La famille Price au Québec
D’origine galloise, la famille Price est bien ancrée dans l’histoire du Québec, notamment dans celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la région de Chaudière-Appalaches et de la ville de Québec. Les quatre premières générations de cette famille ont concentré leurs activités dans l’industrie forestière et c’il y a y a une famille qui a marqué le développement économique de ces régions au XIX et XXe siècles, c’est celle des Price.
C’est la famille Price qui a réussi à constituer et maintenir pendant de longues décennies un monopole économique dans de vastes régions du Québec.
Fondateur de l’empire
William Price, le fondateur de l’Empire Price, naît en 1789. Sa famille ne pouvant pas lui payer des études, il entre, à l’âge de 14 ans, à l’emploi d’un important commerçant de Londres. En 1809, William Price, alors âgé de 20 ans, arrive à Québec, chargé par son employeurs de parcourir les forêts pour trouver de grands arbres qui serviront ensuite à la fabrication de bateaux à l’époque de la construction navale, une industrie vitale pour l’Empire britannique engagé dans la lutte contre Napoléon.
En 1820, après une dizaine d’années à l’emploi des marchands de bois, Price décide de démarrer sa propre compagnie qui se spécialisera dans l’exportation de bois vers l’Angleterre.
Trois générations de la famille Price
Entre 1833 et 1924, trois générations de Price développeront l’industrie forestière à Montmagny, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-du-Sud. Ce fut l’industrie la plus florissante à l’époque, employant des centaines de travailleurs. C’est en partie aux entreprises des Price que l’on doit le développement de certaines municipalités au sud de Montmagny.
William Price achète des pins et des chênes, qui descendent chaque printemps en flottant sur les rivières du Haut-Canada et des seigneuries en amont de Québec. Les troncs sont ensuite envoyés vers l’Angleterre. Financier très intelligent, il consent souvent des avances d’argent à ses clients et il s’assure ainsi d’avoir le contrôle sur le commerce du bois un peu partout au Québec.
En 1833, à Montmagny, le seigneur Jean-Baptiste Couillard Dupuy loue son moulin à scie au premier entrepreneur de la dynastie Price, William Price, propriétaire de plusieurs terres boisées le long de la rivière du Sud, ainsi que de nombreux lots situés plus au sud.
Siège social dans le Saguenay
Il établit son siège social dans la région du Saguenay, un immense territoire inexploité où il y a beaucoup de forêts et il attire un grand nombre de colons qui travaillent pour les entreprises de Price qui contribue ainsi au développement de l’industrie forestière du Canada. Plus tard, il déménage à Québec où il établit son nouveau siège des affaires. Dès 1856, Price possède 1 672 milles carrés en concessions forestières au Québec.
Les concurrents, les Price les intègrent ou les éliminent. À Montmagny, Price ouvre un canal supplémentaire entre le bras Saint-Nicolas et la rivière du Sud afin d’améliorer le transport des billots. La scierie des frères Price devient le deuxième plus important employeur dans toute la région.
Une entreprise Price, c’est un complexe qui jouit d’une grande autonomie. En plus de contrôler l’industrie du bois, le propriétaire garde la main haute sur le commerce par la mise en place de ses magasins où le travailleur doit s’approvisionner avec une monnaie de « piton ». Cette économie fermée constitue la base du monopole.
Mort de William Price
William Price est mort en 1867, mais à son décès ses fils William Evan et David Edward prennent la relève et poursuivent l’expansion de la scierie de son père.. Ils développent les manufacturiers de bois de sciage, fondées par leur père. Dès 1901, ils font construire des usines de pâte et papier qui sont en opérations jusqu’à nos jours.
David Price se fait élire député des comtés unis de Chicoutimi et Tadoussac entre 1855 et 1857 et de Chicoutimi et Saguenay de 1858 à 1864. William Evan est élu député libéral conservateur au fédéral entre 1872 et 1874.
En 1872-1873, les frères Price deviennent les plus grands propriétaires de concessions à l’échelle provinciale avec 3 982 milles carrés. Une dizaine d’années plus tard 1890, la famille continue de raffermir son emprise sur la forêt avec des concessions. Elles totalisent une surface de 5 381 milles carrés. En 1907, les Price restent le plus grand possesseur de droits forestiers au Québec avec 6 894 milles carrés.
Troisième frère
Déjà en 1891, le troisième frère, Evan-John prend alors les reins dans ces mains. Il fait construire une scierie à vapeur afin d’augmenter la capacité de production. Selon l’historien Yves Hébert, en 1893, l’entreprise des Price comptait 350 travailleurs et possédait une flotte de 20 navires.
Après le décès d’Evan-John Price, son neveu William Price III hérite de l’entreprise. Homme d’affaires visionnaire, il crée la Montmagny Light and Pulp Company. C’est une usine de pâte à papier. On la doublera d’une installation hydro-électrique, en 1901. Peu rentable, cette compagnie a dû fermer ses portes en 1906. Pourtant en 1908, il fonde la Basin Electric Light and Power Limited. Cette compagnie assure l’énergie nécessaire aux 78 lampes de rue de la ville de Montmagny.
En 1912, après un incendie survenu dans les installations de Cap-Saint-Ignace, William Price III fit construire un nouveau moulin à Montmagny, lequel sera aussi la proie des flammes en 1920.
La compagnie des Price décline par la suite jusqu’à sa fermeture en 1938, emportée par la grande dépression qui s’abat sur l’Amérique du Nord en 1929.
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