Épidémies à Québec au XVIIIe siècle
Une dizaine d’épidémies se sont abattues sur Québec au cours du XVIIIe siècle. Les hôpitaux étaient débordés et de nombreuses personnes mouraient quotidiennement. On transforma le chœur, la chapelle et même le grenier de l’Hôtel-Dieu en salle d’hôpital.
Le plus souvent, les maladies se répandaient après l’arrivée d’un navire comportant des membres d’équipage ou des passagers malades. On transportait ces malades à l’Hôtel-Dieu, dont les capacités ne suffisaient guère malgré les agrandissements de 1672, 1696 et 1757. Alors, pour combattre une épidémie on construisait des bâtiments temporaires ou on louait des maisons en ville pour y loger les malades convalescents ou souffrant de maladies moins graves, comme la fièvre des navires.
On comprend facilement la cause de ces épidémies: la traversée de l’Atlantique durait quarante jours en moyenne; les passagers et l’équipage étaient entassés dans un espace confiné; l’hygiène était réduite à sa plus simple expression. Toutes les conditions étaient ainsi réunies pour qu’une maladie contagieuse suffisamment motivée puisse se propager comme une traînée de poudre.
Selon les annales de l’Hôtel-Dieu, en 1750, sur les 800 hommes de troupe arrivés au port de Québec, plus des deux tiers étaient malades, souffrant d’une grippe maligne (on désigna ainsi la maladie, faute de trouver une meilleure appellation). Une partie de ces hommes on été hospitalisés à l’Hôtel-Dieu. Le lendemain, une vingtaine de religieuses furent contaminées et envoyées à l’infirmerie. À peine put-on trouver deux religieuses valides pour faire la garde de nuit.
Un grand nombre de malades souffraient de la variole (ou la picote) qui a fait un très grand nombre de victimes. En 1779, on ouvrit même un cimetière des picotés, tout près de l’Hôtel-Dieu. Quand on ne mourait pas, on en restait marqué, le visage grêlé comme un moule à plomb.
Le 18 octobre 1733, Mère Duplessis de Sainte-Hélène écrit dans une lettre à Mme Hecquet de la Cloche, à Abbeville, en France:
«Nous avons été accablées de malades toute l’année. La petite vérole a couru toute la colonie. Il en est mort un nombre prodigieux de Sauvages. Il y a parmi eux des nations presque détruites. Les Français l’on eue aussy. L’on compte dans les villes de Montréal et de Québec plus de 700 personnes mortes. Notre hôpital en a été sy remply que nous avions doublé les lits pour en soulager d’avantage et qu’à peine pouvions-nous passer dans les salles. Tout le monde voulait venir chez nous, parce qu’on y mourait peu; en effet de plus de 500 dont nous avons eu soin, il n’en est mort que 17.»
Remarquons qu’en 1733, le Dr. Michel Sarrazin était le médecin en chef de l’Hôtel-Dieu.
En résume : Le Québec a eu sa part d’épidémies : en 1670, à Sillery, 1500 Amérindiens meurent de la variole. En 1685, la rougeole et la fièvre pourpre tuent 500 colons français et 300 Amérindiens. En 1832, des immigrants atteints du choléra débarquent à Québec : la maladie se répand et fait près de 12 000 morts. En 1885, environ 6000 personnes succombent à la variole, dont 3100 à Montréal. En 1918, des cas de grippe espagnole sont signalés à la Grosse-Île sur un navire qui arrive de l’Inde. L’épidémie se déclare d’abord à Victoriaville, puis se répand rapidement. La maladie frappe en tout près de 530 000 personnes et en tue de 8 000 à 14 000, selon les auteurs. L’épidémie sévit sur la majeure partie de la planète, faut-il préciser.
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