Toponyme de Denonville au Québec

Denonville, toponyme et son utilisation au Québec

Vers le milieu du XVIe siècle, Marie de Hémard léguait à son fils Pierre de Brisay, né en 1523, la seigneurie de Denonville, que perpétue la commune de ce nom, sise dans l’actuel département d’Eure-et-Loir, à une trentaine de kilomètres à l’est de Chartres ; le lieu tient son appellation du nom de personne germanique Danno et du mot ville. C’est là, dans le château de Denonville, que naquit Jacques-René de Brisay de Denonville, le 10 décembre 1637. Aîné de la famille, pouvant ainsi porter le titre de marquis de Denonville, Jacques-René entra jeune dans l’armée. Il y fit une brillante carrière et devint, en 1675, colonel des Dragons de la Reine puis, en 1683, général de brigade. L’année suivante, Louis XIV le nommait au poste de gouverneur général de la Nouvelle-France.

Denonville arriva à Québec le 1er août 1685, à une époque particulièrement difficile pour la colonie. Les Iroquois avaient repris leurs attaques contre les positions françaises et les Anglais devenaient de plus en plus belliqueux. De plus, l’alliance unissent les Français à plusieurs nations amérindiennes avait été mise à mal depuis que le prédécesseur de Denonville, Joseph-Antoine Le Febvre de La Barre, avait signé un humiliant traité en 1684, laissant les Illinois sans défense devant leur ennemi iroquois. Pendant les quatre ans et demi de son administration, Denonville chercha notamment à remédier à ces situations périlleuses. Ainsi, il mena à bien l’initiative du gouverneur de La Barre qui voulait que le Canada soit doté d’une armée permanente, entretenue par le roi ; aussi entreprit-il diverses expéditions militaires contre les Iroquois, au sud du lac Ontario, et contre les Anglais, dans la région de la baie d’Hudson.

Il prit également des mesures pour que le commerce des fourrures, base de l’économie canadienne, soit contrôlé plus efficacement par les autorités coloniales. Militaire plutôt lucide. Denonville considérait le Canada comme une maison délabrée qu’il valait mieux, si cela avait été possible, raser pour reconstruite à neuf. La colonie était, en effet, vulnérable de tous les côtés, sa population vivant trop éparpillée le long du Saint-Laurent pour être défendue adéquatement contre un éventuel agresseur. Rappelé en France en 1689, Denonville assuma, dans les années 1690, les fonctions de sous-gouverneur du duc d’Anjou, puis du duc de Berry, tous deux petits-fils de Louis XIV. Il s’occupa également de la restauration de son château de Denonville, dans lequel il rendit l’âme le 22 septembre 1710. En hommage à cet homme, qui prit à cœur d’organisation de la défense de la Nouvelle-France, ce qui lui valut une reconnaissance toponymique au Québec, dont le rôle en Amérique a peut-être été mésestimé comparativement à celui de son successeur, Louis de Buade, comte de Palluau et de Frontenac, on a baptisé de son nom, en 1861, un canton de la région du Bas-Saint-Laurent. Situé à environ 25 kilomètres au nord-est de la ville de Rivière-du-Loup, le canton de Denonville se voit baigné par quelques petites entités lacustres, dont le lac Bertrand et le lac à la Fourche, tout en étant traversé par des cours d’eau, comme la rivière Mariakèche, le lac Plainasse et le lac de la Famine.

Deux agglomérations, comparables par la population à la commune française de Denonville, s’étendant sur son territoire : Saint-Clément (environ 600 habitants). En plus du canton, Denonville désigne au Québec des voies de communication de plusieurs municipalités, notamment Baie-Comeau, Laval, Saint-Hyacinthe et Sainte-Foy. Le canton de Bégon, le canton de Hocquart et le canton de Raudot, voisins de celui de Denonville, honorent aussi le souvenir de trois autres administrateurs qui furent intendants de la Nouvelle-France au cours de la première moitié du XVIIIe siècle.

Canton de Denonville (proclamation : 1861)

Ce nom rappelle la mémoire de Jacques-René de Brisay, marquis de Denonville (1627-1710) dans le Poitou. Nommé en 1685 pour succéder à Joseph-Antoine Lefebvre de La Barre, Denonville, douzième gouverneur de la Nouvelle-France, fut choisi pour soumettre les Iroquois et racheter la paix honteuse que son prédécesseur avait dû signer avec eux en 1684, à l’anse de La Famine (sud du lac Ontario). Curieusement, il existe une rivière de la Famine dans le canton de Denonville. Au printemps de 1687, il organise donc une expédition punitive contre les Tsonnontouans dans la vallée de la rivière Genesee (sud du lac Ontario) ; il incendie des villages et brûle leurs récoltes.

C’est à la fin de son administration, à l’été de 1689, que le village de Lachine fut attaqué et en partie brûlé par les Iroquois, alliés de l’Angleterre contre la France, en mai 1689. Denonville fut rappelé cette année-là, bien que son remplacement ait été décidé avant le massacre de Lachine. Le nom de ce gouverneur identifie un canton situé à une dizaine de kilomètres au sud-est de L’Isle-Verte et limité partiellement, à l’est, par la rivière des Trois-Pistoles qui reçoit les eaux des rivières Mariakèche et Sénècoupé. Les deux principales agglomération sont Saint-Paul-de-la-Croix au nord-ouest et Saint-Clément au sud-est.

Voir aussi :

Fort ancien
Un fort ancien. Photographie de Megan Jorgensen.

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