Raid de Dieppe

Raid de Dieppe (19 août 1942)

Le 19 août 1942 a lieu l’opération Jubilée: les soldats des Fusiliers Mont-Royal, sous le commandement du lieutenant-colonel Dollard Ménard, débarquent à Dieppe, sur les côtes de la Manche, en Haute-Normandie.

Les pertes consécutives au débarquement sont énormes pour les Canadiens. Près de 1000 combattants ont été tués, et deux mille furent capturés par l’ennemi.

Les Canadiens formaient la principale force d’assaut, tandis que les Anglais, les Américains, les Polonais, les Tchèques et les Norvégiens composaient les forces d’appui qui devaient entrer en action après la première étape.

Voici le témoignage de l’un des officiers présent à Dieppe: «Nous nous sommes effondrés au bout de 25 verges sur la côte française, devant un obstacle de fil barbelé. Les balles sifflaient de partout. Les Allemands lancèrent une attaque au mortier. Autour de moi, les soldats mourraient et leurs corps s’empilaient les uns sur les autres».

Dollard Ménard a décrit ses premières minutes sur la plage de la façon suivante: «En mettant le pied sur la plage, j’ai aperçu une poignée de soldats étendus sur le sol, la tête tournée vers les parapets, comme s’ils attendaient l’ordre de bouger.

Effectivement, je voulais qu’ils passent à l’action, mais ils ne bougeaient pas. Alors j’ai rampé jusqu’à l’un d’eux, je l’ai secoué, lui ai parlé, mais il ne répondait pas. Il était mort. J’ai recommencé avec quelques autres, en vain. Ils étaient tous morts.»

Les soldats canadiens devaient débarrasser la plage des nids de mitrailleuses allemandes et pénétrer dans la ville. Des rochers escarpés se trouvaient à droite et à gauche de la ville, avec une plage de galets au centre.

Ils débarquèrent dans l’eau à plusieurs verges du bord. Les éclats de mortier leur tombaient dessus. Au moment de débarquer, des centaines de Canadiens étaient déjà morts ou blessés.

Il n’y avait aucun abri pour se protéger du feu ennemi. On ne pouvait pas creuser dans les galets. Il n’y avait vraiment aucun moyen de se mettre à couvert. Ils étaient sous le feu croisé des Allemands. Mais l’avance devait continuer et les dernières cinquante verges avant le rivage furent les pires.

Ménard fut atteint par une première balle quand il a sauté à terre et donné l’ordre d’ouvrir les passages à travers les barbelés. Il est tombé, s’est relevé, mais fut blessé une seconde fois, à la joue droite.

Malgré le feu nourri de l’ennemi, les soldats réussirent à pénétrer dans le casino et dans les rues avoisinantes, mais ils ne pouvaient rien faire sans l’appui des chars ou de l’artillerie.

En une heure, les Canadiens ont pris le contrôle de la plage. Mais il y avait encore quelques francs-tireurs ennemis, et Dollard Ménard fut blessé à la jambe droite. La quatrième et la cinquième balles le clouèrent au sol définitivement. Ménard a été ramassé par ses hommes et traîné jusqu’à une barge. À bord de cette barge, ils furent attaqués par des bombardiers.

20 officiers et 484 hommes du régiment des Fusiliers Mont-Royal sont restés sur les plages. Seulement 125 combattants de ce régiment sont revenus.

Au Québec, le 2 septembre 1942, l’Église et l’État rendaient les derniers hommages aux héros de Dieppe tombés au champ d’honneur. Le premier ministre du Québec et le maire de Montréal se sont rendus à l’Église Notre-Dame de Montréal et ont prié pour les morts au combat et pour le retour des prisonniers. Dans le sermon prononcé par le curé de l’église, l’abbé Dubeau déclara : «Pour défendre sa cause sacrée, ils ont renoncé à tout ce que la vie pouvait leur offrir de plus attrayant et ils ont marché sans défaillance dans le chemin du devoir jusqu’au lieu de l’immolation.» Une foule de plus de dix mille montréalais a rendu un dernier hommage aux morts et a exprimé le souhait d’un prompt retour pour ceux qui durent finalement passer trois années dans les prisons allemandes.

Ce jour, le 19 août 1942, les forces alliées ont perdu le plus grand nombre d’avions abattus par l’ennemi en une seule journée, et plus d’une dizaine de navires ont été coulés.

On dit souvent de «l’échec de Dieppe», que cette opération controversée était une action suicidaire. Pourtant, le haut-commandement allié en a tiré de nombreux enseignements. Sans Dieppe, le Grand Débarquement du 6 juin 1944 n’aurait pas été possible. De plus, cette opération a aidé les soviétiques au moment de l’offensive allemande sur Stalingrad, car le Haut-Commandement Allemand, ayant appris la nouvelle du débarquement de Dieppe, a arrêté pour deux jours l’envoi de renforts aux armées qui attaquaient Stalingrad.

Un fait historique: ce jour-là, c’est un ranger américain qui était attaché au Régiment Fusiliers Mont-Royal qui abat le premier soldat Allemand tué par les forces américaines lors de ce conflit.

Le général Dollard Ménard a poursuivi sa carrière militaire sur plusieurs champs d’opérations. En 1958, c’est lui qui décrète que la langue française sera dorénavant la langue de commandement pour toutes les unités francophones sous sa direction.

Voir aussi :

raid de dieppe
Peinture par le Dr. Charles Fraser, Le raid de Dieppe, 1946.

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