Émigration (immigration au Canada) et Typhus au milieu du XIXe siècle
Émigration au Canada : D’après Camille Bertrand, texte publié dans son livre « Histoire du Canada », en 1942.
De 1830 à 1850, il se fit une émigration intense des Îles Britanniques, surtout de l’Irlande. Malheureusement, les vaisseaux de transports, nolisés par des compagnies d’émigration, n’offraient pas toujours toutes les conditions d’hygiène, nécessaires pour les longues traversées de l’Atlantique. Au témoignage des gouverneurs eux-mêmes les émigrés adultes étaient seuls portés sur les listes du bord, à l’exclusion des enfants. Il arrivait ainsi que les vaisseaux contenaient souvent le double des passagers qu’ils étaient autorisés à transporter. Les pauvres émigrés arrivaient au pays dans des conditions de santé déplorables.
En 1847, le typhus se propagea à bord de quelques navires; et c’est affectés par la terrible maladie que les colons irlandais débarquèrent à Montréal. Pour empêcher la contagion de se répandre en ville, on éleva à la hâte, à la Pointe-St-Charles, d’immenses hangars, où ces malheureux furent soignés par nos religieuses et nos prêtres canadiens. Dix ecclésiastiques et douze sœurs furent victimes de leur beau dévouement.
On estime à plus de 3,860 le nombre des décès parmi la colonie irlandaise nouvellement débarquée. Les disparus laissaient à la charité publique un grand nombre d’orphelins qui furent, pour la plupart, reçus et adoptés par des familles canadiennes. Telle fut l’origine de beaucoup de familles, aujourd’hui canadiennes-françaises, portant des noms anglais ou irlandais.
*
On inhuma toutes les victimes de ce fléau au lieu même de leur mort, sur les rives de la Pointe-St-Charles.
Vers 1857, des ouvriers, employés à la construction du pont Victoria, roulèrent sur l’emplacement un immense bloc de pierre, sur lequel ils gravèrent une inscription, qui rappelle le souvenir de cette lamentable hécatombe.
En 1849, une épidémie de choléra, également occasionnée par la mauvaise émigration des Iles anglaises, éclata à Montréal. Elle fit en quelques jours 500 victimes dans notre seule ville. Cinq ans plus tard, toujours amené par la même cause, le fléau enleva à notre population près de 1,200 personnes.
Dans l’espace de vingt-deux ans, soit de 1832 à 1854, le choléra et le typhus, uniquement dus aux mauvaises conditions du transport des émigrés, avaient amené la mort de 8,340 personnes. Dont 4,480 étaient des citoyens de Montréal et 3,860 de nouveaux émigrants. es deux épidémies ont terriblement éprouvé notre ville, on le voit. Les deux épidémies étaient par ailleurs d’importation étrangère. On peut se faire une idée des ravages causés par ces fléaux d’après le tableau suivant.
En 1832, il y eut 1,885 décès, soit une personne sur 18. Deux années plus tard, en 1834, il y a eu 913, soit une personne sur 35.
En 1847, il y a eu 3,860 émigrants. En 1849, 496, en 1854, 1,186.