Expéditions portugaises et Extrême-Orient

Exploration de l’Extrême-Orient et expéditions portugaises

Expéditions portugaises : Bien que déroutés par les abîmes que séparaient les cultures européennes et chinoises, les explorateurs cherchaient Cathay (Chine), en Extrême-Orient, depuis les débuts de leurs voyages. Ainsi, dès le XVe siècle, les Européens se heurtent aux Chinois sur lesquels règnent les Ming. Ils croient à la primauté de leur civilisation sur les Occidentaux. En effet, L’empire des Ming a à son actif des réalisations artistiques et intellectuelles supérieures à celles des Européens et leur croyance donc ne relève pas de la simple arrogance.

Des raisons religieuses et l’inertie, qui caractérisent une bureaucratie compliquée et pourrie, amènent pourtant les Chinois à faire preuve d’une suffisance presque sénile. La brutalité, la confiance en soi, l’esprit de curiosité des Européens qu’ils affichent avec une énergie jamais vue, consternent les Chinois. De leur côté, les Européens s’étonneront de la décision de l’empire des Mings de tourner le dos au monde et de se réfugier derrière ses frontières.

Matteo Ricci, un jésuite italien qui se rendit en Chine en 1582, et y mourut vingt-huit ans plus tard, explique que les Chinois n’avaient aucune notion du reste du monde et cette ignorance était, selon lui, la cause et le résultat de leur xénophobie. « En voyant sur la carte l’immensité presque illimitée des terres et des mers s’étendant entre l’Europe et le royaume de la Chine, ils comprirent mieux et la crainte que notre présence leur inspirait parut diminuer. Alors qu’en Europe les sciences prenaient une importance croissante, « en Chine les mathématiques et la médecine sont peu estimées », nous rapporte Ricci.

Quoi qu’il en soit, les Européens songeaient à la Chine depuis trop longtemps pour se résigner à admettre la politique de la porte close. La conquête militaire d’un si vaste et si lointain empire dépassait leurs possibilités, mais, par leur insistance, les explorateurs obtinrent en fin de compte des privilèges commerciaux dans le port de Canton.

Le Japon, quant à lui, à la fin du XVIe siècle émergeait de trois siècles d’anarchie et le pays aurait pu se tourner vers le monde extérieur, comme il le fit d’une façon si spectaculaire au XIXe siècle. Le pays préféra pourtant imiter la Chine. En 1635, une loi interdit sous peine de mort à tout Japonais de quitter le pays et d’y rentrer après un séjour au sein d’une nation contaminée…

Mais les Européens y étaient présents depuis le 16 siècle. Au Japon, les Occidentaux trouvèrent une autre civilisation, également brillante. Outre sa remarquable école de peinture, le Japon possédait en matière d’architecture des techniques qui utilisaient les espaces avec un rationalisme et une harmonie que l’Europe n’atteindra pas avant le XXe siècle.

Au Japon, les Occidentaux ont trouvé une civilisation brillante qui a apporté beaucoup à toutes les facettes de la vie des Terriens. Photo : Megan Jorgensen.
Au Japon, les Occidentaux ont trouvé une civilisation brillante qui a apporté beaucoup à toutes les facettes de la vie des Terriens. Photo : Megan Jorgensen.

Explorations portugaises

Le prince Henri mourut en 1460. Sa disparition priva les Portugais d’une grande partie de ce dynamisme qui les avait animés pendant quarante ans. Au cours des deux décennies suivantes, le goût des explorations ne disparut pas totalement.

L’équateur avait été traversé par les Européens en 1473. Lopo Gonçalves l’a fait sans que personne à bord de son vaisseau n’eût été transformé en torche, ou métamorphosé en Noir. L’esprit de croisade demeurait vif. De temps à autre, dans l’espoir qu’ils réussiraient à joindre le Prêtre Jean, on relâchait sur la côte d’Afrique des indigènes qu’un séjour au Portugal avait permis d’impressionner tout en leur apprenant la langue portugaise.

La recherche de l’or en Afrique se révélait décevante et les épices des Indes devenaient l’objectif convoité.

Mais, pour atteindre les Indes, encore fallait-il contourner l’Afrique. Ce premier but semblait reculer à mesure que les explorateurs, s’avançant vers le sud, voyaient s’allonger la côte du vaste continent.

Le Portugal n’était plus le seul pays à nourrir de telles ambitions. En effet, dès 1459, l’Espagne avait émis la prétention de contrôler quelques-uns des rares ports sains, disséminés le long de l’immense côte de l’Afrique. Les étendues marécageuses ou désertiques, les zones de courants violents, qui séparaient ces havres, interdisaient tout établissement en d’autres points du littoral.

Arrivés les premiers en Afrique, les Portugais étaient résolus à conserver leur prédominance sur ce continent, ainsi demandèrent ils l’assistance au Pape. Depuis des siècles, le Saint Siège arbitrait les différends entre nations chrétiennes. Ce rôle demeurait incontesté mais les décisions papales commençaient à perdre de leur poids. Néanmoins, les Portugais réussirent à obtenir du Saint-Siège, à partir de 1455, une série de déclarations qui reconnaissaient leur souveraineté sur toutes les îles et terres situées au sud du cap Bojador.

Les Portugais avancent

L’établissement, par les Portugais, des bases à Madère, aux Canaries, aux Açores, sur ce chapelet d’îles côtières de l’Afrique, servit de tremplin à l’épopée du prince Henri du Portugal. Ces points d’appui avaient un double avantage. Parce que le climat de ces îles convenait mieux à l’hygiène des Européens que les ports de la côte d’Afrique, elles servaient de points de relâche. En outre, elles constituaient une sorte de filet de protection, dans lequel venaient se jeter les navires, qui remontaient la côte et que le mauvais temps entraînait au large.

Gagnant avec précautions de cap en cap, poussant toujours vers le sud, à partir des positions connues, les marins portugais surmontèrent progressivement les obstacles réels et imaginaires qu’offrait la reconnaissance de la côte d’Afrique. En 1434, on dépassa le cap Bojador, à 350 milles au sud du cap Noun. En 1441, une expédition ramena du Rio-de-Oro une cargaison d’esclaves, amorçant ainsi un commerce inhumain, dont le remords hante l’humanité jusqu’à nos jours.

En 1445, deux autres points remarquables, ainsi nommé en raison de l’étincelante blancheur de ses sables, et le cap Vert, à proximité de l’actuelle ville de Dakar, qui doit son nom à la verdeur de sa végétation, avaient été dépassés. Cette année-là, Denis Diaz reconnut que la côte s’infléchissait vers l’est. Contournerait-on l’Afrique ?

Non, bien sûr, mais encouragés par les profits croissants du marché européen des esclaves, pleins d’espoir, les Portugais lancèrent de nombreuses expéditions qui, poussées sans cesse plus avant, leur permirent d’accroître leurs connaissances de la côte africaine.

Financées par le gouvernement ou par les groupes privées, certaines expéditions avaient des objectifs scientifiques, d’autres se contentaient de ramener des esclaves. En raison du secret qui les entourait, on sait peu de choses à leur sujet, mais parfois un trait de caractère nous apparaît fugitivement à travers le récit d’un explorateur comme dans le compte rendu de ce repas de chair d’éléphant qu’Alvise Ca’da Mosto se targue d’avoir fait en 1456 au mouillage de la Gambie. « J’ai fis découper un morceau que je mangeai à bord, rôti au gril… ceci pour pouvoir dire que je m’étais nourri de la viande d’un animal dont aucun de mes compatriotes n’a mangé. En fait, cette viande n’est pas très bonne ; elle m’a paru ferme et insipide. »

Vers 1478, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, dont le mariage avait uni ces deux états, reconnurent implicitement les droits du Portugal en demandant au Pape l’autorisation de commercer en Guinée. Bien qu’un refus leur ait été opposé, des navires espagnols, plus ou moins interlopes, continuèrent a fréquenter le golfe de Guinée à la recherche d’esclaves.

Les Portugais étaient certainement au courant de ces nombreuses expéditions clandestines, car le débarquement des esclaves sur les rues de Séville constituait dorénavant un spectacle familier. L’activité des Espagnols, ainsi que celle des Anglais qui avaient soumis une requête au Pape en 1481 pour obtenir des droits de commerce en Afrique, aiguillonna Jean II, qui était monté cette année-là sur le trône du Portugal.

Les explorateurs portugais furent poussés vers de nouveaux succès avec une insistance inégalée depuis la disparition d’Henri le Navigateur. Un des premiers soins de Jean II fut de confier à Diego Cao le commandement d’une expédition, la première d’une longue série, dont le but était de rechercher une route maritime vers les Indes par le sud de l’Afrique.

Un détail caractéristique des voyages de Cao prouve la détermination du Portugal d’affirmer sa souveraineté sur toute la côte d’Afrique. On lui fournit des padroes, sortes de stèles portant des inscriptions en latin, en portugais et en arabe, et qu’il avait mission de dresser aux points remarquables de la côte à mesure de leur découverte. Cao en érigea une, en 1483, à l’embouchure du Congo et une autre au point le plus méridional de son voyage, c’est-à-dire sur le cap Cross par 21e 50 de latitude sud.

L’avance des Portugais

En regard des difficultés rencontrées par ceux qui s’élancèrent vers l’ouest dans le sillage de Christophe Colomb, la chronique de la mise en exploitation de la route ouverte par Vasco de Gama par le cap de Bonne-Espérance, prend l’allure d’un sobre rapport commercial. Dans l’océan Indien, l’influence des Portugais s’exerça plus sous la forme d’une colonisation que d’une exploration ; leur étude de la géographie de l’océan Indien fut alimentée moins par leurs propres explorations que par l’assimilation des connaissances du cru.

L’heureuse histoire de cette pénétration commence avec Cabral, le navigateur qui par hasard découvrit le Brésil. Après avoir dépêché un de ses navires à Lisbonne, il quitta la côte brésilienne, retraversa l’Atlantique et se rendit à Calicut. Surmontant l’hostilité et la résistance active des communautés hindoues et musulmanes, installées là de la longue date, il y fonda le premier comptoir portugais.

Cette minuscule tête de pont allait permettre au Portugal, état pourtant si petit et si éloigné, de s’assurer une véritable maîtrise du commerce maritime dans la mer d’Oman. Appareillant d’un des nombreux ports fortifiés, essaimés le long de la côte de l’Inde, les navires marchands portugais, protégés contre les pirates arabes par des vaisseaux basés à Ormuz ou à Mombasa, gagnaient le Mozambique, ramenaient en Europe, par le cap de Bonne-Espérance, leurs précieuses cargaisons, réalisant de gros bénéfices à chaque voyage.

Les raisons du succès des Portugais sont nombreuses; adroitement, ils profitèrent des rivalités des potentats des états côtières de l’Inde. Leur flotte sut repousser les attaques de ceux qui voulaient briser leur emprise sur le commerce maritime. Des fortifications bien conçues protégeaient leurs postes et elles sont encore debout à Goa, à Diu, sur la côte d’Afrique, à Bahreïn, tout au fond du golfe Persique.

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