Deux réponses glorieuses des Français
Réponses glorieuses des Français : Le 24 septembre 1710, une flotte nombreuse portant trois mille quatre cents soldats, sous les ordres du colonel Nicholson, entrait dans la rade de Port-Royal. La garnison ne comptait pas deux cents hommes. Il n’y avait donc pas moyen de résister.
Cependant, comme autrefois Frontenac sous qui il avait servi en 1690, il fit une belle réponse qui mérite d’être connue. À la sommation que lui fit Nicholson de se rendre, il répondit : « — Allez dire à votre général qu’il vienne lui-même chercher les clefs du fort ». Par trois fois, le feu de la place, repoussa l’armée assiégeante.
Ce ne fut qu’après dix-neuf jours d’un siège très violent que Subercase consentit à capituler. Nicholson, enthousiasmé de sa belle conduite, lui accorda des conditions très honorables. La garnison sortit en ordre de bataille, avec armes et bagages, tambours battants et couleurs au vent. « Les Anglais, dit encore M. l’abbé Casgrain, furent saisis d’étonnement en ne voyant défiler pour toute garnison que cent cinquante-six hommes, y compris les officiers, hâves et défaits, et vêtus de guenilles.
C’était le dernier jour de l’Acadie française mais il était glorieux, comme devait l’être celui de la Nouvelle-France, un demi siècle plus tard ». M. de Subercase s’embarqua pour la France avec ses officiers sur un vaisseau anglais et arriva à Nantes le 1 er décembre 1710.
(Bulletin, des Recherches Historiques, 1910.)
Daniel Auger de Subercase, malgré sa superbe défense, fut soupçonné, en France, « de trahison et il ne put jamais recouvrer la confiance publique. »
JE VAIS RÉPONDRE… PAR LA BOUCHE DE MES CANONS
Le 16 novembre 1690 parut devant Québec une flotte de 35 voiles, portant 2,000 hommes de débarquement. Dès qu’on eut jeté l’ancre le commandant de l’expédition, l’amiral Phipps, détacha un officier pour sommer la ville de se rendre. Cet officier fut reçu sur le rivage ; on lui banda les yeux, et avant de le conduire au château, on le promena longtemps autour de la place, comme si l’on eut circulé au travers de chausses trappes, de chevaux de frise et de retranchements.
Les troupes faisaient pendant ce temps un grand bruit avec les armes et les canons, pour augmenter la surprise du parlementaire, car les Anglais croyaient la ville désarmée, et hors d’état de se défendre. Aussi, lorsque le bandeau tomba de ses yeux, et qu’il se vit en présence du gouverneur, au milieu d’une salle remplie d’officiers, il resta confus et présenta sa sommation d’un air qui contrastait avec l’arrogance des termes qu’elle contenait.
Il se remit cependant bientôt, tira de sa poche une montre, et dit à M. de Frontenac, qu’il était dix heures et qu’il désirait qu’on le renvoyait à onze heures avec la réponse.
Phipps demandait que les habitants du Canada se livrassent à sa discrétion, et il ajoutait qu’en bon chrétien, il leur pardonnerait le passé.
Piqué du manque de convenance des termes de la sommation, le gouverneur répondit : « Allez, je vais répondre à votre maître par la bouche de mes canons, qu’il apprenne que ce n’est pas de la sorte qu’on fait sommer un homme comme moi ».
(Histoire du Canada. F. X. GARNEAU).
Louis de Buade, comte de Frontenac, né en 1620, mort en 1698, fut gouverneur général de la Nouvelle-France de 1672 à 1682 et de 1689 à 1698.