La deuxième conscription au Canada
La Seconde guerre mondiale éclate le 1er septembre 1939. La France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. Ernest Lapointe, ministre fédéral de la Justice et leader du groupe québécois aux Communes, lance, le 9 septembre 1939 : « Dieu bénisse le Canada. Qu’Il donne aux Canadiens le droit de décider où se trouve leur devoir. Oui, Dieu bénisse le Canada. God Save the King! God Save the Queen! » Le Canada, pour la première fois de son histoire, décide de son entrée en guerre.
Promesse
En 1941, 125 000 Canadiens combattent en Europe et en Asie, nous dit Jean Provancher dans Chronologie du Québec. Et tous ces soldats sont des volontaires. Le premier ministre fédéral Mackenzie King et Ernest Lapointe, son bras droit au Québec, ont promis que jamais plus il n’y aurait de conscription. On se souvenait qu’une première conscription, à la guerre de 1914 – 1918, avait divisé les deux ethnies canadiennes et le Parti libéral avait forcé le premier ministre Borden à former un parti d’union. Cette conscription imposée par les conservateurs avait effacé leur parti de la carte politique du Québec.
Cependant, en 1842, la guerre s’intensifie outre-mer et on réclame plus de soldats. Le Parti conservateur, la presse anglophone et certains libéraux réclament la conscription immédiate. King est mal pris; il sait fort bien que pour se maintenir au pouvoir, il lut faut plaire à la majorité. Et cette majorité ay Canada est anglaise. Comment peut-il se sortir de cet imbroglio? Lui-même avait déclaré le 24 juin 1940 : « Le gouvernement que je dirige ne présentera pas de mesure de conscription des Canadiens pour lervice outre-mer. »
Il décide donc d’organiser un plébiscite. Les Canadiens devront répondre à cette question : « Consentez-vous à libérer le gouvernement de toute obligation résultant d’engagements antérieurs restreignant les méthodes de mobilisation pour le service militaire? »
Répercussions
Au Québec, s’engage alors un violent combat contre cette façon de se désengager. Depuis 1941, la Winnipeg Free Press, le Globe and Mail et l’Ottawa Citizen demandent de mettre le Québec au pas. Ils traitent les Canadiens français de lâches, de traîtres et de racistes. Ecœurés de ces attaques, des Québécois s’organisent. En 1942, Georges Pelletier, directeur du Devoir, Maxime Raymond, député de Beauharnois, J.B. Prince, André Laurendeau, Gérard Filion et Jean Drapeau mettent sur pied la Ligue pour la défense du Canada. Ils parcourent la province et demandent aux électeurs de répondre non à la question du fédéral.
Résultat
Le plébiscite se tient le 27 avril 1942. Résultats : 71% des Québécois disent non, 80% des autres Canadiens se prononcent pour le oui. Au Québec, on retrouve les oui dans les circonscriptions de l’ouest de l’île de Montréal. Le 23 juillet, le parlement fédéral révoque l’article 3 de la loi de mobilisation et peut maintenant imposer la conscription.
C’est ici que Camillien Houde, devenu maire de Montréal, entre en scène. Le magistrat s’oppose à l’enregistrement obligatoire et encourage ses concitoyens à faire de même. La Montreal Gazette crie à la trahison. Rapidement le maire est arrêté. Il passera quatre ans en prison.
En septembre 1942, Maxime Raymond fonde un parti politique, le Bloc populaire, dont André Laurendeau est le secrétaire général. Plusieurs hommes politiques d’expérience appuient ce parti, mais aussi deux nouvelle recrues qui feront longtemps jaser : Jean Drapeau et Michel Chartrand. Il s’agit d’un parti nationaliste, décidé à défendre les intérêts canadiens-français au sein du Canada. Malheureusement pour ces bloquistes, la maladie de Maxime Raymond et les dissensions internes empêchent leur parti de se démarquer.
Au cours de la Seconde guerre mondiale, 618 353 militaires seront envoyés outre-mer… plus de 41 000 seront tués, et 53 000 seront blessés ou portés disparus.
(Source : Marcel Tessier raconte, chroniques d’histoire, Éditions de l’homme, 2000. Tome 1).
Voir aussi :