Les grands enjeux des eaux

Les grands enjeux des eaux du Québec

Dès l’arrivée de l’homme sur le bout de planète connu aujourd’hui comme Québec, et plus précisément depuis la colonisation de l’Amérique par l’Europe, les rivières y ont subi des modifications considérables.

Parcours, dénivellations, débit, intégrité végétale des rives, biodiversité des écosystèmes, elles ont perdu dans l’aventure, du moins la plupart d’entre elles, leur identité et beaucoup de leur charme, parfois si complètement que nos ancêtres auraient peine à les reconnaître.

En flagrant délit

Durant la seconde moitié du siècle dernier, l’évolution des pratiques sociales a modifié le rapport que nous entretenons avec les rivières et le milieu aquatique en général. L’industrialisation et l’urbanisation ont connu un formidable essor, tandis que l’agriculture, propulsée par la modernisation des équipements et l’intensification des procédés, y a trouvé un nouveau souffle. Cette expansion humaine et ces progrès techniques ne furent pas sans effet sur les lacs et les cours d’eau dont l’équilibre biologique s’accomoda plutôt mal du flux de pertubations aussi nombreuses que choquantes. Un barrage, par exemple, modifie de façon draconienne le régime hydrologique d’un cours d’eau.

Que l’on pense seulement à la quantité de matière organique provenant des industries textiles, pétrolières, chimiques, papetières et forestières. Ajoutons-y l’apport excessif d’éléments nutritifs, comme l’azote et le phosphore, surtout entretenu par les rejets agroalimentaires, el lessivage des fertilisants agricoles, les rejets d’élevage et les égouts domestiques.

Considérons aussi l’érosion riveraine et la dégradation des berges attribuables à l’exploitation forestière ou agricole, à la coupe du bois et à l’habitude de plusieurs producteurs de labourer près des rives, aux modifications improvisées au régime hydrologique de certains cours d’eau par les barrages et autres ouvrages de retenue. Rien n’empêchait non plus les effluents industriels et urbains de vomir des cocktails indigestes, solvants, savons, hydrocarbures, huiles usées, métaux et autres substances toxiques. Les autorités du monde agricole et forestier se sont empressées de saupoudrer le tout de pesticide efficaces. Dépistons enfin, pour boucler le compte les apports sournois de bactéries fécales et autres microorganismes issus des rejets urbains non traités et des eaux de lessivage des sites d’enfouissement qui continuent de proliférer depuis tant de belles années.

Même en toute bonne foi et pour des raisons que l’on jugeait acceptables, on modifie inconsidérément le bord des plans d’eau par des empiétements, des endiguements, des assèchements, des enrochements, le remblayages et le bétonnage des rives, au rythme d’innovation agricoles, urbaines, touristiques, routières, de villégiature ou autres. Il s’agit essentiellement de dommages durement infligés aux écosystèmes riverains.

De fait, la destruction des zones riveraines constitue l’une des atteintes les plus sérieuses et les plus fréquentes à l’environnement aquatique. L’impact, généralement très mal connu ou peu compris, sera balayé du revers de la main au profit de l’esthétisme ou du confort. L’enjeu mérite pourtant réflexion, le rivage faisant partie intégrante de l’écosystème aquatique. L’activité humaine qui agit sur la qualité et la productivité de l’eau affecte dans une bonne mesure la vitalité et la composition végétale de la bande riveraine. Isolés ou répétés, les dégâts infligés causent la perte de composantes indispensables aux habitats et au maintien de leur équilibre. Ils provoquent la raréfaction ou la disparition à court terme des espèces fauniques associées, soudainement privées de leur milieu de vie, et un appauvrissement graduel dont les utilisateurs du plan d’eau ou leurs descendants les premiers à souffrir.

Parmi les autres sources insidieuses de perturbation figurent les contaminants atmosphériques, émis principalement par les industries et les véhicules automobiles, éléments aisément transportables sur de grandes distances. Ils s’attaquent à la vie aquatique en acidifiant les plans d’eau et en solubilisant des métaux toxiques. On sait déjà que les précipitations acides sont responsables de graves dommages infligés à un grand nombre de lacs, dont la disparition de nombreuses populations de poissons et d’autres animaux aquatiques. À moindre échelle, l’exploitation minière entraîne une détérioration des plans d’eau par les ruissellements acides en provenance des aires d’entreposage.

Des plans d’assainissement furent mis de l’avant au cours des dernières décennies, par exemple la structuration des réseaux d’égouts qui traite en et les rejets des municipalités et des industries. Après des lustres de labeur et l’injection de milliards de dollars des fonds publics, la proportion de la population desservie par ces réseaux de traitement des eaux usées est passée de moins de 2% en 1980 à plus de 95 %. Il était temps! Bien sûr, la situation s’est améliorée sur ce plan, mais que de défis à relever encore face à la contamination directe par les rejets domestiques!

Et même si l’assainissement des eaux de procédé industriel a connu une amélioration notable dans une bonne portion des secteurs, il faudra insister, suivre l’exemple de l’industrie des pâtes et papiers qui fait l’objet d’une réglementation rigoureuse depuis le début des années 1980. Les rejets de ces usines ont fortement diminué à la suite de la mise en place d’installations de traitement secondaire des eaux usées réduit encore davantage les charges polluantes rejetées par les papetières dans les écosystèmes aquatiques.

Voir aussi :

Navette
Une navette traversant le fleuve. Photo d’Histoire du Québec.ca.

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