait dans le bassin,, et il n’y avait pas une minute à perdre. Avec un sang-froid admirable, et une présence d’esprit digne des plus grands éloges, M. Sydney Donail laissa passer la vision de la mort qui dut se présenter tout d’abord à ses yeux, s’oublia un instant lui-même pour penser uniquement à sauver d’une mort atroce ses compagnons de travail occupés à d’autres manipulations dans des bâtiments voisins. Il se pendit désespérément au sifflet d’alarme, tant et si bien, que l’attention de tous les employés occupés, comme nous l’avons dit, dans les autres constructions, fut attirée par ce bruit insolite.
Tous se précipitèrent aux fenêtres et comprirent à l’épaisse fumée qui commençait à s’échapper du bâtiment occupé par M. Donais, de quelle terrible catastrophe ils étaient menacés. Ce fut un sauve-qui-peut général : les uns s’éloignant vers les champs, les autres dégringolant la berge de la rivière, courant de toute la vitesse de leurs jambes. Ce qu’avait prévu M. Donais arriva. En débordant du bassin, les acides mirent le feu au parquet, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le feu atteignit le bassin où était en formation quelques centaines de livres de nitroglycérine. L’explosion se produisit, rasant le bâtiment et lançant à plusieurs arpents de distance des débris de fer et de fonte. Au moment de l’explosion, le train N145 de l’International était à environ un demi mille à l’est de Saint-Hilaire. Un des voyageurs qui se tenait sur la plateforme, a parfaitement bien entendu la détonation
Les poudrières de Belœil appartiennent à la Hamilton Powder Co. Ce n’est pas la première fois qu’une catastrophe de ce genre s’y produise. Il y a une douzaine d’années ou eut même à enregistrer deux ou trois pertes de vie. (L’explosion à Beloeil est arrivée le 17 janvier 1903).
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