Ère des Ténèbres
Pour les Européens du Moyen Âge, la Terre était continents : L’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’assez inquiétante Terra Incognita située quelque part dans l’hémisphère Sud. Sur les cartes de l’époque, ces masses continentales débordaient largement sur les océans ; l’Atlantique se réduisait à un étroit passage maritime, le Pacifique n’existait pas et la Terra Incognita comprimait l’océan Indien en une petite mer intérieure.
Ces déformations de la géographie résultaient, certes, de l’ignorance fort compréhensible d’ailleurs, des cartographes, mais aussi des conceptions religieuses de l’époque, aggravaient leurs erreurs. La tradition chrétienne faisait de Jérusalem le centre du monde et les dessinateurs de Cartes du Moyen Âge s’efforçaient pieusement, de donner à la Terre la forme d’une roue, en plaçant Jérusalem dans une position centrale par rapport au trois continents connus, dont les formes se trouvaient en conséquence très distordues.
Cette représentation de l’Univers était extrêmement différente de celle qu’en avaient donné les géographes classiques de l’Antiquité. Grecs et Romains avaient dressé des cartes du monde bien plus précises, disparues pour la plupart au cours des siècles troublés de l’ère des ténèbres. Parmi les rares documents que pouvaient étudier les érudits du Moyen Âge, il faut mentionner la géographie de Ptolémée, cet astronome et géographe qui vécut au deuxième siècle de notre ère dans l’Égypte hellénisé.
Vers le milieu du quinzième siècle, certains cartographes commençaient à dresser des cartes aux conceptions de Ptolémée, mais de nombreux utilisateurs leur préféraient des cartes centrées sur Jérusalem. Ils s’entêtaient à exiger que leur partie spirituelle occupât une place privilégiée par rapport à leur partie réelle.