Churchill, King et Lapointe parlent de l’emprunt

MM. Churchill, King et Lapointe inaugurent la campagne de l’emprunt

Ottawa. – Ils prennent part à un programme radiophonique international – Le premier ministre de Grande-Bretagne, parlant de 10 Downing, se dit assuré du succès de l’emprunt – Discours de MM. King et Lapointe aux Britanniques.

Ottawa, 1er juin 1941. – M. Winston Churchill, premier ministre de Grande-Bretagne, M. Mackenzie King, premier ministre du Canada, et M. Ernest Lapointe, ministre de la justice dans le cabinet canadien ont pris part, ce soir, à un programme radiophonique international à l’occasionn de l’ouverture de la campagne de l’emprunt de la victoire au Canada. Cette campagne s’ouvre demain.

M. Churchill se déclara assuré du succès de la campagne. Le premier ministre de la Grande-Bretagne parla en français et en anglais de la résidence des premiers ministres anglais, 10, Downing.

De son côté, le premier ministre du Canada déclara aux Britanniques : Cet emprunt signifie que nous sommes prêts dès cette année et que nous sommes prêts dès cette année et que nous serons prêts jusqu’à la fin de la guerre à accomplir tout ce que nous pourrons pour assurer la victoire.

Parlant au nom du Canada français, M. Lapointe déclara : Nous sommes en guerre, nous devons travailler, lutter, triompher ou périr ensemble.

Les trois hommes d’États furent entendus sur le réseau national. Quelques minutes plus tôt, M. Ilsley avait fait une déclaration au sujet de la campagne.

Le très honorable M. King

« Le public canadien sera invité à souscrire demain à l’emprunt d’État le plus considérable qui se soit jamais vu dans le Dominion, commence le premier ministre du Canada. En lançant cet emprunt, j’ai l’honneur d’apporter au peuple de Grande-Bretagne un message de la part du Canada.

La nouvelle émission s’intitule l’emprunt de la victoire 1941. Cela ne veut pas dire que nous comptons remporter la victoire cette année, mais plutôt que nous sommes résolus, d’ici la fin de la guerre, de ne négliger aucun effort qui puisse contribuer à notre triomphe définitif.

Le flambeau de la victoire est le symbole de notre appel au patriotisme de la nation toute entière. Ce flambeau sera transporté par avion de ville en ville, à partir de Victoria sur la côte du Pacifique jusqu’à Halifax sur le littoral de l’Atlantique, une distance de quatre mille milles. De là, il sera expédié outre-mer jusqu’à Londres, où, nous l’espèrons, ce flambeau sera présenté à votre premier ministre comme gage de la volonté de vaincre du peuple canadien, de sa ferme résolution de partager votre pénible fardeau jusqu’à la victoire.

Au Canada, nous sommes vivement émus du sort cruel qui vous a été imposé. Nous sommes profondément attristés de la perte de vos foyers et de vos êtres chers. Vos misères et vos souffrances qui ont si fortement excité notre sympathie, et l’admiration que nous inspire votre courage à toute épreuve, ont resserré encore davantage les liens qui nous unissent à vous.

Nous savons l’agonie du suprême sacrifice. Nous savons aussi combien l’éloignement accroit l’anxiété et la douleur. Nous avons été frappés d’horreur en apprenant les attaques brutales dont ont été l’objet vos petits enfants, vos citoyens vaquant à leurs occupations quotidiennes, vos malades, vos vieillards et vos infirmes.

Nous savons également quelque chose de la valeur que prennent pour l’homme, au cours d’une longue association, les objets matériels. À nos yeux, les édifices du Parlement, l’abbaye de Westminster, la cathédrale Saint-Paul, tous les monuments historiques d’Angleterre, ses églises et ses demeures, font partie de notre héritage commun en tant que membres du Commonwealth britannique. Leur destruction barbare n’a fait qu’affermir notre volonté de défendre l’héritage spirituel que symbolisent vos vieux édifices.

Mais par-dessus tout, c’est votre bravoure qui nous inspire, votre indomptable courage, votre volonté de combattre jusqu’au bout, afin que le pavillon d’un peuple libre continue de flotter sur la citadelle des libertés du monde.

Laissez-moi vous dire aussi de quel précieux réconfort nous a été l’exemple du Roi George et de la Reine Elizabeth. Durant leur visite au Canada, Leurs Majestés ont conquis tous les cœurs, et nous nous rappelons toujours avec joie les événements qui ont marqué leur visite au pays canadien. À l’amour que nous inspirait leur présence, vient maintenant s’ajouter la plus vive admiration pour la noblesse d’âme qu’on manifestée nos souverains, en partageant avec un courage tranquille et au milieu de terribles scènes de destruction, les douleurs et les épreuves de leur peuple. Ici comme en Grande-Bretagne, Dieu sauve le roi est devenu la prière commune.

Riches ou pauvres, grands ou petits, vous nous paraissez tous doués de la même fermeté, de la même force d’âme. Est-il alors étonnant que ceux d’entre nous qui sont de descendance britannique, soient de plus en plus fiers de la race dont ils not issus?

Et cela m’amène à vous dire pourquoi nous qui habitons le Canada partageons si complètement vos vues, pourquoi nous sommes résolus à tout afin d’assurer la victoire.

Bien que nous ne soyons pas tous issus de la même race, un commun amour de la liberté nous unit profondément. Il n’y aucune division de loyauté au Canada. Loyauté à la patrie, loyauté à la cause britannique, loyauté à la cause de la civilisation humaine, sont devenus pour nous synonymes…

… Compatriotes canadiens, le Commowealth des nations britanniques se trouve maintenant en première ligne dans le combat commun que les hommes libres soutiennent contre la plus grande force qui ait jamais menacé la civilisation. Sa cause est celle de l’humanité. Montrons-nous dignes de notre grande mission, gardons la tête haute et le sourire aux lèvres, et je vous donne ma parole que notre pays sortira victorieux de cette lutte.

Il y aura toujours une Angleterre, il y aura toujours un Canada !

(Texte de l’allocution publié dans le Journal Le Canada, lundi 2 juin 1941).

Lire aussi :

d
À nos morts glorieux. Monument aux soldats tombés dans les guerres, en face de l’ancien Hôtel-de-ville de Toronto, en Ontario. Crédit photo : Histoire-du-Quebec.ca.

Laisser un commentaire