L’entreprise des Indes

L’entreprise des Indes

La plus spectaculaire, la plus connue des explorations est sans conteste le voyage que Christophe Colomb entreprit en 1492. Impressionnant à la foi par la longueur de la traversée et l’audace du projet, il tire sa singularité de la surprise qu’il réservait : la découverte des Amériques. Les expéditions des Portugais autour de l’Afrique n’étaient que des reconnaissances, poussées le long de terres existant sur les cartes quoique figurées avec de grossières erreurs.

Sur les régions situées au-delà de l’horizon vers l’ouest, on ne possédait que quelques vagues renseignements, relatifs à des îles et des territoires mythiques.

Diverses cartes du quinzième siècle avancent l’existence d’Antilia, une grande île de l’Atlantique située loin à l’ouest du Portugal. À la latitude de Lisbonne. Une carte, découverte très récemment, et qui est l’objet de nombreuses controverses, porte une autre île baptisée Vinlanda et s’étendant des parages du Labrador aux environs du Massachussetts. En fait, les Européens ne connaissaient vraiment que Madère et les Açores découvertes au milieu du quatorzième siècle et le groupe des îles Canaries, reconnu en 1402. À l’époque de Colomb, la croyance en l’Atlantide demeurait très répandue. Le navigateur poussant vers l’Ouest rencontrerait, pensait-on, ces îles Fortunées, fief d’une civilisation évanouie, dont Platon avait fait mention et à laquelle les écrits des géographes du moyen-âge assuraient une survivance.

Le folklore irlandais abondait en illusions aux îles de l’Atlantide : l’île de Saint-Brendan, la Terre de Jouvence, la Terre de Femme Blonde, l’île de Pleureuse et celle de l’Enfer.

Christophe Colomb. Le portrait de Christophe Colomb, le plus ressemblant que l’on connaisse, traduit son air pensif. Exécuté en 1525, cette œuvre est la copie d’un portrait réalisé antérieurement par un peintre inconnu ; l’original n’a jamais été retrouvé. Portrait à l’huile sur bois, attribué à Ridolfo del Ghirlandaio, vers 1525, Museo civico-navale de Genove-Pegli (Aldo Durazzi).
Christophe Colomb. Le portrait de Christophe Colomb, le plus ressemblant que l’on connaisse, traduit son air pensif. Exécuté en 1525, cette œuvre est la copie d’un portrait réalisé antérieurement par un peintre inconnu ; l’original n’a jamais été retrouvé. Portrait à l’huile sur bois, attribué à Ridolfo del Ghirlandaio, vers 1525, Museo civico-navale de Genove-Pegli (Aldo Durazzi).

Voyage vers le Cap de la Bonne-Espérance

Cao venait d’explorer la côte centre la pointe Sainte-Catherine et le Cap Cross sur une longueur de 1500 milles, mais la direction du littoral demeurait orientée vers le sud. Nullement découragé, Jean II expédia en 1787 Bartolomeu Dias (qui n’a aucun rapport avec Dinis Dias) à la tête de trois navires : il avait mission de contourner l’Afrique et, si possible, d’entrer en contact avec le Prêtre Jean.

Les perspectives étaient redoutables, mais, à l’époque, la terrible zone des tropiques avait été traversée à maintes reprises et l’on savait que, grâce à leurs armures et à leurs armes à feu, les Européens étaient en mesure d’exiger des vivres frais de n’importe quelle tribu indigène, même hostile. Les Portugais inspiraient un tel respect qui, si l’on croit un récit de l’époque, un chef indigène défit son rival en ordonnant à ses hommes « de se blanchir le visage avec l’argile … en les déguisant de toutes les façons possibles pour qu’ils puissent être plus facilement pris pour des chrétiens ». À leur vue, l’ennemi prit la fuite « et ce résultat fut salué par de grandes réjouissances ».

Comme toutes les expéditions portugaises, celle de Dias fut préparée dans le plus grand secret. Seuls quelques détails du voyage nous sont connus, mais, par ses résultats, comme par les promesses qu’elle apportait, cette expédition surpassa de beaucoup celles qui l’avaient précédée. Arrivé à la latitude de l’actuelle Lüdernitz, soit à 520 milles nautiques au nord-ouest du cap de Bonne-Espérance, Dias fut déporté loin de la côte par de violentes tempêtes.

Le Soleil et les étoiles ont guidé les explorateurs portugais.

Le mauvais temps un peu apaisé, il trouva refuge dans la baie de Mossel, sans se rendre compte qu’il venait de doubler le Cap de Bonne-Espérance. Il poursuivit sa route et longea le littoral en direction du nord-est, jusqu’à l’embouchure du Rio-du-Infante, située près de l’actuelle ville de Port-Alfred.

En ce moment, il était sûr d’avoir doublé l’extrémité sud d’Afrique, mais ses équipages en avaient assez. On ne croyait plus depuis beau temps à ces sinistres périls, mais les matelots n’en étaient pas pour autant à l’abri de la panique. Forcé par ses hommes à faire demi-tour alors qu’il atteignait l’océan Indien, Dias eut quand même la satisfaction d’apercevoir le large promontoire, qu’il avait contourné sans le savoir et qu’il baptisa Cap des Tempêtes. Le roi Jean, au récit de l’expédition, le rebaptisa Cap de la Bonne-Espérance.

Perspicacité et indulgence indiennes

De tous les pays découverts par les Européens, les Indes furent sans doute celui qui se laissa le moins impressionner par l’assaut. Accoutumé depuis des siècles à subir des invasions ou à recevoir des visiteurs, qui franchissaient les passes de l’Himalaya ou traversaient la mer d’Oman, ces habitants possédaient une tradition religieuse leur permettant d’accepter le monothéisme suggéré par les missionnaires qu’en fût sa forme.

En 1578, Akbar, l’empereur mongol, permit que ce tînt à sa cour un colloque, rassemblant des prêtres parsis, des ascètes jaïnistes, des sages indus et des musulmans relevant des doctrines orthodoxes ; les Jésuites qui débarquèrent avec les explorateurs furent tout simplement accueillis avec bienveillance. Les artistes de l’Indes adoptèrent une attitude similaire. Si, initialement, les étrangetés de vêtements de nouveaux venus et un certain maniérisme, consistant, par exemple, à tenir un mouchoir à la main, accaparèrent leur attention, par la suite ils réalisèrent des portraits des Portugais et des Anglais, dont les peintres européens auraient pu envier la facture.

Ce couvre-lit du 17e siècle produit à Golconde (au centre des Indes), représente des Européens assistant à un banc ; acclimatés, ils ont presque des allures des Orientaux ; leurs vêtements rappellent par leurs plies ceux des pays. À mesure que les Occidentaux envahissaient les artistes indigènes se désintéressaient de leurs apparences.

Voir aussi :

Un colon anglais fume un narguillé ; il prend ses aises savoure la mollesse de coussin orientaux ; trois serveurs l’entourent. L’autre a sans doute pris pour modèle l’Écossais William Fullerton, chirurgien de la Compagnie des Indes. Image libre de droits.
Un colon anglais fume un narguillé ; il prend ses aises savoure la mollesse de coussin orientaux ; trois serveurs l’entourent. L’autre a sans doute pris pour modèle l’Écossais William Fullerton, chirurgien de la Compagnie des Indes. Image libre de droit.
Élégant voyageur traverse d’un vigoureux pas un paysage indien. L’empereur fréquentait les gens de qualité de n’importe quelle origine et s’intéressait aux Occidentaux.
Élégant voyageur traverse d’un vigoureux pas un paysage indien. L’empereur fréquentait les gens de qualité de n’importe quelle origine et s’intéressait aux Occidentaux.

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